Classé parmi "les plus beaux villages de France", cette superbe cité fondée il y a 1000 ans a pourtant été détruite plusieurs fois !

Par Alexandre M

Région historique de la France, la Bourgogne est une destination appréciée des passionnés d’histoire et d’architecture. Cette région à la croisée des chemins de Saint-Jacques accueille des hauts-lieux de la spiritualité comme Vézelay ou La Charité-sur-Loire, tandis que, non loin de là, des sites archéologiques témoins de l’époque gallo-romaine continuent de dévoiler tous leurs secrets. Sans oublier les châteaux, de style médiéval ou Renaissance, souvenirs des fastes d’antan. Enfin, les nombreux musées de la région rassemblent en un même lieu des trésors pour mieux comprendre la région. Mais comme toutes les autres régions de France, la Bourgogne peut aussi compter sur des villages d’exception, qui continuent de fasciner et d’attirer après des siècles d’existence et, pour certains, de drames…

Un passage obligatoire durant le prochain séjour en Bourgogne

Pouvoir arborer des labels tels que “Plus Beaux Villages de France” ou “Cité de caractère” est un privilège que de nombreux villages souhaitent acquérir. En l’obtenant, on récompense ainsi des années de labeur à promouvoir la richesse et les spécificités de son village, mais l’on garantit aussi une certaine attractivité pour les futurs visiteurs. Être classé parmi les Plus Beaux Villages de France demande toutefois de nombreux critères à respecter et n’est donc pas possible pour tout le monde. Il suffit par exemple de regarder en Saône-et-Loire…où il n’y a qu’un seul village à posséder ce précieux label. Il faut pour cela se rendre entre Gueugnon et Roanne, à la découverte d’un village dont l’histoire a commencé il y a 1000 ans : Semur-en-Brionnais. Une commune d’à peu près 600 habitants, qui impressionne d’emblée par son emplacement géographique : situé au sommet d’une colline rocheuse culminant à 400 mètres d’altitude. Une situation géographique qui ne doit rien au hasard puisqu’il y a 1000 ans, le site est choisi pour y établir un château afin de défendre le territoire des invasions normandes. Un château qui est d’ailleurs le plus ancien de Bourgogne. C’est à partir de ce moment que Semur-en-Brionnais commence vraiment à jouer son rôle, d’abord de défenseur puis de capitale du Brionnais. Un rôle parfaitement assumé, comme en témoigne le donjon carré massif construit aux Xe et XIe siècles et sa muraille flanquée de tours, qui seront le point de départ de l’édification de la forteresse de Semur tout au long du Moyen-Âge.

Un véritable musée sur l’architecture médiévale à ciel ouvert

Du Xe au XIVe siècle, Semur-en-Brionnais joue à merveille son rôle de défenseur, notamment sous l’égide des barons de Semur, une puissante famille. Un statut qui n’empêche à la cité d’être dévastée à de nombreuses reprises tout au long de son histoire. Cela commence au Xe siècle par les normands, puis en 1364 par les Anglais, sous le règne de Charles VI lors des conflits entre la maison d’Orléans et celle de Bourgogne, en 1467 lorsque la ville est brûlée par les armées de Louis XI et à nouveau le 10 octobre 1576, lorsque Semur est saccagée et brûlée par les reîtres du prince Casimir. Autant d’épreuves qui ont mis à mal le village, sans jamais le faire tomber fort heureusement. Ainsi, on peut aujourd’hui profiter de la capitale historique du Brionnais, qui vient d’ailleurs du latin “senemurum” qui signifie “vieilles murailles”. Les plus curieux y viennent notamment pour se balader dans le vieux bourg installé sur un promontoire ou l’église romane Saint-Hilaire, dont les décorations abondantes et le style marquant la transition entre la fin de l’âge roman et le début du gothique valent à eux seuls le détour. Enfin, impossible de ne pas évoquer le château Saint Hugues, construit à partir du Xème siècle sur un promontoire dominant la Loire pour servir d’observatoire et de poste fortifié défensif contre les invasions normandes et hongroises. C’est aussi dans ce château remarquable, que l’on peut visiter du 1er mars au 15 novembre, qu’est né l’Abbé Hugues de Semur, sixième abbé de Cluny. Mis en valeur depuis des années par l’association “Les Vieilles Pierres”, ce château vaut assurément le détour, ne serait-ce que pour la vue imprenable sur le vignoble et la campagne alentour.

Au cœur de l’église Saint-Hilaire © Adobe Stock

Tout le charme de la Bourgogne concentré dans un village

C’est d’ailleurs par amour pour les vieilles pierres que l’on peut également décider de découvrir Semur-en-Brionnais. Entre la belle chapelle romane Saint-Martin-de-la-Vallée, implantée au pied de la butte de Semur, la petite chapelle de la Perrière ou la maison du Chapitre, qui abrita des chanoines puis l’école communale avant d’être aujourd’hui un musée dédié à l’art roman dans le sud de la Bourgogne, on trouve bien plus qu’un patrimoine mais un véritable pan de l’histoire de cette région. Comment ne pas s’attarder également devant ces belles demeures qui nous renvoient au XVe siècle, lorsque Semur entre dans la couronne de France et que les administrateurs du roi viennent s’y installer, en faisant construire des hôtels particuliers. Dans ce Pays d’Art et d’Histoire, c’est donc une mini-Bourgogne à lui seul, avec tous les ingrédients qui font le succès de la destination. Un savant mélange entre la nature, avec le canal du Centre pour une virée en bateau ou à vélo sur la voie verte ou les grandes étendues vertes où pâturent les mondialement célèbres vaches charolaises, ou l’histoire, grâce aux châteaux, églises et un savoir-faire unique acquis au fil des siècles, avec notamment la faïence et la céramique. Autant de bonnes raisons d’opter pour une virée en terres bourguignonnes et se créer un florilège de souvenirs de vacances à la campagne.