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Sensations fortes et libertinage dans les “folies” du 18e siècle

Pavillon Carré de Baudoin

Bien avant Disneyland et le Parc Astérix, la région parisienne pouvait déjà profiter des joies des parcs d’attractions, notamment en plein cœur de Paris. À la différence des animations pour enfants, le parc de Tivoli était un lieu d’agrément et de libertinage pour la bonne société.

Quand la noblesse parisienne sombre dans les “folies” 

À l’époque, on ne parle évidemment pas de parcs d’attractions mais ce sont des maisons de plaisance que l’on transforme pour certaines occasions en de grandes soirées. Ces « folies » sont l’occasion d’accueillir des maîtresses de l’ancien régime, puis des demi-mondaines. Dans Paris, de tels lieux se trouvent dans les quartiers Clichy-Pigalle ou sur l’axe Picpus-avenue de Saint-Mandé, proche du Bois de Vincennes. On baptise ces bâtiments “folies” parce qu’ils se prêtent justement à pas mal de folies et parce qu’on consacre des sommes folles à la construction et la décoration de tels lieux. Mais le parc Tivoli va rapidement changer la donne et prendre une place très importante. À l’intérieur, les petites pièces répondent au besoin d’intimité et on trouve de nombreux salons et recoins. Le tout dans un décor fastueux, bien sûr !

Le Verrou, de Jean-Honoré Fragonard
Le Verrou, de Jean-Honoré Fragonard, reflète l’esprit libertin du 18e siècle.

De l’Ermitage de la duchesse d’Orléans à la Bagatelle du Compte d’Artois… Les personnes fortunées sont nombreuses à édifier des bâtiments d’agrément pour leurs plaisirs. Cachées le plus souvent dans un nid de verdure, ces demeures sont l’occasion de faire étalage de ses moyens financiers.

Le parc Tivoli, symbole de faste et d’excès

En 1766, Simon-Charles Boutin, receveur général des finances de Tours, aménage un terrain dont l’entrée se situe entre les actuels numéro 66 et 110 de la rue Saint-Lazare. Il choisit d’appeler ce lieu Tivoli, en référence aux célèbres jardins de la ville italienne de Tivoli. Ici, plusieurs maisons de plaisance sont installées. Très vite, on y crée une certaine ambiance et un thème particulier, avec des rochers et des fausses ruines, à l’image des parcs d’aujourd’hui. Le jardin Tivoli est alors un lieu de promenade très prisé. Sans arrière pensée pour le moment…

Sous la Révolution, Simon-Gabriel Boutin est décapité et ses jardins sont confisqués. Ils ouvrent à nouveau en 1795 sous la forme d’un parc d’attractions, Le Grand Tivoli. Le lieu de divertissement devient rapidement l’endroit préféré de la bonne société parisienne. De la musique, des salles à danser, des jets d’eaux ou encore des comédies en plein air, les animations ne manquent pas. Lorsque la nuit tombe, c’est l’occasion de feux d’artifice, le tout dans un jardin éclairé au moyen de milliers de lampions. Surtout, on y vient pour « admirer » et s’encanailler avec les plus belles femmes de Paris. Malgré les nombreuses activités, plus ou moins catholiques, le lieu décline peu à peu et ferme ses portes en 1810.

Folie Beaujon
À Tivoli comme à Beaujon, les “folies” font le plein d’attractions.

Cependant, l’interruption ne dure pas longtemps et les infrastructures déménagent en face, sur l’emplacement plus modeste de la Folie-Richelieu. Le parc rouvre donc en 1812 sous le nom de « Grand Tivoli » ou « second Tivoli ». Il est tout aussi divertissant que le premier. On se presse pour essayer la grande roue, les toboggans, les montagnes russes. L’aspect libertin est toujours présent avec la présence de labyrinthes coquins… Mais comme pour le premier parc, une succession d’événements malheureux scelle le destin du Tivoli-Richelieu qui disparaît en 1825, après un dernier grand spectacle en l’honneur du sacre de Charles X. Dans la foulée, le terrain est vendu pour laisser place au futur quartier de l’Europe.

L’histoire de Tivoli ne s’arrête décidément pas là et prend cette fois la direction de la rue de Clichy. Copie conforme du Petit Trianon, le lieu devient en 1826 le « Nouveau-Tivoli ». Parmi les nouvelles attractions, on peut, cette fois, s’essayer au tir aux pigeons, le nouveau sport à la mode importé d’Angleterre. Des activités amusantes certes, mais qui ont perdu de leur côté lubrique. Il disparaît en 1842 et signe également la fin des parcs d’attractions olé-olé.

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