Vivre en ville, entre le macadam des chaussées et le béton des immeubles, nous fait souvent oublier que nous partageons notre espace avec une faune sauvage, qui doit s’adapter à nos habitudes citadines. En 2017, la Ville de Paris a mis en place la mission « Animaux en ville » dans l’objectif de préserver ces espèces vulnérables et de respecter leur habitat. Un ensemble de préconisations pour améliorer notre cohabitation, qui reste encore majoritairement méconnues des Parisiens.
Mieux informer sur la biodiversité
Dans notre esprit, l’animal des villes est celui qui tient compagnie à l’être humain. En dehors de quelques oiseaux sauvages, comme le pigeon ou le moineau, le citadin a pour habitude de fréquenter des animaux dans son salon ou dans les zoos. À croire que la faune reste en dehors des territoires urbains : mais est-ce véritablement le cas ? En réalité, l’invisibilité de ces espèces ne les rend pas absentes. Il suffirait de se promener dans un parc de nuit, de plonger dans un fleuve ou simplement, d’observer de près les plantes mises en pot pour voir apparaître toutes sortes d’animaux sauvages.
À Paris, il est rare de croiser des faucons, des chouettes, des renards, des chauves-souris, des hérissons, des écrevisses ou des libellules. Pourtant, cette biodiversité cohabite bel et bien avec nous. En lançant la mission « Animaux en ville » en 2017, le premier objectif de la Ville de Paris était donc de mieux informer sur la place de cette faune sauvage au sein de la capitale.
Grâce à la concertation d’élus, d’acteurs du territoire et de Parisiens, des préconisations ont été élaborées en ce sens. Parmi elles : une Fête des Animaux organisée annuellement pour présenter au public l’activité des associations parisiennes engagées pour le bien-être animal. Au-delà des ateliers périscolaires, la Ferme de Paris renforce aussi son action pédagogique auprès des enfants en proposant des visites et des ateliers dans les différents parcs parisiens. Si ces démarches sont honorables, la campagne d’information nécessite d’être réellement développée au sein de la ville, la plupart des Parisiens étant peu sensibilités et souvent indifférents à cette cause.
Promouvoir le bien-être animal
Depuis 2012, la sensibilité animale est reconnue à travers la stratégie de l’Union européenne en matière de bien-être des animaux. Puis en 2015, la Commission des lois de l’Assemblée nationale de la France les qualifie d’« êtres doués de sensibilité » étant soumis au « régime des biens » (Art. 515-14.). Le bien-être animal est alors défini en 2018 par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) comme « l’état mental et physique positif lié à la satisfaction de ses besoins physiologiques et comportementaux, ainsi que ses attentes. Cet état varie en fonction de la perception de la situation par l’animal ». On prend dès lors en compte le ressenti individuel d’un animal en restant attentif à son expression d’affects positifs, ou au contraire, de comportements liés à un état de souffrance.
En suivant la stratégie « Animaux en ville », une charte en faveur du bien-être animal a été adoptée par le Conseil de Paris en juillet 2021 pour sensibiliser les Parisiens à la question et engager les acteurs de la ville à la respecter dans toute activité économique, sociale ou culturelle. En ligne de mire, on compte bien sûr les circassiens ayant reçu l’interdiction de réaliser des spectacles avec des animaux sauvages. Dans les zoos, plusieurs règles sont mises en place : fournir aux animaux une alimentation adaptée, surveiller régulièrement leur état de santé, prévoir plusieurs temps de repos quotidiens, permettre aux animaux d’exprimer des comportements propres à leur espèce. Si cela assure une amélioration, les parcs zoologiques ne pourront jamais être des lieux propices au bien-être animal tant qu’ils restreindront la liberté de leur faune dans le simple objectif de divertir les visiteurs. La véritable question à soulever est donc celle de leur avenir dans les villes, en sachant que leur pérennité peut être justifiée par la sauvegarde et la reproduction de certaines espèces menacées.
Néanmoins, parmi eux, il faut surtout pointer du doigt la ménagerie du jardin des Plantes, dont la création remonte à 1794, une époque où l’animal était loin d’être considéré comme un être sensible. Ainsi, depuis 2019, l’association Paris Animaux Zoopolis (PAZ) lutte d’ailleurs pour la fermeture du parc zoologique, jugé trop vétuste, en organisant des manifestations et en lançant une pétition en ligne.
Préserver la faune sauvage
L’un des enjeux principaux de la mission « Animaux en ville » reste celui de la préservation des espèces sauvages. Au-delà d’une campagne d’information et de mesures prises pour respecter le bien-être animal, elle prévoit de sensibiliser les agents municipaux, de mettre en place des pigeonniers et des hôtels à insectes dans les espaces publics, ou encore de renforcer la lutte contre le trafic d’animaux. Néanmoins, la majorité des projets urbains à Paris se soucient peu de respecter le cadre de vie de la faune sauvage et la ville poursuit la plupart de ses activités sans se préoccuper des besoins de ces espèces. Cela entraîne la disparition progressive de certaines d’entre elles, dont trois quarts des moineaux entre 2003 et 2016.
S’adapter à la vie animale, c’est aussi préserver l’autonomie des espèces, qui est souvent mise à mal par certains gestes quotidiens. Dans les parcs parisiens, des panneaux appellent notamment les promeneurs à ne pas nourrir les oiseaux. En effet, en modifiant leurs habitudes, ceux-ci vont progressivement perdre leur indépendance et adopter une mauvaise alimentation. En souhaitant les aider, on dérègle en réalité un équilibre naturel qui se passe volontiers de nos actions.
Des structures parisiennes dédiées aux animaux
Si de nombreuses associations agissent pour le bien-être des animaux sauvages en Île-de-France, deux structures sont particulièrement reconnues sur le territoire : la Ligue pour la protection des oiseaux et la Faune Alfort. Avec un réseau actif dans plus de 80 départements français, la LPO lutte contre le déclin de la biodiversité en organisant des journées d’information, tout en protégeant et en soignant des animaux blessés. Ainsi, lorsque vous trouvez un oiseau sauvage en détresse, vous pouvez contacter l’association afin que celle-ci le prenne en charge.
De même, la Faune Alfort recueille tout animal sauvage étant blessé, malade ou orphelin afin de lui donner des soins adaptés. Mais avant d’amener un animal en détresse, celle-ci conseille toutefois de s’assurer qu’il a réellement besoin d’une aide humaine et qu’il n’attend pas le secours d’un parent. Parfois, le laisser en lieu sûr avec un peu d’eau peut également suffire pour constater une amélioration rapide de son état. Avec la faune sauvage, l’essentiel est donc de rester attentif sans projeter nos comportements et nos besoins sur des espèces différentes de la nôtre.
Romane Fraysse
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Image à la une : Deux renardeaux dans un cimetière parisien – © Franck Bohain