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Originaire de Cuba, cet homme a été le premier maire métis de Paris 

Severiano de Heredia
Par Paris ZigZag

Né dans une famille bourgeoise de La Havane, Severiano de Heredia a souhaité défendre ses convictions républicaines à son arrivée en France. Nommé président du Conseil de Paris en 1879 – la fonction de maire n’existant pas encore à proprement parler -, il est le premier homme métis à obtenir cette fonction.

Né libre à Cuba

Severiano de Heredia est né le 8 novembre 1836 à La Havane, capitale de Cuba alors colonisée par les Espagnols. Évoluant dans un milieu privilégié, il est le fils de “gens de couleur libres”, autrement dit des personnes noires ou métisses que ne sont pas esclaves. En revanche, ceux-ci possèdent une plantation avec plusieurs esclaves. Arrivé en France dès l’âge de 10 ans, celui-ci reçoit une éducation élitiste, fréquentant des établissements prestigieux, tels que Louis-le-Grand où il reçoit le prix d’honneur. Naturalisé français en 1870, il se lance rapidement dans une carrière politique et préside le Conseil de Paris entre 1879 et 1880.

Severiano de Heredia, L'Univers illustré du 4 juin 1887 - © BnF RetroNews
Severiano de Heredia, L’Univers illustré du 4 juin 1887 – © BnF RetroNews

Des combats sociaux

Lors de son mandat au Conseil de Paris, Severiano de Heredia défend plusieurs causes sociales qui lui tiennent à cœur. Tout d’abord, c’est à lui que l’on doit la création de bibliothèques municipales, permettant de faciliter l’accès au savoir. Celui-ci demande l’amélioration des conditions de vie des mineurs, par une limitation de la journée de travail à onze heures – ce qui ne sera pas appliqué. À l’origine de coopératives ouvrières, il est aussi un fervent défenseur de la laïcité. Toutefois, sous la Commune de Paris, ce républicain convaincu est resté à distance des mouvements d’insurrection.

Gill, Dessin de Severiano de Heredia
Gill, Dessin de Severiano de Heredia

Celui-ci s’est également intéressé aux nouveaux moyens de locomotion : il intervient dans le vote des lois sur le réseau métropolitain de Paris et contribue au développement de la voiture électrique lorsqu’il est nommé ministre des Travaux publics en 1887. Mais à la suite de l’Exposition coloniale de 1886, Severiano de Heredia reçoit de nombreuses injures racistes de la part de ses opposants, le surnommant “Nègre du ministre” ou le “ministre chocolat”. Écœuré et démotivé, le ministre ne s’est pour autant jamais opposé à la colonisation.

Premier “maire”, vraiment ?

Parler de “maire” en 1879 est anachronique, puisque ce statut n’existait pas encore. Pour être plus précis, Severiano de Heredia a présidé le Conseil de Paris durant un an, comme le voulait la loi. Élu au suffrage indirect, le président représente la capitale de la même manière que l’actuelle maire de Paris, mais cette fonction est surtout honorifique, car il dispose de bien moins de pouvoirs. Toutefois, Severiano de Heredia n’en reste pas moins le premier à accéder à ce statut dans une France profondément raciste.

Plaque de la rue Severiano de Heredia, Paris
Plaque de la rue Severiano de Heredia, Paris

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