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La Bièvre, la rivière ensevelie de Paris, bientôt déterrée ?

Par Cyrielle

C’était l’une des principales propositions des écologistes pendant la campagne municipale : dans une volonté de rafraîchir la ville et renforcer la biodiversité à Paris, l’écologiste Anne Souyris – alors adjointe EELV à la santé – proposait de ressusciter la Bièvre, l’affluent de la Seine serpentant la rive gauche de la capitale, et de la déterrer à certains endroits du 13e arrondissement.

Une étude de faisabilité lancée dès 2021

L’idée a été relancée le mercredi 7 octobre 2020 au Conseil de Paris, avec l’adoption du vœu des écologistes pour le lancement, dès 2021, d’une étude évaluant la faisabilité d’une réouverture de la Bièvre. Cette étude s’appuiera sur les précédentes études menées conjointement par l’Institut Paris Région et l’Atelier parisien d’urbanisme (APUR). Un comité de suivi associant les maires et élus des 5e et 13e arrondissements ainsi que des représentants associatifs sera également créé.

Les conseillers EELV de Paris ont vivement défendu cette mesure, arguant que “la qualité de l’eau s’est grandement améliorée et plus rien ne justifie que l’eau de cette rivière ne coule dans les égouts“. Ils ont été secondés par la gauche, mais également par les centristes qui avaient également mis en avant cette mesure lors de la campagne. Au programme si le projet obtient le feu vert ? Un déterrement de la rivière dans plusieurs parcs emblématiques de Paris (le parc Kellermann et le square René Le Gall notamment), une coulée verte et une ouverture de plusieurs canaux dans les rues parisiennes.

Un peu d’histoire: la Bièvre, la rivière fantomatique

Aujourd’hui ensevelie dans les sous-sols des 5e et 13e arrondissements, la rivière de la Bièvre, qui prend sa source à Guyancourt, se jetait à l’époque dans la Seine, au niveau de la gare d’Austerlitz, après être entrée dans la capitale près de la porte d’Italie. Du Moyen-Âge et jusqu’au XIXe siècle, ses rives étaient très prisées des blanchisseurs, tisserands, mégissiers et teinturiers qui, à l’instar de l’atelier de teinture des Gobelins, s’installent le long de la rivière pour développer leurs activités artisanales.

Malheureusement, cette exploitation excessive aura raison de la rivière, ancienne source d’eau potable devenue un bourbier pollué et sale dans une période accablée par les épidémies. Ce sont les travaux d’assainissement organisé au milieu du XIXe siècle, puis à nouveau au tournant du XXe siècle, qui achèveront définitivement le cours de la Bièvre à Paris : ce dernier est alors enterré et son cheminement est détourné vers les égouts de Paris.

Une volonté de recréer le cours d’eau dans la capitale

Si quelques villes qui bordent Paris ont décidé de découvrir la Bièvre, comme Hay-les-Roses dans le Val-de-Marne, ce n’est pas encore le cas de la capitale. L’idée a néanmoins vu le jour au début des années 2000, mais cela impliquait la construction d’une centrale d’assainissement beaucoup trop coûteuse.

Pendant sa campagne municipale, la tête de liste EELV du 13e arrondissement, Anne Souyris, avait fait de cette idée le projet phare de son programme, en collaboration avec David Belliard, candidat EELV à la Mairie de Paris, qui déclarait que « hier nous fermions les fleuves et nous ouvrions des autoroutes. Nous allons faire l’inverse maintenant ». Ce qui change la donne aujourd’hui tient dans le fait que l’eau est propre en amont, ce qui enlève le problème budgétaire de la centrale.

Projet Bièvre
La maquette de ce que donnerait la Bièvre découverte dans les rues parisiennes (ici, la rue Brillat-Savarin)

Les partisans de ce projet souhaitent faire de la Bièvre un « corridor écologique, un point de fraicheur en cas de canicule, un axe paysager et symbole majeur en cette période de réchauffement climatique ». Le coût de ce projet reste élevé : 50 millions d’euros environ mais il s’agit d’une occasion en or pour un réaménagement urbain de taille, dans un contexte où redonner de la place à la nature dans les villes est au cœur des débats.

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