“La naissance n’est rien où la vertu n’est pas”, nous dit Molière dans sa très célèbre pièce Don Juan. Et qui d’autre est plus parisien que cet auteur comique dont chaque français apprend les pièces au collège et au lycée ? Né à Paris, il vécut à Paris, pour mourir à Paris. Mais où, précisément ? On fait le topo.
Choisir son vocabulaire dans la langue de Molière
D’abord, un cours d’histoire et de français : mais qui était Jean-Baptiste Poquelin, alias Molière ? Fils de tapissiers du roi, études de droit ratées, il commence très tôt le théâtre. Et, dès ses 21 ans, il fonde avec quelques amis – dont la magnifique comédienne Madeleine Béjart – une troupe : l’Illustre Théâtre. Après une tournée en province, la troupe revient à Paris en 1658 et reçoit la protection du frère du roi, Philippe d’Orléans, dit Monsieur. Dès lors, ils se représentent devant le roi en personne, Louis XIV, et la prospérité commence pour Molière comme pour sa troupe. En tout, il écrit plus d’une trentaine de pièces, principalement des comédies et des “farces”, à l’exception d’une tragédie-ballet. Après une immense carrière en tant que dramaturge et acteur, il meurt à Paris en 1673, à l’âge 51 ans.
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On est né quelque part
Bon, tableau dressé, décor posé, on vous explique maintenant les deux légendes qui suivent Molière encore aujourd’hui. D’abord, sa maison de naissance, dans le 1er arrondissement de Paris, du côté des Halles. Lorsqu’on s’y promène, quelque chose nous frappe : Molière serait-il né deux fois ? Ou en tout cas, à deux lieux différents ? Car oui, il existe deux plaques indiquant son lieu de naissance, non loin l’une de l’autre. La première, située au numéro 31 de la rue du Pont Neuf – à l’angle avec la rue Saint-Honoré -, ornée d’un joli buste du dramaturge, porte l’inscription “J-B. Poquelin de Molière. Cette maison a été bâtie à l’emplacement de celle où il naquit l’an 1620.” L’autre, plus modeste, située au 96 rue Saint-Honoré, décrit “Cette maison a été construite sur l’emplacement de celle où est né Molière le 15 janvier 1622.”
Alors, laquelle est véridique ? Déjà, un indice nous est presque automatiquement donné : son année de naissance. Car oui, Molière est né en 1622 et non en 1620, comme l’affirme la première plaque ! La palme de la véracité revient donc à la seconde, au 96 rue Saint-Honoré. C’est bien ici, à cet emplacement précis, qu’existait jadis la maison des parents du célèbre dramaturge que l’on surnommait le “Pavillon des singes”. Mais alors, pourquoi une autre plaque existe-t-elle ? Eh bien, il ne faut pas se tordre les neurones pour comprendre. Il s’agit d’un propriétaire peu scrupuleux qui, en achetant l’édifice, a jugé bon de lui donner une plus-value en érigeant cette jolie mais fausse plaque – en y écrivant une mauvaise date de naissance ! La tuile.
Moi je veux mourir sur scène
Ensuite, à l’opposé de sa naissance, sa mort : est-ce que Molière est vraiment mort sur scène ? N’est pas Dalida qui le veut, cette idée le suit encore aujourd’hui dans l’imaginaire collectif. Mais il s’avère qu’il est en fait décédé à son domicile, au 40 rue de Richelieu. Alors, d’où vient cette légende ? Eh bien, des récits romancés qui ont suivi sa mort, tous indiquant qu’était perceptible, pour le public, une fluxion de poitrine si forte que Molière aurait dû la faire passer par un rire. Ainsi, il est mort quelques heures après la représentation du Malade Imaginaire, ce qui rend davantage son décès… théâtral.
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Photo à la Une : Buste de Molière © Gilmanshin / Shutterstock