L’église Saint-Sulpice fait sans conteste partie des monuments préférés des Parisiens. Sa riche Histoire et ses murs recouverts de toiles de Delacroix n’y sont sans doute pas pour rien. Aussi, elle cache de multiples secrets, comme le gnomon qui permet de calculer la date précise de Pâques. Mais une question reste souvent irrésolue : pourquoi les deux tours de la façade sont-elles différentes ?
En effet, en regardant la façade de Saint-Sulpice, on est immédiatement surpris par la différence de hauteur entre les deux tours (la tour nord, celle de gauche, est plus haute de cinq mètres). Mais quelle est la raison de ce décalage ? On vous dit tout.
Une construction mouvementée
Si la construction de l’église débute en 1646, c’est seulement en 1732 que l’architecte Servandoni entame l’édification de la façade, inachevée jusque-là . Son idée est de construire deux tours reliées entre elles par une galerie de colonnes, elle-même surmontée d’un fronton en forme de triangle. Peu avant la mort de Servandoni en 1766, Oudot de Maclaurin est chargé de reprendre les travaux de son prédécesseur et continue la construction des deux tours conçues pour être identiques. Il n’apporte pas de changement majeur, si ce n’est la suppression, pour la tour sud, d’un amortissement, c’est-à -dire un socle pour accueillir une statue.
Les deux tours sont encore assez semblables en 1777 et possèdent le même clocher. Cela dure jusqu’à l’arrivée de l’architecte Jean-François Chalgrin, qui ajoute des colonnes et des statues à la tour nord. Il ajoute également la balustrade centrale que l’on peut voir aujourd’hui à la place du fronton. Alors que les clochers de la tour nord sont installés, un échafaudage est construit autour de la tour sud pour faire de même, mais ne sera jamais utilisé. En effet, la Révolution Française débute avant le commencement des travaux.
Finalement, en 1838, la seconde tour est terminée en suivant les plans de Oudot de Maclaurin et Servandoni, pour respecter l’oeuvre initiale. Quant à la tour nord, elle conserve sa structure pensée par Chalgrin. Si les restaurations de la façade et des tours se sont enchaînées, notamment suite à l’endommagement par des obus en 1871, les deux tours n’ont jamais été unifiées. Depuis la dernière rénovation de 2011, on peut donc à nouveau admirer la façade… avec des deux tours toujours asymétriques !
Crédits image à la Une : Caty Reneaux