Les ruines de cet impressionnant château situées à 1h de Paris sont le vestige d’une triste histoire familiale…

Par Alexandre M

Une imposante bâtisse que l’on aperçoit à des centaines de mètres, comme un vestige du passé qui a survécu au temps qui passe, des histoires plus ou moins macabres autour de ce lieu… Certains monuments sont destinés à faire parler d’eux pour des raisons pas toujours joyeuses. Amoureux des endroits aussi splendides qu’insolites, Paris ZigZag vous fait découvrir des lieux ou bâtiments que vous n’avez jamais soupçonnés et qui regorgent de fascinantes histoires. Aujourd’hui, c’est dans l’Oise que nous attend une drôle de demeure…

Un endroit d’abord pensé comme une déclaration d’amour

Entre les châteaux de Chantilly et Pierrefonds, la ville de Compiègne, le domaine de Chaalis ou encore la cathédrale de Beauvais, le département de l’Oise est indiscutablement l’un des départements français où l’on trouve le plus de monuments historiques à découvrir d’urgence. Parmi toutes ces merveilles historiques se cachent toutefois quelques autres pépites insolites, qui regorgent d’étonnantes histoires. C’est le cas de ce château, ou plutôt les ruines de ce qu’il en reste, qui se trouve sur la commune de Chiry-Ourscamp : le château Mennechet. Construite à la fin du XIXe siècle, cette imposante demeure n’a pas été victime du temps et abandonnée subitement pour se retrouver à l’état de ruine : sa construction n’a tout simplement jamais été terminée. À l’origine, le château est conçu pour recevoir les œuvres d’art de son propriétaire Alphonse Mennechet de Barival : celui-ci conservait peintures, sculptures et faïences dans ses petits manoirs et veut les mettre en valeur dans un musée, ce qui motive la construction de ce château-galerie. Par ailleurs, le père de son épouse était collectionneur d’art et Alphonse Mennechet de Barival se prend très vite de cette passion à son tour. C’est à la mort de son épouse qu’il décide de construire un domaine afin de lui rendre hommage et d’y exposer les peintures, sculptures et faïences qu’il possède.

Photo d’archive Château Mennechet © Urbex Session

Un bâtiment qui aura survécu à toutes les épreuves

Mais en 1903, Mennechet meurt à l’âge de 90 ans, alors que le château-musée n’est pas achevé. Sans héritier direct, il laisse un testament dans lequel il cède sa collection d’objets d’art au musée Antoine Lécuyer et la gestion de son patrimoine à son neveu, Louis Hugues. Très vite, ce dernier dilapide sa fortune et se voit même placé en minorité. S’ensuit pour le château Mennechet une longue période de décrépitude. Tandis que le lierre s’empare progressivement des lieux, le bâtiment subit également les foudres des guerres qu’il a traversées. La ligne de front n’étant pas très loin lors de la Première Guerre mondiale, l’endroit est criblé d’impacts de balles, d’obus, mais également de graffitis laissés par un régiment de passage. Par ailleurs, certains habitants viendront également prendre des pierres ici et là pour reconstruire leur maison. Après la Seconde Guerre mondiale, le château-galerie est détruit à 90%. S’il change de mains plusieurs fois, les projets se succèdent et il est par exemple question de transformer les ruines en maison de retraite ou en lieu de séminaire, tandis que la destruction est aussi évoquée.

Un étonnant château qui continue de fasciner

Aujourd’hui, malgré les décennies, les guerres, l’oubli ou encore les crises économiques, le château perché sur les hauteurs du village de Chiry-Ourscamp est toujours là et fait office de miraculé. Certaines parties marquantes du domaine ne sont toutefois plus là, comme la tour, pensée par Alphonse Mennechet de Barival en mémoire de sa femme. S’élevant à 42 mètres de haut et sollicitant tous les corps de métier, celle-ci fut détruite le 20 décembre 1914 par l’armée allemande. Même sort pour les “petits châteaux”, de coquettes bâtisses richement décorées avec le raffinement typique du XIXe siècle : salon aux plafonds étoilés sur fond bleu, boiseries marquetées et mobilier digne des plus grandes collections.Depuis 2010, les vestiges du château sont même inscrits aux monuments historiques. Avec, d’un côté, sa façade en pierre blanche et, de l’autre, le vert puissant de la pelouse et de la forêt qui l’entourent, on imagine sans grande difficulté ce à quoi aurait pu ressembler le lieu voulu par son propriétaire si la construction avait pu s’achever. Désormais privé, le lieu n’est toutefois pas complètement déserté, puisqu’il a par le passé accueilli divers événements, comme le feu d’artifice du 14 juillet ou le festival international du folklore de Noyon. De quoi redonner au bâtiment de brèves lettres de noblesse et prouver à ses détracteurs qu’un avenir plus doré est toujours possible avec le château Mennechet.