Ce somptueux château Renaissance au bord de l’eau a accueilli les séjours passionnés d’un célèbre couple d’artistes !

Par Alexandre M

N’y a-t-il pas plus romantique qu’un somptueux château de style Renaissance en plein cœur de la nature pour s’évader le temps d’une journée ou un week-end ? Que ce soit pour imaginer les fastueuses réceptions données en ces lieux quelques siècles auparavant ou s’émerveiller devant une architecture ponctuée de détails sublimes, il y aura toujours mille et une bonnes raisons de visiter un château. D’autant plus quand il s’agit d’un château de style Renaissance à faire partie de la célèbre appellation “châteaux de la Loire”.

Le somptueux frère méconnu d’Azay-le-Rideau

Membre éminent de ces “châteaux de la Loire” qui attirent chaque année des milliers de curieux, le château d’Azay-le-Rideau en est assurément l’un des plus beaux représentants. Édifié sous le règne de François 1er, ce château offre à lui seul tout le charme de la Première Renaissance, qui allie la tradition architecturale française et l’influence de l’art italien dans le décor et l’ordonnance des façades. Sans oublier des décors historiques prestigieux et des collections retraçant 4 siècles de l’histoire de France et un jardin romantique de 8 hectares. Et si l’on ne peut que sortir comblé d’une journée à visiter ce château, il serait dommage de quitter les environs sans une autre merveille locale. Non loin d’Azay-le-Rideau se situe en effet un château méconnu, mais qui ne manque pas de charme : le château de l’Islette. Enserré par les bras de l’Indre, cette somptueuse demeure est d’ailleurs cité de temps à autre comme un frère d’Azay-le-Rideau. Le nom de “l’Islette”, soit petite île, évoque bien entendu la présence de l’eau, un élément indissociable de la beauté du lieu. Parc à l’anglaise dessiné et planté vers 1830, création récente d’un jardin structuré et arbres centenaires participent également à l’harmonie du château, commandé par René de Maillé et achevé vers 1530. Ayant connu de nombreux propriétaires, le château de l’Islette appartient aujourd’hui à la famille Michaud, qui occupe les lieux une partie de l’année, tandis que les autres mois permettent au public d’en découvrir tous les charmes.

Un art de vivre parfaitement préservé © Association des Châteaux de la Loire

Terre de romance et d’inspiration

Rester de marbre devant ce joyau de la Renaissance est tout simplement mission impossible, d’autant plus quand on sait que même Camille Claudel et Auguste Rodin n’ont pu y résister. L’histoire du château est en effet marquée par les séjours répétés des deux artistes, qui louèrent le château au cours des étés 1890, 1891 et 1892 pour y travailler et y vivre intimement leur relation amoureuse. Des invités prestigieux dont le souvenir hante encore les lieux, comme l’atteste la présence de deux bronzes de Camille Claudel, La Petite Châtelaine et Les Causeuses. La sculptrice accompagnait Auguste Rodin, venu travailler sur son Monument à Balzac, dont le modèle, qui ressemblait à l’écrivain décédé en 1850, habitait à Azay-le-Rideau. Oeuvre majeure de Camille Claudel, La Petite Châtelaine a pour modèle la petite-fille des propriétaires du château à l’époque. De ce buste, Camille Claudel a exécuté quatre versions, qui diffèrent seulement par la chevelure. Quant au Balzac de Rodin, cette œuvre lui fut commandée par la Société des Gens de Lettres en août 1891. Complimenté par Camille Claudel, qui écrira notamment à Rodin de “s’attendre à un grand succès surtout près des vrais connaisseurs qui ne peuvent trouver aucune comparaison entre cette statue et toutes celles dont jusqu’à présent on a orné la ville de Paris”, ce Balzac est moins un portrait qu’une puissante évocation du génie visionnaire du créateur inspiré drapé dans la robe de moine qu’il revêtait pour écrire. Pour la petite histoire, ce monument trop novateur fit scandale lorsqu’il fut exposé en 1898 et la commande fut annulée, à tel point que Rodin ne vit jamais son monument coulé en bronze.

Un domaine préservé à (re)découvrir prochainement

Avec son long corps de logis rectangulaire à trois étages, flanqué de deux imposantes tours, le château de l’Islette incarne sans difficulté le charme de la Renaissance. Où l’on comprend mieux pourquoi Camille Claudel a écrit à Auguste Rodin “Vous ne pouvez vous figurer comme il fait bon à l’Islette… et c’est si joli là ! … Si vous êtes gentil à tenir votre promesse, nous connaîtrons le paradis”. Parfaite représentation de ce charme aussi enivrant qu’inspirant : la Grande Salle, pièce maîtresse du château de l’Islette, qui offre une remarquable décoration picturale de la fin du XVIe – début du XVIIe siècle, ayant également servi d’atelier à Camille Claudel et Auguste Rodin. Depuis 2010, les propriétaires font donc partager leur demeure, faisant ainsi découvrir les pièces actuellement habitées et l’aménagement du château, transportant le visiteur dans ce monument plus que vivant. Et après les charmes intérieurs, direction le parc, élément caractéristique et ô combien important d’un château de la Loire. Cadre naturel d’exception, le parc du château de l’Islette est une véritable invitation à la détente, avec la possibilité de pique-niquer face au château pour profiter au mieux de cet incroyable héritage de l’histoire.