À l’image des grandes capitales du monde, Paris se doit depuis toujours d’être une ville où l’on ne s’ennuie pas parce qu’il y a tant de choses à voir et à faire. Cela ne concerne pas seulement les monuments touristiques, mais aussi les lieux de vie, comme les restaurants et les bars, ou les lieux plus tranquilles, comme des parcs et jardins. Mais comme l’a si bien dit Hemingway, “Paris est une fête” et il faut donc qu’il y ait des lieux qui résument parfaitement cette pensée. Cela tombe bien, ce ne sont pas les salles de spectacle qui manquent à Paris, surtout quand il s’agit d’un des hauts lieux de la “Vie Parisienne”…
Quand le XVIIe arrondissement n’existait pas encore
Une ouverture qui remonte au début du XIXe siècle, une salle qui a accueilli les plus beaux bals “napoléoniens”, des décorations inscrits au titre des Monuments Historiques ou encore la réception d’artistes parmi les plus célèbres… peu de salles peuvent se vanter d’avoir un aussi beau palmarès que celui de la salle Wagram. Située entre l’avenue de Wagram et la rue de Montenotte, dans le 17e arrondissement, à quelques centaines de mètres seulement de l’Arc de triomphe de l’Étoile, il s’agit sans aucune doute du plus ancien lieu de fêtes à Paris. Un destin assurément inimaginable en 1812, lorsque le vétéran de la garde impériale Dourlans décide d’ouvrir un café route de Bezons, l’ancien nom de l’avenue de Wagram. À deux pas du chantier de l’Arc de Triomphe, le café se situe dans ce qui est encore à l’époque la campagne, aux portes de Paris. Hors de l’enceinte des murs des fermiers généraux, le vin y est bon marché, car non soumis à l’octroi, et très vite, sous la Restauration, la guinguette attire les Parisiens et les habitants de Neuilly ou de Clichy. On y vient également pour le Bal Dourlans, où un jardin, une piste de danse, des tonnelles à lampions et une première salle perpétuent la tradition du bal de barrière créé sous Louis XVI. L’atmosphère d’insouciance de la Restauration attire sous la pergola de sa guinguette des Parisiens avides de quadrilles et de valses venues d’Autriche.
Une salle très vite prisée par la haute société
L’embellissement de la salle se poursuit sous le Second Empire, grâce à l’architecte Adrien Fleuret, qui dessine les plans d’une nouvelle salle entourée de deux galeries d’étages. Inaugurée en 1865, il s’agit tout simplement de la salle Wagram que nous connaissons aujourd’hui. Ce qui était un lieu de rendez-vous bucolique est devenu une véritable salle de bal, digne des plus beaux palais d’Europe. En plus de la voûte sublimée de lustres de Bohême, le plafond d’Adrien Fleuret est un formidable ensemble de peintures, balustres et colonnades, qui sera inscrit en 1981 à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques. Une véritable consécration pour la salle qui est désormais parisienne. En effet, en 1860, les murs des fermiers généraux sont abattus et Paris annexe les faubourgs alentour. Ces villages deviennent de nouveaux arrondissements et l’on assiste par exemple à la naissance du XVIIe arrondissement, là où se trouve la salle Wagram. L’ancienne guinguette est dorénavant une salle de bal courue du Tout-Paris, là où les domestiques de la plaine Monceau et des beaux quartiers s’y retrouvent à l’occasion de leur grand bal annuel. Chaque année, la comtesse de Wagram donne également un bal d’apparat, l’occasion pour barons et banquiers de la fraîche aristocratie bonapartiste de savourer leur triomphe.
Le point commun entre Louis Armstrong, Marcel Cerdan et Django Reinhardt
Si de prestigieuses conférences et autres réunions politiques y prendront aussi place, la salle Wagram reste assurément associée à la notion de fête. Mais elle demeure aussi dans l’histoire de Paris comme le théâtre de la modernité : le Salon des Cycles y est organisé à partir de 1894, la première exposition d’automobiles à Paris en 1896, mais aussi la boxe française et anglaise, avec notamment des combats de Georges Carpentier ou Marcel Cerdan. Des grands noms de la Haute Couture et du Prêt-à-Porter présentent également leurs collections à l’occasion de soirées dansantes mémorables : Bals de l’Internat, Bals des 4’Z’Arts, “La Nuit du Jazz”… La salle Wagram devient d’ailleurs, après la Seconde Guerre mondiale, un haut-lieu du Jazz avec la présence de grands noms tels que Louis Armstrong, Duke Ellington, Lionel Hampton ou Django Reinhardt. Sans oublier des artistes lyriques comme Maria Callas et Leonard Bernstein, sans oublier Lino Ventura… qui y organise des combats de catch. Aujourd’hui, bien qu’entièrement rénovée, la salle Wagram a conservé ses décors prestigieux, tout en intégrant les équipements techniques de dernière génération. Fonctionnelle et parfaitement adaptée de jour comme de nuit, il s’agit toujours de l’endroit parfait pour organiser toutes sortes d’événements pouvant accueillir de 100 à 1 000 personnes. Comme un bal chic aux plus belles heures du Second Empire…
Salle Wagram
39-41 avenue de Wagram
75017 Paris
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Image à la une : Salle Wagram © Eric Perez / SDP