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Les médecines asiatiques à l’honneur dans une expo au musée Guimet

Vue de l'exposition "Médecines d'Asie" au musée Guimet

Jusqu’au 18 septembre 2023, le musée Guimet s’intéresse aux médecines asiatiques à travers leurs traités, leurs soins et leurs croyances magico-religieuses. En traversant plusieurs millénaires, on explore une discipline de l’équilibre accordant l’âme et le corps, le naturel et le surnaturel, la parole du soignant et du patient, qui s’oppose à la recherche rationnelle de la médecine occidentale.

Des médecines plurielles

L’exposition s’ouvre sur la présentation de différentes médecines asiatiques dans une salle sombre, animée par des effets visuels et sonores, censés évoquer la sérénité et la fluidité des éléments – mais les mouvements incessants au sol peuvent au contraire déstabiliser. On y découvre alors l’Ayurveda ou la médecine indienne, qui signifie littéralement « savoir pour prolonger la durée de vie ». Le parcours dévoile plusieurs textes sacrés rédigés en sanskrit au début de l’ère chrétienne, dont la Sushruta Samhita, et la Charaka Samhita, qui se rapprochent de ce que l’on nomme la « théorie des humeurs ». Ainsi, dans la médecine ayurvédique, le diagnostic des maladies se fonde sur trois humeurs : le vent, la bile et le phlegme, commandés par les divinités Vayu, Agni et Varuna. L’équilibre de ces trois humeurs est régulé par le métabolisme et les influences extérieures, mais aussi par une bonne alimentation, l’absence d’excès et la pratique d’activités physiques.

Vue de l'exposition "Médecines d'Asie" au musée Guimet
Vue de l’exposition “Médecines d’Asie” au musée Guimet

On part ensuite du côté tibétain avec le sowa rigpa ou la « médecine des soins », qui existe depuis le VIIe siècle. Tout en empruntant aux savoirs indiens et chinois, elle puise dans son texte fondateur, Les Quatre Tantra, rédigé au XIIe siècle par le savant lettré Yuthog Yonten Gonpo qui y traite d’anatomie, de physiologie, de diagnostics et de thérapies en lien avec la magie et la religion.

Vue de l'exposition "Médecines d'Asie" au musée Guimet
Vue de l’exposition “Médecines d’Asie” au musée Guimet

Enfin, l’Extrême-Orient a aussi développé une médecine qui est avant tout préventive : en garantissant un équilibre au sein du corps, elle permet au patient d’éviter le développement de maladies. En Chine, cette harmonie s’exprime à travers le qi ou « souffle vital », qui circule de manière régulière à travers douze méridiens correspondant aux douze organes principaux. Datant de la fin du Ie siècle avant notre ère, l’ouvrage de référence est le Classique interne de l’empereur Jaune de l’empereur Huangdi. Pour entretenir ce flux, la chaleur, l’acupuncture et la pharmacothérapie sont privilégiées.

Soigner l’âme et le corps

Après une présentation générale des principes et des textes fondateurs de ces médecines, la suite du parcours établit les différents soins et méthodes caractéristiques. Les déséquilibres internes sont d’abord observés par le médecin à travers les organes les plus visibles, tels que les yeux, la peau ou la langue, mais aussi dans les sécrétions, les fluides corporels, ou le pouls. Ensuite, les organes vitaux sont palpés par le soignant. Contrairement à la médecine moderne, le patient est aussi interrogé sur son expérience personnelle et ses sensations physiques pour permettre d’élaborer un diagnostic. En ce sens, la médecine est considérée comme un échange de connaissances entre médecin et patient permettant de repérer un trouble.

Vue de l'exposition "Médecines d'Asie" au musée Guimet
Vue de l’exposition “Médecines d’Asie” au musée Guimet

Le rééquilibre est alors recherché à l’aide de l’acupuncture, de la moxibustion et de l’ingestion de préparations médicamenteuses. La moxibustion consiste à appliquer sur la peau des moxa, dont la chaleur permet de stimuler certains points du corps situés sur les canaux d’énergie du qi. L’acupuncture consiste quant à elle à piquer ces mêmes points avec de fines aiguilles de métal, tandis que des ventouses appliquées sur la peau favorisent la circulation. Des illustrations et des mannequins dévoilent ainsi ces différents circuits et points existants au sein du corps humain.

