Quand les murs commencent à montrer quelques signes de fatigue on a souvent deux options : confronter le problème et se lancer dans de gros travaux ou simplement repousser le problème en passant un coup de peinture par dessus.
Ces dernières années, c’est plutôt la deuxième option qui a servi à maintenir en état les stations du métro parisien. Aussi quand les fameux carreaux blancs d’origine montraient des signes de faiblesse avancée, on se contentait de les recouvrir d’un nouveau mur fait de matériaux modernes faciles et rapides à poser… Sans prendre la peine d’essayer de réparer la casse ou encore moins de nettoyer ou de retirer les vieilles affiches publicitaires collées le long du quai.
Alors forcément, quand la RATP succombe à la mode rétro et décide de rendre aux stations leur style d’origine en abattant le carrossage qui recouvre les murs authentiques… les ouvriers découvrent de véritables vestiges révélant ainsi une couche oubliée de l’histoire de la ville !
C’est ainsi qu’au printemps 2016, céramiques et affiches d’antan se sont dévoilées aux yeux du public à la station Trinité-d’Estienne d’Orves (ligne 12) : publicités de la RATP vantant l’usage des transports en commun, pancartes informatives sur les horaires des trains ou les risques en cas d’infractions,… Le photographe d’urbex Yann Covès s’est empressé d’immortaliser ces souvenirs d’un autre temps et c’est à lui que l’on doit les clichés qui habillent cet article.
Petite histoire du look des stations
En 1949, la RATP reprend à son compte l’ensemble des lignes du métro parisien auparavant divisées entre la compagnie Nord-Sud qui possédaient les lignes 12 et 13 (autrefois A et B) à la décoration raffinée qui se distinguaient ainsi du reste du réseau exploité par le Métropolitain.
Dans le but de moderniser et d’unifier l’ensemble, la RATP qui vient de naître, s’appuie sur la régie publicitaire Métrobus Publicité qui propose de prendre à sa charge la réfection par recouvrement des stations d’origine en utilisant un carrossage comprenant des cadres publicitaires éclairés de format 4 x 3 mètres. Cette vague de “modernisation” du métro parisien touche environ 75 stations, dont Trinité-d’Estienne d’Orves carrossée en 1960.
Un patrimoine historique préservé
Par chance, cette technique a permis de conserver les affiches historiques qui se trouvaient derrière, nous permettant aujourd’hui de faire un bond de plus de 40 ans en arrière. Au delà des affiches et publicités, ce sont également les décors d’origine, particulièrement soignés sur les lignes de la compagnie Nord-Sud, qui ont été préservés.
On y retrouve ainsi les détails architecturaux qui ont fait la singularité du métro parisien :  le nom des stations inscrits sur des carreaux de faïence en blanc sur fond bleu, ou encore des couloirs parcourus par des frises indiquant le type de station (brun miel pour les stations simples et vert pour les stations de correspondances ou terminus)…
La modernisation du métro : un travail de longue haleine
Ces découvertes s’inscrivent dans le cadre de la plus grande opération de modernisation et de rénovation jamais réalisée dans le métro depuis sa construction en 1900. Démarré en 1998 et étalé sur 25 ans, le programme, intitulé “un métro + beau” prévoit la modernisation de 266 stations. Pour perpétuer la mémoire du métro les carreleurs ont copié les céramiques d’origine et redessiné les formes et les motifs. Ainsi les stations rénovées s’inscrivent dans la continuité tout en assurant plus de sécurité, plus de clarté et de simplicité. Rendez-vous en 2023 pour la fin des travaux ! Et d’ici là on espère bien faire d’autres belles découvertes comme celle de Trinité…