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Le château de Vincennes, une résidence royale chargée d'histoire

Par Sarra

Principale demeure des rois dans la capitale, le château de Vincennes est, avec le Louvre, un haut lieu de la monarchie ! Résidence de chasse des rois Capétiens, prison, manoir… avant de devenir le dernier témoignage de forteresse médiévale dans toute l’Europe, son histoire mouvementée l’amène à changer de nombreuses fois ses plans et fonctions.

C’est aux abords de Paris, à l’extrémité de la ligne 1, que se dresse depuis 8 siècles ce joyau du Moyen-Âge. Dès le 11ème siècle, le bois de Vincennes devient l’un des terrains de chasses favoris des souverains capétiens. Et pour savourer ses petits moments de répit loin du tumulte de la ville, une résidence de chasse est construite dès l’acquisition royale du bois.

Un haut lieu de la monarchie

Devenu lieu de villégiature de prédilection de la monarchie, le pavillon est remplacé sous Philippe-Auguste par un manoir en pierre et clos le domaine par d’épaisses murailles. Les plans du nouvel édifice sont pensés pour lui assurer une défense de taille tout en gardant sa première fonction, être digne d’accueillir la famille royale. C’est ici que débute l’histoire du château de Vincennes.

Saint-Louis, petit-fils de Philippe-Auguste suit les traces de son grand-père et fait construire dans l’enceinte une tour au sud-ouest ainsi qu’une salle d’apparat à la hauteur du souverain. À sa mort, et jusqu’au milieu du 14e siècle, le manoire de Vincennes devient le lieu de résidence de la famille royale et scène des événements majeurs de leur vie.

Et lorsqu’en 1358, la capitale est sous tension depuis que les Parisiens révoltés prennent d’assaut le Palais de la Cité, Jean II Le Bon et son fils Charles V vont considérablement amplifier l’aspect défensif du domaine. Grâce à de brillants noms de l’architecture comme Raymond du Temple à qui l’on doit certains aménagements de Notre-Dame de Paris ou du Louvre, le manoire se modernise et s’agrandit.

Une puissante forteresse inpénétrable

Une enceinte rectangulaire dotée de 9 tours hautes de 40 mètres protège désormais l’immense propriété royale. Mais la pièce maîtresse du règne de Jean II Bon est sans aucun doute le donjon, un vrai chef-d’œuvre de 50 mètres de hauteur qui ne trouve aucun égal dans toute l’Europe ! Véritable château dans le château, la puissante tour carrée est dotée de quatre tourelles et l’ensemble est protégé par une enceinte. Exemple sans pareil de ce qu’est l’architecture défensive du Moyen Âge, le donjon est également doté d’un pont dormant en pierre et d’un pont-levis pour contrôler au mieux les entrées et sorties.

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Tout est pensé pour protéger le roi ! À l’entrée on retrouve un châtelet doté d’une herse et d’un assommoir, l’enceinte est dotée de murs crénelés et de meurtrières et escarpes talutés pour dévier les projectiles des assaillants. En 1373, Charles V organise également la basse-cour, une série de maisons organisée en quadrilatère en continuité du château et qui permet de loger les domestiques du roi. Il ne faut pas oublier qu’à cette époque, le roi est suivi d’au moins 200 hommes et femmes pour le servir, et la reine n’en a pas beaucoup moins, il faut pouvoir loger tout ce beau monde ! Lieu capital pour le royaume, le château tient le rôle de centre du gouvernement et de l’administration du royaume.