Vue de l'exposition "Médecines d'Asie" au musée Guimet
Vue de l’exposition “Médecines d’Asie” au musée Guimet

Bien sûr, le médecin fait aussi appelle à une pharmacopée précise, en se servant de matières végétales ou animales, comme la noix d’arec, le pavot ou certains champignons. Le parcours dévoile plusieurs flacons et préparations servant à pratiquer ces soins.

Vue de l'exposition "Médecines d'Asie" au musée Guimet
Vue de l’exposition “Médecines d’Asie” au musée Guimet

En parallèle, la pratique d’exercices physiques, comme le qi gong ou le tai chi, permettent de retrouver un équilibre et une mobilité au sein du corps, tandis que la méditation participe à transformer son expérience en atteignant une certaine tranquillité de l’âme. Une salle invite d’ailleurs le visiteur à se prêter à l’exercice, soulignant la nécessité de soigner l’esprit autant que le corps.

Les causes surnaturelles

Bien loin de la médecine moderne occidentale, qui rejette toute correspondance entre la science et la religion, les médecines asiatiques recourent souvent aux divinités salvatrices. L’exorciste et le médecin deviennent alors complémentaires : c’est après la consultation du médecin que le patient rencontre un exorciste pour recevoir la protection de différentes divinités. Celui-ci utilise alors des tabliers en os ou des masques en bois durant sa cérémonie, afin de purger le mal et assurer l’équilibre du corps. En Corée, c’est le chamane qui assure une guérison en entrant en communication avec les esprits malfaisants et en les chassant du corps de son patient.

Vue de l'exposition "Médecines d'Asie" au musée Guimet
Vue de l’exposition “Médecines d’Asie” au musée Guimet

Les médecines asiatiques portent aussi une attention particulière aux phénomènes célestes, censées jouer un rôle sur la destinée des êtres. Qu’il s’agisse des figures du zodiaque et des animaux de la culture chinoise, ou des navagraha de la tradition hindoue, l’astrologie apporte des connaissances importantes sur l’individu et renseigne les médecins sur les causes d’un déséquilibre.

Vue de l'exposition "Médecines d'Asie" au musée Guimet
Vue de l’exposition “Médecines d’Asie” au musée Guimet

Bien sûr, les objets ont également une dimension sacrée : amulettes et talismans, présentés dans le parcours, ont des fonctions particulières, qui permettent de protéger l’âme de certains démons ou de mauvais sorts. Les tissus et vêtements portés, généralement recouverts de diagrammes, permettent aussi d’attirer la faveur divine et d’éviter de tomber malade.

Entre Orient et Occident

En convoquant le surnaturel, et en donnant une place privilégiée à l’esprit, les médecines asiatiques s’opposent sur bien des points à celles de l’Occident. Toutefois, des échanges existent tout de même entre ces différents continents. Dès le XVIe siècle, la pharmacopée orientale intéresse de nombreux missionnaires portugais, français ou anglais. Plus tard, au XVIIIe siècle, les Occidentaux vont s’intéresser aux énergies, et notamment à l’acupuncture qui sera combinée à l’électricité pour donner naissance à « l’électropuncture », censée soigner les rhumatismes.

Vue de l'exposition "Médecines d'Asie" au musée Guimet
Vue de l’exposition “Médecines d’Asie” au musée Guimet

Du côté asiatique, les premières traductions des traités européens vont permettre une meilleure connaissance de l’anatomie humaine dès le XVIIe siècle. Aujourd’hui, des dialogues continuent d’exister entre les deux médecines : certains acupuncteurs ou guérisseurs sont par exemple appelés dans des hôpitaux pour soigner des maladies. Les médecines asiatiques servent également à titre préventif, en complément des soins pharmaceutiques des médecines occidentales.

Médecines d’Asie
Musée Guimet
6 place d’Iéna, 75116 Paris
Jusqu’au 18 septembre 2023

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