Avec l’industrialisation progressive de la société, de nombreux petits métiers parisiens ont vécu leurs dernières heures au cours du XXe siècle. Fort des Halles, chanteuse des rues, poinçonneur d’autobus ou crieur de journaux… ces figures du Vieux Paris restent en mémoire dans les archives de l’Institut national de l’audiovisuel (INA).
Les forts des Halles
L’ancien marché des halles de Paris comportait autrefois toute une ribambelle de petits métiers, dont les représentants sont sûrement les fameux “forts des Halles“. Ces manutentionnaires transportaient les marchandises alimentaires de l’extérieur à l’intérieur des pavillons, et doivent leur nom aux lourdes charges qu’ils devaient porter. Appartenant à une corporation créée sous Louis IX, ceux-ci participaient à plusieurs fêtes traditionnelles, dont celle du 1er mai évoquée par cette émission.
Les kiosquiers
Emblématiques de Paris, les kiosquiers peuplent la ville dans leur petite cabane verte pour vendre leurs journaux. Dans ce reportage, on part à la rencontre deux travailleurs : le premier, installé sur les Champs-Élysées, vend des journaux dans son kiosque depuis ses 10 ans, et a servi de relai pour la Résistance. La seconde, âgée a 74 ans, travaille depuis 1941 dans un kiosque à Saint-Germain-des-Prés, et partage ses rencontres avec Raymond Poincaré et Léon Blum.
Les bouquinistes
On ne se lasse pas de vous parler des bouquinistes des quais de Seine ! Et à vrai dire, on a souvent entendu parler d’eux, car ce petit métier ne cesse d’être menacé. Déjà , dans cette émission de 1974, ceux-ci s’inquiètent de la création de la voie express rive gauche, et de l’arrivée de la télévision dans les foyers comme principal concurrent. Toujours est-il que cinquante ans plus tard, ils sont toujours sur les quais, et y resteront malgré l’arrivée des Jeux Olympiques !
La fleuriste et le cantonnier
Avec une mise en scène pleine d’humour, cette émission évoque le froid qui s’empare de Paris en cet hiver 1962. Un temps qui n’est pas favorable aux petits métiers de rue, comme une fleuriste qui peine à vendre ses mimosas pour les fêtes, tandis qu’un cantonnier raconte les difficultés de son travail dans le froid. À la fin du reportage, le journaliste rencontre également une vendeuse de journaux de 82 ans qui continuent à arpenter les rues avec une bonne humeur admirable.
Le crieur de journaux
Petit métier emblématique du XIXe siècle, souvent réservé aux jeunes garçons, le crieur de journaux peine à survivre à une époque où les émissions télévisées prennent la relève sur la presse écrite. Un journaliste part ainsi à la rencontre de Robert Danielou, présenté comme “l’un des derniers crieurs de journaux de Paris”. Amoureux de son travail, ce crieur du faubourg Saint-Denis conserve une énergie remarquable, et sympathise avec les commerçants du quartier.
Le fabricant de pièges à animaux
“Encore un de ces petits métiers qui se perdent”, déclare le journaliste, qui se rend dans la rue des Halles, où se trouve un fabricant de pièges à animaux nuisibles. Dans sa boutique, on découvre toute une rangée de rats empaillés, ainsi que des modèles de pièges et une liste de poisons. Madame Aurouze, femme du propriétaire, tient la caisse, tandis que son mari présente les différents appareils qu’il a conçus : piège à rats, piège à moustique, piège à renard… mais aussi piège à tigre ! Cette étrange boutique existe encore, et bien que sa devanture soit pittoresque, ses ventes de pièges assez monstrueux ne nous feraient pas regretter sa disparition.
La chanteuse des rues
L’une des dernières chanteuses des rues parisiennes est présentée dans ce reportage. Son nom, Lily Lian. Celle-ci chantait des titres de chanson française, comme Le Dénicheur ou L’Hirondelle des faubourgs qu’elle interprète devant la caméra. Mais s’il existait autrefois trente groupes de chanteurs dans la rue, ce petit métier a disparu face à l’industrie musicale.
Le fabricant de pipes
Près des Grands Boulevards, on part à la rencontre d’un fabricant de pipes qui tient sa boutique dans le passage des Princes. Datant de 1855, cette maison dénommée Aux carrières d’écume détient un atelier adjacent, où plusieurs ouvriers sont en train de confectionner des pipes superbement sculptées. Néanmoins, le patron regrette que le métier se perde et que les jeunes générations ne s’y intéressent plus.
Le machiniste et le poinçonneur
Dans des images d’archives, le reportage dévoile l’évolution du métier de machiniste depuis que la RATP a retiré les vieux autobus à plateformes dans les années 1970, pour les bus modernes que l’on connaît. Contrairement à leurs remplaçants, ces anciens véhicules étaient ouverts avec de larges baies vitrées et disposaient d’une plateforme arrière pour prendre l’air, où le poinçonneur attendait les retardataires. Interrogé, Monsieur Hedde, ancien machiniste, raconte l’évolution de sa profession au fil du siècle.
Romane Fraysse
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Image à la une : Eugène Atget, Joueur d’orgue et chanteuse de rue, 1898-1899