Si on connait par cœur le Monopoly avec sa vingtaine de rues parisiennes, ce jeu de société a en réalité été créé aux États-Unis en 1935. À l’origine, il est inventé par une certaine Elizabeth Magie afin de dénoncer la « nature antisociale du monopole sur le sol », mais l’idée est ensuite reprise par Charles Darrow, qui le commercialise et le rend célèbre. Face à son succès, le plateau est alors réédité dans une version française dès 1948.
Les révolutions artistiques du boulevard des Capucines
Situé entre les 2e et 9e arrondissements parisiens, ce grand boulevard reprend le joli nom d’un ancien couvent de l’ordre des Clarisses capucines. Et c’est à son n°14 que se trouve le Grand Café, au sous-sol duquel ont eu lieu les premières projections publiques payantes du cinématographe d’Auguste et Louis Lumière, le 28 décembre 1895. C’est également au n°35, dans l’ancien studio du photographe Nadar, que les impressionnistes Monet, Renoir ou Pissarro firent la première exposition de leurs toiles.
Une Pagode rouge dans la rue de Courcelles
Cette rue chic des 8e et 17e arrondissements est chargée d’histoire. On y trouve notamment l’appartement de la famille de Marcel Proust, au n°45, dans lequel disparaîtront les deux parents du romancier. Au n°93, ce sont l’écrivaine Colette et son mari Willy qui s’installent durant un an au 6e étage, dans un ancien atelier d’artiste « torride en été, glacial en hiver ». Et bien sûr – cela ne vous a sûrement pas échappé – une drôle de façade se trouve au n°48 : une immense pagode chinoise, toute colorée, qui dénote avec l’architecture du quartier ! En effet, la Pagode rouge a été construite en 1926 pour le collectionneur Ching Tsai Loo, et abrite toujours sa galerie d’art.
Le n°13 de la rue du Faubourg-Saint-Honoré
Il s’agit de l’une des rues les plus luxueuses de Paris. Située au 8e arrondissement, la rue du Faubourg-Saint-Honoré est dotée de nombreux hôtels particuliers, dont le palais de l’Élysée au n°55. Dès 1848, Napoléon III – alors premier président de la République française – y résidait avec sa femme, l’impératrice Eugénie. Or, étant superstitieuse, celle-ci a tout bonnement fait supprimer le n°13 de la rue, qui n’a jamais été rétabli !
Les arbres centenaires de l’avenue Foch
Cette avenue très prisée du 16e arrondissement a été habitée par de nombreuses personnalités politiques, artistiques et littéraires des siècles derniers. Bordée par de somptueux jardins aménagés en 1855 sous l’impulsion de Napoléon III, celle-ci compte environ 600 arbres, dont certains sont centenaires, comme un orme de Sibérie, qui est le plus vieux et le plus gros de Paris, avec ses 4 mètres de circonférence.
Le faux immeuble de la rue La Fayette
On pourrait ne rien remarquer, et pourtant, le n°145 n’est pas un immeuble comme les autres. Situé dans le 10e arrondissement, l’édifice est en vérité creux : seule la façade existe, afin de masquer une grande bouche d’aération du tunnel de la ligne B du RER. Une drôle d’histoire qui a inspiré de plusieurs récits aux écrivains et artistes. Dans Le Pendule de Foucault, Umberto Eco écrit par exemple : « C’est une façade, une enveloppe sans toit, sans rien à l’intérieur. Vide. Ce n’est que l’orifice d’une cheminée. Elle sert à l’aération ou à évacuer les émanations du RER. Et quand vous le comprenez, vous avez l’impression d’être devant la gueule des Enfers ; et que seulement si vous pouviez pénétrer dans ces murs, vous auriez accès au Paris souterrain. Il m’est arrivé de passer des heures et des heures devant ces portes qui masquent la porte des portes, la station de départ pour le voyage au centre de la Terre. Pourquoi croyez-vous qu’ils ont fait ça ? ».
Le mammouth de la rue Lecourbe
Les fouilles archéologiques révèlent bien des trésors insoupçonnés sous le bitume de Paris. Parmi eux, Adrien Thieullen fait la surprenante découverte d’une mâchoire de mammouth dans la rue Lecourbe du 15e arrondissement, au tournant du XXe siècle. Dans ses écrits, le préhistorien indique : « Vers le milieu de la tranchée, et à cinq mètres environ de profondeur, j’ai eu la chance exceptionnelle de rencontrer une belle mâchoire inférieure de mammouth, en parfait état de conservation avec ses deux grosses dents solidement encastrées ». Celle-ci, ainsi que ses autres trouvailles, ont ensuite été exposées dans la galerie de Minéralogie et de Géologie du Muséum national d’histoire naturelle.
Les étrangetés de l’avenue de Neuilly
L’avenue de Neuilly n’est pas vraiment la plus belle voie des 16e et 17e arrondissements. Mais elle est en revanche bien singulière ! En effet, avec ses 75 mètres de large et ses 100 mètres de long, elle est l’une des avenues les plus courtes de Paris. De plus, elle ne comporte aucun bâtiment du côté pair, et seulement un immeuble de bureaux du côté impair, si bien qu’aucun Parisien n’y réside. En revanche, à l’époque de la création du Monopoly, l’avenue était bien plus longue, puisque son tracé initial reliait Paris à Neuilly.
Rue de la Paix, rue la plus chère ?
Cette rue des 1er et 2e arrondissements est célèbre chez les amateurs du Monopoly, puisqu’elle est connue comme étant la plus chère du plateau. Si c’était le cas dans le Paris de l’époque, elle n’est aujourd’hui pas dans le classement des rues les plus onéreuses. La voie a en effet été détrônée par la rue Guynemer, bordant le jardin du Luxembourg, qui demeure la rue la plus chère de France avec son mètre carré à 23 008 euros.
La mer au boulevard Saint-Michel
Dans son histoire, le célèbre « Boul’Mich’ » des 5e et 6e arrondissements est indissociable de la vie intellectuelle de la Sorbonne. S’il est célébré pour ses librairies, certaines personnalités le destinaient à d’autres projets. C’est notamment le cas d’un certain Paul Duconnaud qui se serait présenté aux législatives de 1928 en proposant le prolongement du boulevard Saint-Michel jusqu’à la mer. L’idée, qui provenait certainement d’un canular des étudiants du Quartier latin, a ensuite été reprise par le candidat Ferdinand Lop, qui a assuré que le boulevard « sera prolongé jusqu’à la mer par les deux bouts » !
L’interminable rue de Vaugirard
Créée à l’Antiquité pour relier Lutèce à Autricum (actuel Chartres), la rue de Vaugirard est la plus longue voie de Paris intra-muros. Avec ses 4 360 mètres de long, elle traverse les 6e et 15e arrondissements avec 407 numéros d’immeubles. De quoi héberger de nombreux résidents célèbres, comme les écrivains Paul Verlaine, Émile Zola, Jean Anouilh, la comédienne Monelle Valentin ou le peintre Jean Dubuffet.
Romane Fraysse
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