Récemment, Facebook a censuré le célèbre tableau de L’Origine du monde de Gustave Courbet, qui a fait scandale lorsqu’il a été peint en 1866. On peut tout de même librement aller le voir au musée d’Orsay, où est exposée une autre toile qui a défrayé la chronique à la même période : L’Olympia de Manet. Retour sur ce scandale de la peinture moderne.
Une reprise de Titien
Le nu féminin est un grand classique de la peinture, depuis des centaines d’années. Pourtant, certaines œuvres qui montrent des corps de femmes ont régulièrement fait couler beaucoup d’encre. C’est le cas de L’Olympia peinte par Édouard Manet en 1863. Pourtant, il s’inspire d’un grand tableau de la Renaissance : La Vénus d’Urbain du Titien, qui date de 1538. Pourquoi cette reprise a-t-elle fait scandale plus de trois siècles plus tard ?
D’une déesse à une vraie femme
La thématique du tableau de Titien est mythologique et met en scène la déesse de l’amour. L’Olympia n’a pas cet alibi de représenter une allégorie, ce qui ne se fait pas à l’époque. À droite du modèle se trouve un petit chat noir dont la queue est toute dressée : à l’époque il s’agit encore d’un fort symbole de malheur. Derrière Oympia se trouve une servante noire, qui lui porte un bouquet de fleur provenant de l’un des admirateurs de la jeune femme nue du premier plan.
Derrière la prostituée se cache une peintre
Une des raisons pour expliquer le scandale autour de L’Olympia est que son modèle serait une prostituée, Victorine Meurent, qui fixe le spectateur d’un regard qualifié par certains d’aguicheur. Pourtant, on l’oublie souvent mais Victorine Meurent a débuté sa carrière comme modèle dans une école d’art, avant d’elle-même devenir peintre ! Un de ses autoportraits a d’ailleurs été présenté au Salon officiel une année où Manet a été refusé.
Les peintres du Salon des refusés
La toile ne perd néanmoins pas de son parfum de scandale. Elle a été présentée en 1865 au Salon officiel, non pas par reconnaissance pour l’œuvre mais par peur de la tenue d’un nouveau Salon des refusés, régulièrement organisé lorsque l’officiel refuse des toiles jugées trop immorales. Renoir, Pissaro, Sisley ou encore Monet ont régulièrement participé à ce contre salon, la modernité de leurs œuvres n’étant pas au goût du jour. Tous ces artistes sont reconnus aujourd’hui comme les maîtres de peinture moderne ! On se presse pour voir ces chefs d’œuvres qui ont suscité beaucoup de dégoût et de haine à leur époque.