Et si le bâtiment est conçu comme une puissante forteresse impénétrable, les décors et le raffinement ne sont pas en reste ! Une manière pour Charles V d’affirmer une fois de plus son pouvoir, fortement contesté par le roi d’Angleterre qui revendique le trône par sa descendance directe de Philippe le Bel et par un peuple qui a grandement souffert de la guerre. Connu pour sa grande piété, Charles V fait également construire en 1380 la Sainte-Chapelle au sein même du domaine pour conserver les reliques de la Couronne d’épines rapportées par Saint-Louis au cours de l’une de ses croisades du 13e siècle. La construction de cette chapelle réputée comme étant la quintessence du style gothique flamboyant, nécessitera plus d’un siècle de chantier et ne sera achevée qu’en 1552 sous le règne d’Henri II.

Durant le règne de Louis XI, les appartements du roi situé dans le donjon sont délaissés dès la construction d’un nouveau bâtiment au sud-ouest de l’enceinte, le pavillon du Roi. Et bien que remis au goût du jour sous François 1er, l’assassinat d’Henri IV pousse Marie Médicis inquiète pour son jeune Louis 13 à commander un nouveau pavillon hautement sécurisé.

Mazarin, habité lui aussi par cette volonté de protéger son souverain, le roi Louis XIV, fera construire de nouveaux bâtiments par Louis le Vau, l’architecte à qui l’on doit également Versailles. Un pavillon du roi et un autre pour la reine sont érigés dans l’enceinte, tous deux répondant à une architecture classique caractérisée par l’importance de l’ordre et de la symétrie. Et pour organiser les bâtiments construit au fil du temps selon les codes architecturaux de leurs époques respectives, Louis le Vau décide de séparer l’ensemble médiéval à ses pavillons classiques par une clôture à arcades. Mais lorsque Louis XIV choisit d’installer sa cour à Versailles en 1682, le château de Vincennes est peu à peu délaissé. Si Louis XV continue de fréquenter le château comme pavillon de chasse, il finit par être rayé de la liste des résidences royales en 1784 et Louis 16 songe même à raser la forteresse.

Finalement, le château est conservé, et le donjon est utilisé dès le XVIème siècle comme prison. Pour cela l’architecture de la tour est quelque peu transformée, et pour éviter toute tentative de fuite les fenêtres des trois premiers étages sont murées. Elle a d’ailleurs détenu de nombreuses personnalités célèbres comme Mirabeau, le marquis de Sade ou encore Diderot.

Un déclin progressif

Par la suite l’édifice change tour à tour de fonction. Manufacture de porcelaine, d’armes et même boulangerie ! Le château perd peu à peu de sa superbe jusqu’à l’installation en 1796 de l’arsenal de Paris qui remet au goût du jour le domaine et fait disparaître certains éléments tels que le manoir de Saint-Louis. Débute alors l’histoire militaire de cette forteresse médiévale avec notamment la construction des casemates, sortes d’abris pour se protéger des projectiles et l’implantation en 1826 de l’École d’artillerie de la garde royale dans l’aile sud du pavillon.

Mais au fil du temps, le château qui a vécu pas mal d’attaques et de batailles est grandement endommagé. Les différents éléments de l’enceinte sont peu à peu classés aux monuments historiques et l’on met en place des programmes de restauration. Mais l’installation de l’état-major français suivi de l’armée allemande dans le château cause de nouveaux dommages nécessitant de longs travaux de restauration toujours en cours.

Après des années de chantier, il est désormais possible de visiter ce lieu chargé d’histoire et qui abrite aujourd’hui le siège du Service historique de la Défense dont les bibliothèques et archives sont accessibles au public. De nombreux événements se déroulent également dans ce vaste espace particulièrement durant la période estivale avec divers ateliers, projection et même l’organisation annuelle d’une course à pied sur 10 km !

Pour découvrir l’histoire de cette résidence royale, des visites guidées organisées par Le Centre des monuments nationaux vous permettront de découvrir ce haut lieu dans les moindres détails. Et pour les plus connectés, une application disponible sur tous les smartphones vous permet de visiter le château guidé par l’illustre roi Charles V.

Images : Google arts & culture  //  Wikipédia  //  Wikipédia  //  Google arts & cuture  // Mairie Vincennes
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