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L’histoire épique de sainte Geneviève, la patronne de Paris

Anonyme, Sainte Geneviève au Lendit, XVIe siècle

Aujourd’hui, sainte Geneviève est surtout connue des Parisiens pour la fameuse montagne du Quartier latin qui porte son nom. Née en 420, cette catholique gallo-romaine aurait défendu Paris avec ardeur lors de l’invasion des Huns, et réalisé de nombreux miracles par acte de charité. Partisane du roi Clovis, elle repose désormais dans l’église Saint-Étienne-du-Mont, et s’illustre à travers une riche iconographie visible dans les monuments parisiens.

De rares sources historiques

Les écrits portant sur sainte Geneviève restent rares. La seule véritable source historique se retrouve dans la Vita de Geneviève, une hagiographie sûrement écrite par un prêtre tourangeau à la demande de Clothilde, épouse de Clovis. Celle-ci souhaite ainsi faire l’éloge de Geneviève, une catholique romaine née à Nanterre en 420, qui était partisane du royaume et anti-arienne comme la reine, c’est-à-dire opposée à l’idée selon laquelle Jésus Christ serait inférieur à Dieu en étant son fils. L’auteur de la Vita a alors rassemblé de nombreux témoignages autour de l’existence de la sainte, dont la mort remonterait vers l’année 512.

Vitrail de sainte Geneviève rencontrant saint Germain et saint Loup dans l'église de Saint-Julien-du-Sault
Vitrail de sainte Geneviève rencontrant saint Germain et saint Loup dans l’église de Saint-Julien-du-Sault

Mais malgré ces quelques écrits, les origines de la sainte ne sont pas pour autant faciles à identifier. Plusieurs interprétations s’opposent tout d’abord pour évoquer l’étymologie de son nom : ainsi, Geneviève proviendrait du francique Kenowīfa signifiant le « genre féminin », mais pourrait aussi évoquer le « grand » et le « spacieux ». Elle proviendrait de l’union de l’officier Severus et de la fille d’un général dénommée Gereoncian dont la famille aristocratique gallo-romaine est influente.

La protectrice de Lutèce

Sainte Geneviève se voue rapidement à Dieu, et mène une vie d’ascète dès l’âge de 16 ans. Convaincue et engagée, elle parvient à convaincre les Parisiens de ne pas abandonner leur ville aux mains des Huns lors du siège de Paris en 451 : « Que les hommes fuient, s’ils veulent, s’ils ne sont plus capables de se battre. Nous les femmes, nous prierons Dieu tant et tant qu’Il entendra nos supplications ». Et le combat est gagné puisqu’Attila n’envahit pas Lutèce. Cela dit, aucune source ne certifie que le chef des Huns a rencontré la sainte.

Paul Landowski, Statue de sainte Geneviève sur le pont de la Tournelle à Paris, 1928
Paul Landowski, Statue de sainte Geneviève sur le pont de la Tournelle à Paris, 1928

Quelques années plus tard, en 465, Geneviève défend de nouveau la ville contre Childéric Ier, qui a pour projet de faire un siège. Finalement, en parvenant à obtenir du blé de plusieurs régions françaises, la sainte empêche le blocus de se faire. Devenant influente dans le pays, celle-ci parvient à convaincre Clovis de la construction de plusieurs édifices religieux, comme la chapelle de saint Denis – à l’emplacement de l’actuelle basilique – et l’église des saints apôtres Pierre et Paul située sur le sommet de la fameuse montagne Sainte-Geneviève. C’est d’ailleurs dans cet édifice qu’elle a été enterrée, et rejointe ensuite par Clovis et Clothilde. Déplacée lors de la première invasion des Normands, sa châsse se trouve aujourd’hui non loin de là, dans l’église Saint-Étienne-du-Mont.

Une sainte dans les arts

Sa mort n’a pas pour autant fait disparaître sainte Geneviève des mémoires. Celle-ci a continué à être représentée dans l’iconographie chrétienne, tout d’abord sous l’aspect d’une jeune fille vêtue d’une robe, tenant un livre et un cierge. La plus ancienne statue que nous connaissons la représente d’ailleurs ainsi : datant du XIIIe siècle, celle-ci se trouvait au portail de l’ancienne église Sainte-Geneviève. À ses côtés, on découvre un démon tentant d’éteindre son cierge, une référence à un épisode lors duquel elle serait miraculeusement parvenue à rallumer un cierge en le touchant. À partir de la fin du XVIe siècle, son portrait évolue : elle apparaît désormais comme une jeune bergère de Nanterre, image inspirée d’un poème de Pierre de Ponte datant de 1512, puis de la vogue des récits pastoraux au siècle suivant.

Anonyme, Sainte Geneviève qui tient de la main droite le cierge de la foi et de la main gauche le livre, vers 1620
Anonyme, Sainte Geneviève qui tient de la main droite le cierge de la foi et de la main gauche le livre, vers 1620

Au XIXe siècle, l’iconographie de sainte Geneviève change une nouvelle fois : on préfère désormais la représentant dans différents moments de sa vie, comme son enfance, son engagement, sa figure protectrice ou son rôle politique. Dans le Panthéon de Paris, on peut par exemple découvrir le cycle de peintures dédié à l’enfance de Geneviève peint par Pierre Puvis de Chavannes, tandis qu’un tableau de Jean-Victor Schnetz représente Sainte Geneviève distribuant des vivres pendant le siège de Paris.

Pierre Hébert, Statue de sainte Geneviève sur la façade de l'église Saint-Étienne-du-Mont
Pierre Hébert, Statue de sainte Geneviève sur la façade de l’église Saint-Étienne-du-Mont

Plus récemment, on trouve une statue réalisée par Paul Landowski en 1928 sur le pont de la Tournelle à Paris : on y voit Geneviève protégeant un enfant serrant contre lui une nef, symbole de la capitale et attribut de la sainte. En 2017, l’artiste Marko Rupnik a quant à lui rendu hommage à la patronne en réalisant une mosaïque monumentale en son honneur sur le parvis de la cathédrale de Nanterre.

La patronne des gendarmes

Au fil des siècles, sainte Geneviève perd progressivement sa renommée dans une France qui se déchristianise. Les Parisiens la connaissent davantage pour la montagne qui porte son nom au sein du très vivant Quartier latin que pour son existence.

Pierre Puvis de Chavannes, L'enfance de sainte Geneviève, entre 1874 et 1876
Pierre Puvis de Chavannes, L’enfance de sainte Geneviève, entre 1874 et 1876

Sa symbolique change également : depuis le décret du 18 mai 1962, elle devient la sainte patronne de la gendarmerie nationale française, et est célébrée par les gendarmeries chaque 26 novembre avec le rassemblement d’élus, préfets et magistrats locaux. Toutefois, dans le calendrier des saints, sa fête est célébrée le 3 janvier, date de sa mort.

À lire également : Comment la sainte patronne de Paris protégea la capitale de l’envahisseur Attila au Ve siècle…

Image à la une : Anonyme, Sainte Geneviève au Lendit, XVIe siècle

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