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Cette rue parmi les plus anciennes de Paris est le paradis des ébénistes depuis le XVIIe siècle

Passage du Chantier © Alamy
Par Alexandre M

À l’image de la Cité du Figuier ou du square de Montsouris, la capitale regorge de ces petits endroits cachés derrière les façades haussmanniennes ou au détour d’une rue, dont on ne soupçonnerait jamais l’existence. En prenant la direction du 12ème arrondissement, où les grands espaces verts, un riche patrimoine et un passé marqué par l’artisanat en font l’un des arrondissements les plus appréciés des curieux et autres promeneurs, on peut par exemple admirer l’une des voies les plus charmantes et historiques de Paris.

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Un passage méconnu mais ô combien majeur dans l’histoire de Paris

Encore mieux qu’une rue, car uniquement réservé aux piétons et ainsi baigné dans un silence presque dépaysant, le Passage du Chantier est assurément l’une des haltes immanquables lors d’une virée dans le 12ème arrondissement. Formidable vestige du Paris d’antan niché entre la rue du Faubourg Saint-Antoine et la rue de Charenton, cette vieille voie pavée et étroite fut ouverte en 1842, soit quelques années avant la profonde transformation de Paris sous le Second Empire. Quant à son nom, il n’a rien à voir avec une légende, un événement historique ou une personnalité : le Passage du Chantier s’appelle ainsi en raison de la présence d’un chantier de bois à brûler en son sein. Long de 120 mètres, il s’articule en plein quartier des Quinze-Vingts, non loin de la Gare de Lyon. Car ici, le bois n’est pas un simple matériau, mais une véritable tradition. L’allée s’est forgée une solide réputation grâce à ce travail historique sur le bois. Traditionnellement, le quartier est celui des ébénistes, qui le fréquentent depuis le XVIIe siècle. En 1700, le Faubourg Saint-Antoine comptait en effet près de 500 menuisiers et 400 ébénistes, du petit apprenti au grand artisan de renom. Preuve en est : Marie-Antoinette fut une fervente cliente de ce passage, en se fournissant à l’atelier d’Adam Weisweiler. Il faut dire que la situation géographique, et notamment la proximité de ports de débarquement le long de la Seine, y favorise le développement des métiers du bois.

Un passage riche en histoire © Flickr 
Un passage riche en histoire © Flickr

Là où il fallait se rendre pour du mobilier de qualité

Aux XVIIe et XVIIIe siècles, le faubourg Saint-Antoine accueillait à son apogée les plus grands ébénistes, attirés par les privilèges offerts par l’abbaye Saint-Antoine : Etienne Levasseur, Jacques Bircklé, Roger Vandercruse dit Lacroix ou encore Jacques Dubois… Avec le déclin de la profession d’ébéniste à la fin du XIXe siècle, le Passage du Chantier devient également celui des marchands de meubles et de passementeries. Bien qu’assez étroit et peu lumineux, voire parfois sombre, le passage du Chantier demeure pourtant très coloré, grâce aux tons variés des façades de ses échoppes. Ces vieilles enseignes en fer forgé ornent toujours les devantures des boutiques et la tradition est toujours présente, comme en témoignent les nombreux artisans qui peuplent l’allée, spécialisés pour la plupart dans la vente de mobilier moderne ou ancien. Comme pour perpétuer encore plus efficacement le charme, de petites arrière-cours minuscules servent de courettes d’exposition aux fabricants de meubles, aux ateliers de tapisserie d’ameublement, de copie de meubles de style ou de restauration.

Des pancartes qui font figure de monuments historiques © Jeanne Menjoulet
Des pancartes qui font figure de monuments historiques © Jeanne Menjoulet

Une atmosphère préservée à savourer

Paradis des ébénistes, le Passage du Chantier illustre donc parfaitement l’importance de l’activité industrielle et des échanges entre la rue du Faubourg Saint Antoine, où étaient vendus les meubles, et la rue de Charenton où de nombreux ébénistes travaillaient. Surtout, celui-ci fait partie de ces voies parisiennes aux histoires assez étonnantes. Difficile de s’en rendre compte en passant devant, mais l’établissement qui se trouve au n°10 abritait pendant la révolution de 1848… une fabrique clandestine d’armes. Habituellement destinée à la fabrication de balcons et de balustrades, l’échoppe produisait alors des balles, de la poudre et des cartouches. Une chose est sûre : tout comme le passage de l’Ancre, le passage Brady ou la Galerie Vivienne, le Passage du Chantier fait partie de ces merveilles méconnues de Paris, qui nous transportent, encore aujourd’hui, dans une autre époque avec une facilité déconcertante… et terriblement addictive. Et si l’on cherche du mobilier d’inspiration ancienne, comme de grandes banquettes style Louis XVI, c’est assurément ici qu’il faut se rendre.

Promenade hors du temps © Flickr
Promenade hors du temps © Flickr

Passage du Chantier
Quartier Quinze-Vingts
75012 Paris

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Image à la une : Passage du Chantier © Alamy

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