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Petite histoire du ticket de métro parisien

Objet du quotidien de millions de Franciliens, le ticket de métro de Paris est né le 19 juillet 1900 avec l’inauguration de la première ligne de métro (l’actuelle ligne 1) ! Avant que l’ère de la dématérialisation ne le fasse disparaître de notre quotidien, voici les grandes évolutions du petit ticket cartonné… Parcourons le livre de Grégoire Thonnat, qui nous livre les secrets de ce petit bout de papier dans Petite histoire du ticket de métro parisien (Ed. Télémaque) !

Un ticket multifacettes !

Le ticket de métro c’est avant tout un titre de transport pratique qui joue un rôle économique. Il se vend aujourd’hui plus de 500 millions de tickets par an. Il a donc un rôle économique non négligeable, ce qui lui a permis aussi d’acquérir un statut politique : connaître ou pas son prix est une question piège des journalistes pour tout homme politique en campagne !

Pour les touristes qui visitent Paris, il est depuis longtemps une de ses petites icônes que l’on conserve précieusement comme témoignage de son passage dans la capitale. Dès son inauguration (le 19 juillet 1900 à 13h), la toute nouvelle Compagnie des Chemins de Fer métropolitain de Paris (la CMP) propose à ses voyageurs trois tarifs. Les tickets sont vendus, soit à l’unité (l’essentiel des ventes à l’époque), soit en carnet (en format vertical de 30 X 57 mn pour les billets à l’unité et format horizontal de 65 x 30 mm pour les billets de carnet). Chaque tarif bénéficie d’une couleur distincte : rose pour les premières classes vendues 20 centimes, crème pour les deuxièmes classes vendues 15 centimes, vert pour les allers et retours vendus 20 centimes.

Ticket de carnet 2ème classe- format : 60 x 30 mm – 1903

En 1910, parallèlement au développement de la CMP, une nouvelle société inaugure son propre réseau desservant un axe Nord-Sud (l’actuelle ligne 12 Maire D’Issy – Porte de la Chapelle et une partie de la ligne 13). Les billets gris Nord-Sud ont un système tarifaire identique à ceux de la CMP. Le Nord-Sud, faute de rentabilité, finira par être absorbé par la CMP en 1930. Après 19 ans de stabilité, le prix du ticket de métro connaît sa toute première augmentation de 5 centimes. Le réseau du métro compte alors déjà dix lignes.

En 1925, afin d’anticiper les augmentations régulières du ticket, un principe « d’alphabet tarifaire » est instauré. A partir de cette date, chaque changement du système tarifaire est matérialisé par une lettre : A, B, C, D, etc. Ce principe va durer jusqu’au début des années 1970.

métro de paris en 1925
Ticket de carnet de tarif A de 1 ère classe- 1925

Sous la pression des associations d’anciens combattants de la Grande Guerre, la CMP crée une tarification spéciale « Mutilé de guerre » à l’occasion du passage au tarif D. Le ticket de première est alors à 1,15 francs et à 70 centimes pour celui de seconde. Les mutilés ne paieront leur ticket que 60 centimes.

Le seuil symbolique de 1 franc (ancien !) pour le ticket de deuxième classe est atteint en 1937 lors du passage au tarif F et année de l’Exposition universelle. En 1939, pour le prix d’un ticket vous aviez alors accès à un réseau comptant 14 lignes et représentant 160 kilomètres de voies. Les restrictions imposées pendant l’Occupation s’appliquent également au ticket de métro. Afin de réduire les volumes de papier nécessaire à sa fabrication, on fait disparaître les carnets de 10 tickets au profit de carnets de 5 , chacun « valable pour deux 2 voyages ».

