C’est à quelques mètres des dynamiques boulevard Saint-Germain et place de l’Odéon que se cache la cour de Rohan. Si les grilles sont ouvertes, n’hésitez pas à les pousser pour découvrir cet espace hors du temps qui nous rappelle au bon souvenir du Paris d’avant…
La cour Rohan est bien plus qu’une simple cour. En effet, ce nom rassemble une enfilade de trois courettes où le temps semble suspendu. On y entre par la cour du Commerce Saint-André ou la rue du Jardinet, à quelques mètres du premier café de Paris, Le Procope. Et là , c’est la surprise. Divers styles d’architecture nous accueillent, mais avec une certaine harmonie. Des immeubles Renaissance, des vieilles briques, des curiosités et de la verdure se mêlent.
Le lieu tire son nom de l’hôtel des archevêques de Rouen qui se trouvait à proximité de cet ensemble de bâtiment. Toutefois, l’histoire de cet espace date d’il y a bien plus longtemps. Il apparaît avant le XIVe siècle, mais connait son heure de gloire lorsque Henri II (1519-1559) décide d’y installer sa favorite Diane de Poitiers. Le numéro 3 de la rue, où vivait la demoiselle, est aujourd’hui classé au titre des Monuments historiques. Si, à sa conception, cette cour était une impasse bien gardée, en 1791, le mur de l’enceinte Philippe Auguste, qui l’obstruait d’un côté, est fendu pour en faire une voie traversante. On peut d’ailleurs encore voir aujourd’hui des vestiges de cette célèbre enceinte dans la cour…
Mais ce n’est pas le seul vestige d’un autre temps que nous offre ce petit havre de paix. On peut ainsi y admirer un magnifique puits avec sa margelle à gargouille et sa poulie. Les anciens chasse-roues ont également été conservés à l’entrée d’un porche séparant deux cours. Et les plus curieux des visiteurs seront ravis d’y voir le dernier pas-de-mule de la capitale. Ce trépied en fer servait autrefois à monter sur son cheval sans grand effort. Des petits trésors bien cachés !
D’ailleurs, les artistes ne s’y trompent pas et profitent de la situation idéale du lieu pour en faire leur havre de paix. Dès 1936, le peintre d’origine polonaise Balthus y installe son atelier. L’écrivain Georges Bataille l’y rejoint après la guerre et l’on murmure que ce dernier aimait particulièrement profiter de l’extérieur pour y organiser des fêtes. L’élite intellectuelle de l’époque, Simone de Beauvoir, Sartre ou encore Albert Camus, s’y retrouvait volontiers.
Longtemps ouverte au public, la cour Rohan est désormais moins accessible. Mais, avec un peu de chance, d’audace et de politesse, qui sait, un riverain pourrait peut-être vous laissez apercevoir ce petit bijou plein de surprises…
Cour de Rohan, Entrée par la rue du Jardinet ou la cour du Commerce Saint André, 75006 Paris.