Loulou de la Falaise a épaté le XXème siècle par sa créativité et son esprit hors des sentiers battus. Incarnation de la Parisienne, elle a été l’une des muses et amie proche du couturier Yves Saint Laurent.
Enfance aristocrate
Louise Le Bailly de La Falaise est née en 1947 dans les hautes sphères de la société anglaise et française. Si son père possède le titre de comte, sa mère, Maxime, est également une aristocrate et la mannequin préférée d’Elsa Schiaparelli. D’ailleurs, la légende raconte que Loulou n’aurait pas été baptisée avec de l’eau bénite, mais avec le parfum Shocking de Schiaparelli. Chez les La Falaise, l’art occupe une grande place et Louise grandit en compagnie de grands artistes : son grand-père est un ancien portraitiste de cour, son oncle est réalisateur et son frère deviendra designer de meubles.
Lorsqu’elle a sept ans, ses parents divorcent et elle entre dans un internat anglais, puis suisse et enfin dans le lycée français de New York. Dans chacun de ces établissements, elle se fait renvoyer pour mauvaise conduite. Elle vit son adolescence dans le bouillonnement culturel du Swinging London des années 1960. Intéressée par la mode, elle commence à rédiger des articles dans le magazine Harper’s & Queen.
Plus tard, elle suit sa mère, remariée avec le conservateur du Metropolitan Museum of Art, à New York, . Tandis qu’elle rencontre de nouveau les artistes les plus en vogue du moment (comme Andy Warhol ou Richard Avedon pour ne citer qu’eux…), elle se met à poser pour Vogue en tant que mannequin. Dans la même période, elle dessine des imprimés pour Halton et devient l’assistante du photographe Helmut Newton. A la fin des années 1960, elle travaille même comme rédactrice en chef du magazine Queen.
La vie à Paris
A moins de 20 ans, Loulou a déjà dans son cercle les plus grands noms de la sphère culturelle occidentale. Après un mariage éclair avec un aristocrate irlandais avec qui elle ne reste qu’un an, elle décide de se rendre à Paris. Invitée à un thé chez le créateur de lingerie Fernando Sanchez, elle rencontre un créateur qui a déjà un grand succès : Yves Saint-Laurent. Les deux esprits se rencontrent et s’apprécient. Lorsque Saint-Laurent lui demande de rejoindre son équipe deux ans plus tard, elle accepte et intègre sa maison en 1972. Elle devient indispensable au couturier dont elle est certes la muse et la collaboratrice, mais également l’amie sincère.
C’est d’ailleurs Saint-Laurent qui lui dessine en quelques minutes sa robe de mariée de secondes noces. En effet, Loulou épouse en 1977 son ami d’enfance, l’écrivain Thadée Klossowski de Rola qui n’est autre que le fils du peintre Balthus. Pour leur mariage, le couple opte pour le thème de l’Inde. Loulou est vêtue de la tunique indienne créée par Saint-Laurent et d’un turban. La cérémonie se déroule au Bois de Boulogne et la fête qui suit reste longtemps dans l’esprit des 500 convives comme l’une des plus réussies de la décennie. Thadée et Loulou forment le couple le plus chic de la capitale, représentatif de « la fantaisie parisienne des années 1970 » selon la journaliste Alicia Drake. Bohème, élégant, talentueux, glamour…le couple ne cesse d’organiser des fêtes toutes plus féériques les unes que les autres. En 1985, leur union est couronnée par la naissance de leur fille, Anna.
Un style inimitable
Loulou a, toute sa vie, opté pour une garde-robe inventive et extravagante. Chaque jour, elle s’incarne de différentes façons grâce à ses tenues et ses nombreux accessoires. En partant d’un vêtement insignifiant, elle est capable de créer des merveilles qui ravissent son entourage.
Véritable virtuose de la mode, avec une créativité sans limite et des doigts de fées, Loulou apporte aux créations d’Yves Saint-Laurent la fantaisie, la légèreté et l’extravagance. Fascinée par le pouvoir des accessoires, elle produit chaque années près de 2000 pièces au nombre desquelles des bijoux et des chapeaux. Sa marque de fabrique se caractérise par l’ajout de grosses pierres colorées ou de cristal de roche. Très active, elle travaille parfois jusqu’à tard dans la nuit sur ses créations.
En 2002, Yves Saint Laurent prend sa retraite et Loulou décide de lancer sa propre marque. Vêtements, bijoux, mais aussi objets de décorations, sa soif de créations semble inaltérable. Elle continue même les collaborations avec les autres créateurs car elle dessine en 2007 des bijoux pour Oscar de la Renta.
En novembre 2011, Loulou décède à la suite d’une longue maladie, certainement un cancer du poumon.
Virginie Paillard
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Image de mise en avant : © Jean-Pierre Masclet