En 1941, le trafic dépasse le chiffre du milliard de voyageurs transportés ! La disparition quasi totale des voitures particulières et du réseau de bus sont les raisons essentielles de cette forte augmentation. En août 1941, les billets aller retour sont supprimés au profit de la « carte hebdomadaire de travail », valable pour 12 voyages dont le prix est alors fixé à 10 francs. Le métro connaît sa période noire. Il ne faut pas oublier que, même sur le réseau parisien, le statut des juifs promulgué par le régime de Vichy trouve son application : interdiction aux juifs d’acheter un ticket de première classe et obligation de ne monter que dans la dernière voiture.

ticket de métro paris 1941 paris avant

Carte hebdomadaire de travail – 1941

En 1946, le réseau transporte 1,5 milliard de voyageurs, chiffre record, à ce jour jamais égalé. Conséquence de ce pic de fréquentation, pour gagner de la place dans les voitures : on supprime la première classe qui sera rétablie deux ans plus tard. En 1947, le prix du ticket tarif M en classe unique est de 5 francs. En 1948 intervient une évolution notable en matière de tarification : on crée la tarification réduite pour les familles nombreuses (la France connaît alors le fameux Baby Boom). C’est un an après qu’est créée la RATP qui hérite d’un réseau de 166 km de voies et comprenant 14 lignes de métro.

ticket de métro paris avant
Ticket de carnet de tarif N de 2 ème classe – tarif réduit “ familles nombreuses”- 1948

En 1958, le changement de tarif est agrémenté d’un changement de couleur : havane pour la deuxième classe et vert pour la première. Le prix du carnet de tickets en seconde passe à 30 francs et à 45 francs pour celui de première. Entre 1967 et 1970, le principe de l’alphabet tarifaire arrive à la fin de son premier cycle. En 1968, une simplification tarifaire intervient pour l’usager : le ticket de métro devient valable dans le bus. Ce changement tarifaire sera matérialisé par la lettre A. Après des essais à la fin des années 60, on généralise la bande magnétique sur les tickets et l’installation de composteurs automatiques à partir d’octobre 1973, ce qui marque la fin du métier de poinçonneur. En 1975, on crée la Carte Orange. C’est une véritable révolution pour les déplacements dans la capitale. Elle permet un accès illimité, pour un prix fixe, à tous les moyens de transport d”Île-de-France pendant une période donnée.

En 1980, le réseau urbain transporte 1.093.900.000 voyageurs avec 13 lignes et 279 stations représentant près de 200 kilomètres de voies.
La tarification de première classe est supprimée en 1991 pour le métro.

ancien ticket de métro 1980 métro paris
Le fameux ticket jaune immortalisé par la campagne de pub “ ticket chic ticket choc “ (1978 – 1992)

La dématérialisation du ticket commence en 2001 avec le lancement du Pass Navigo. Il est étendu de manière progressive aux porteurs de la Carte Intégrale, de la Carte Imagine ‘R et enfin de la Carte Orange. La dénomination officielle de Carte Orange ne disparaît définitivement que début 2010. Dans le cadre de la simplification des tarifs, le ticket passe à la couleur violine et prend l’appellation officielle de Ticket T. Il fait son apparition le 1er janvier 2003. Il succède aux billets qui sont alors émis par chacun des transporteurs franciliens. Il permet d’effectuer un trajet en métro, en bus et également dans le RER pour sa partie parisienne.

 

Le 1er août 2003, son prix pour un plein tarif atteint le seuil symbolique de 1 euro. A cette époque, le réseau du métro compte 16 lignes, 366 stations et 211 km de voies, auquel il faut rajouter le RER. En 2007 est créé par le Syndicat des Transports d’Ile de France (le STIF) le Ticket t+. Il remplace l’ancien Ticket T, qui ne permettait pas la correspondance entre les diverses lignes de bus. Mais en 2019, coup de tonnerre, l’arrivée du Navigo Easy sonne la fin du ticket de métro ! Après 120 ans de loyaux services, le petit bout de carton sera retiré de la commercialisation à partir du 14 octobre 2021, au profit d’un pass contenant jusqu’à 30 tickets dématerialisés.

S’il sera regretté, le ticket de métro et sa disparition progressive seront quand même synonymes d’une bonne nouvelle pour l’environnement, les 550 millions de tickets imprimés par an finissaient pour la plupart au sol…

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