Vous la connaissez peut-être sans le savoir : la petite ceinture est une ligne de chemin de fer à double voie en inactivité qui fait le tour de Paris et l’encercle tel un serpent. En proie à de nombreuses évolutions, ce labyrinthe est le gage d’un lieu insolite et offre un vent de liberté unique tout en ayant le potentiel de devenir le futur organe vert de la capitale.
Origines
La taille de la petite ceinture n’est pas anodine et c’est pour cela qu’elle interpelle : cette colonne vertébrale située intramuros avoisine les 32,5 km de long et traverse neuf arrondissements de Paris pour un total de trente-six gares existantes. Son développement débute au XIXe siècle au milieu des années 1850 et répond à plusieurs critères : le premier est d’ordre technique, car la capitale souhaite relier les gares parisiennes et limiter les ruptures de charges (le transfert de marchandises d’un véhicule à un autre). Le second est d’ordre stratégique, car les fortifications de la ville nécessitent un réseau ferroviaire interne pour anticiper une attaque extérieure. Le troisième critère, et non des moindres, est la création d’un chantier pour lutter contre le chômage.
Succès et déclin
Les travaux s’achèvent en 1869 et le trafic de marchandises de la petite ceinture atteint des sommets records avec plus de 780 000 tonnes transportées en 1877. Le trafic de voyageurs connaît lui aussi un franc succès avec la circulation de 20 trains par heure en 1889 et le réseau, propulsé par l’engouement autour de l’Exposition universelle, accueillent pas moins de 39 millions de voyageurs en 1900. Mais cette cadence est éphémère car un concurrent implacable apparaît, le métropolitain, qui met fin à l’hégémonie de la petite ceinture dans le Paris intramuros : avec la ligne de métro n° 6 mise en service entre 1903 et 1906, le réseau ferroviaire passe de 39 millions de voyageurs en 1900 à 14 millions en 1913 et 7 millions en 1927. En 1934, le métro est entièrement déployé et la petite ceinture tombe peu à peu en désuétude, hormis son trafic de marchandises qui perdure jusqu’en 1993.
Perspectives durables
Bien que la petite ceinture reste une infrastructure ferroviaire de grande ampleur, son inactivité entraîne l’apparition progressive d’un manteau de végétation aux abords du tracé voire sur certaines portions de rails pour constituer 50 hectares d’espace vert. Faune et flore se développent et la nécessité de préserver ce point névralgique de la biodiversité parisienne apparaît. Depuis 2006, la Ville de Paris et la SNCF effectuent un travail commun de réhabilitation de la petite ceinture en créant des sentiers, des promenades et des jardins partagés. Le projet le plus récent est la création d’un parc de 3,5 hectares composé d’une forêt, la “forêt urbaine de Charonne“, avec une plantation d’un millier d’arbres attendue en 2024.
Bien que certaines parties de la petite ceinture soient interdites au public, sa vocation est aussi sociale et de nombreux habitants participent à cette démocratisation : des associations militent pour proposer des activités pédagogiques avec les écoles, des riverains établissent des ateliers de co-construction, des espaces culturels voient le jour contenant cafés, restaurants et expositions… Si la plupart sont encore disséminés aux quatre coins de la ligne, l’Association des Promeneurs de la Petite Ceinture (APPC) milite pour relier le réseau et créer un circuit continu de 32 km. La petite ceinture est un lieu de rassemblement où ville et nature peuvent coexister, mais doit encore répondre à de nombreux enjeux.
Accessibilité : Cf. Association pour la Sauvegarde de la Petite CeintureÂ
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Image à la une : © Elena Belyaeva / Adobe Stock
Julien Mazzerbo