Ce somptueux château méconnu qui inspira Perrault pour la Belle au Bois Dormant ne se trouve qu’à 3h de Paris !

Par Alexandre M

Regarder un film d’animation, ce n’est pas seulement se prendre d’affection pour des personnages fictifs, c’est aussi se demander comment les créateurs ont pu imaginer un tel univers. On le sait, beaucoup de classiques Disney s’inspirent par exemple de contes, qu’ils soient écrits par les frères Grimm ou Hans Christian Andersen. Mais l’un des contes les plus connus demeure assurément celui de la Belle au Bois Dormant, que l’on doit à Charles Perrault, célèbre homme de lettres du XVIIe siècle. Si l’on connaît tous l’histoire, celle d’une princesse maudite condamnée à un profond sommeil que seul un prince peut réveiller, saviez-vous que l’inspiration de Perrault pour un détail majeur venait de France… à quelques heures seulement de Paris ?

De place forte à demeure de plaisance

C’est sur les bords de l’Indre que se trouve un château, reconnaissable par ses jolies tours et tourelles surmontées de toits d’ardoises et ses blanches façades de tuffeau, matière emblématique de la région. Bienvenue au Château d’Ussé, situé dans la commune de Rigny-Ussé, qui sut séduire immédiatement Charles Perrault. Une fois devant, difficile d’imaginer que ce somptueux château fut à la base érigé en place forte au Moyen-Âge, lorsque le Viking Gelduin Ier édifie aux environ de l’an 1000 une forteresse constituée de bois et de pierre, sur un nid d’aigle à flanc de coteaux et adossée à la fabuleuse forêt de Chinon. Il faut attendre le XVIIème siècle pour que le château soit transformé en demeure de plaisance, avec le charmant pavillon construit pour le mariage de la fille du Maréchal de Vauban avec le Marquis de Valentinay, fils du propriétaire et contrôleur des finances de Louis XIV. Ce dernier parvient même à obtenir les faveurs du roi, qui érige Ussé en marquisat et qui aura l’occasion de faire une halte à Ussé avant de poursuivre son voyage vers Nantes. Les descendants de Valentinay vendent le château en 1780 et celui-ci est racheté en 1807 par Amédé-Bretagne-Malo de Dufort. Depuis, le château est transmis de génération en génération jusqu’au duc de Blacas, actuel propriétaire qui habite encore le lieu.

La magie de la Belle au Bois Dormant prend vie au château d’Ussé

En tant que lieu de résidence, ce n’est donc qu’une partie du château que l’on peut visiter, l’occasion de découvrir quelques salles, comme l’entrée avec ses meubles Renaissance, la salle des Gardes avec son plafond en trompe-l’œil, le salon de Vauban avec son cabinet florentin et ses tapisseries de Bruxelles, la galerie centrale et ses tapisseries du XVIIe siècle, la salle à manger avec son mobilier Louis XV et son argenterie armoriée, le grand escalier avec sa chaise à porteur, l’antichambre avec ses tableaux de maîtres ou encore la chambre du roi dans laquelle a notamment dormi Louis XIV. Autre lieu immanquable de la visite : la tourelle, scénarisée autour du célèbre conte de la Belle au Bois Dormant. Au sommet du magnifique donjon octogonal et de son chemin de ronde, l’histoire de La Belle au Bois Dormant prend forme pièce après pièce : la princesse Aurore, ses trois marraines fées, la méchante fée Carabosse et le rouet qu’elle utilisa pour plonger la princesse dans un profond sommeil et bien sûr le Prince Charmant qui la réveilla grâce à un doux baiser… tous les ingrédients de ce conte légendaire sont rassemblés pour offrir un voyage plein de poésie et de merveilles.

Le Nôtre, autre grand architecte au prestige des lieux

Mais si tous les contes se terminent presque par “Ils vécurent heureux jusqu’à la fin des temps”, la fin de la visite du château d’Ussé ne se termine pas dans le donjon. La meilleure conclusion possible à cette visite est une agréable balade dans les jardins à la française. De véritables chefs-d’œuvres que l’on doit à André Le Nôtre, lui aussi intimement lié à l’histoire du Château d’Ussé. Ici, pour ce qui est l’un des plus beaux jardins de la Loire, le “jardinier du roi” bouleverse les règles de l’horticulture et joue avec les symétries, les figures géométriques et les perspectives. Par ailleurs, il ajoute la maîtrise des fontaines et des bassins. Parmi les plus belles œuvres de ce jardin, l’Orangerie construite en 1664, où des agrumes, orangers et citronniers continuent d’offrir un festival de senteurs et de couleurs, ou ces deux cèdres du Liban, offerts par Chateaubriand, habitué des lieux, à la duchesse de Duras, l’auteur de “Ourika”. Une promenade dans les parterres de Le Nôtre tout en admirant la magnifique allure du château d’Ussé, voilà une très belle image à se mettre en tête pour terminer la visite. Attention seulement à ne pas se piquer en reniflant une rose…