Donnant sur le parvis de la cathédrale Notre-Dame de Paris, l’Hôtel-Dieu est l’un des hôpitaux les plus importants de la capitale. Longtemps considéré comme la maison de Dieu, celui-ci s’est constitué selon les idéaux de la pensée chrétienne. Mais, son histoire ancienne est aussi l’occasion de conter certaines anecdotes plus ou moins farfelues à son égard.
Le plus ancien hôpital de la capitale
L’Hôtel-Dieu demeure le plus vieil hôpital de Paris. Créé en 651 à l’initiative de l’évêque de Paris, Saint Landry, il est même l’un des premiers de France et d’Europe occidentale. Face à la très grande pauvreté de l’époque, les chrétiens les plus nobles s’adonnent à la charité afin d’obtenir rédemption. La construction de cet hôpital n’est donc pas anodine, et ses premiers bâtiments sont alors situés le long de la rive sud de l’île de la Cité jusqu’à la rive gauche, reliés par le pont au Double.
Toutefois, le bâtiment que nous connaissons n’est pas celui d’origine. En effet, l’hôpital a été entièrement détruit à cause de son manque d’espace pour être reconstruit dans un bâtiment plus vaste. Fondé entre 1867 et 1878 sur l’île de la Cité, il se trouve alors sur le côté nord du parvis de Notre-Dame de Paris. Au cours de ce chantier, 13 rues ont dû être rasées pour laisser place aux 22 000 mètres carrés de surface du nouvel hôpital.
Un échange avec la Seine
Bien qu’il ait été reconstruit à de nombreuses reprises, l’Hôtel-Dieu a toujours été situé à côté de la Seine. Et cela s’explique selon plusieurs : tout d’abord, la proximité avec le fleuve garantit à l’hôpital d’avoir facilement accès à une eau saine et abondante. En effet, jusqu’à la révolution industrielle, la Seine restait relativement propre. Par ailleurs, demeurer proche de la Seine permet également un assainissement de l’air et, par la vue dégagée, un apport de luminosité. Enfin, le fleuve est aussi un circuit permettant de transporter des patients ou du matériel jusqu’à l’hôpital, lorsque les routes demeurent inaccessibles – ce qui est fréquent à une époque où les rues ne sont pas encore pavées.
Le refuge des plus pauvres
Dans une société marquée par la pauvreté, l’Hôtel-Dieu est majoritairement dédié à l’accueil et au soin de mendiants, pèlerins ou orphelins, menacés par la famine et les épidémies. Véritable incarnation de l’esprit charitable du chrétien, il porte d’ailleurs un nom assez évocateur, puisqu’en vieux français, il signifie l’« l’hôtel de Dieu », un espace de protection pour quiconque est dans le besoin. Durant un temps, on pouvait d’ailleurs apercevoir une inscription au-dessus de la porte d’entrée de l’établissant, déclarant : « C’est ici la maison de Dieu et la porte du Ciel ».
Néanmoins, les malades étant de plus en plus nombreux, les conditions d’accueil deviennent précaires et le lieu ne peut plus jouer son rôle. En effet, d’après les recherches de l’historien Jacques Tenon, en 1788, 1 210 lits s’y trouvent pour 3 418 hospitalisés. Quelques années plus tôt, dans une lettre envoyée à Paulet, Voltaire décrit lui-même l’hôpital en ces termes : « Vous avez dans Paris un Hôtel-Dieu où règne une contagion éternelle, où des malades entassés les uns sur les autres se donnent réciproquement la peste et la mort ». Le taux de mortalité qui y est relevé est bien plus important que dans les autres hôpitaux du pays. Au cours de l’année 1817, on estime d’ailleurs que 25 % des malades y décèdent.
Quatre incendies en un siècle
L’Hôtel-Dieu, qui se trouvait déjà en difficulté, a du faire face à quatre incendies uniquement au cours du XVIIIe siècle. Le plus marquant reste sûrement celui du 30 décembre 1772, où disparaît une majeure partie du vieil hôpital. Les dégâts matériels, estimés à 600 000 livres, sont considérables : un article du Monde, daté du 5 avril 1957, relate les paroles d’un témoin : « Sur-le-champ tout fut embrasé. Les endormis ne se réveillèrent plus. Non seulement tous les malades d’un côté de la Seine […] furent consumés, mais encore quantité de pompiers, militaires et de moins qui étaient accourus pour secourir. L’embrasement a duré quatre jours entiers. Plus de douze cents personnes ont été réduites en cendres dans ce feu dévorant. La gazette ne fera jamais mention de ceci : Paris est fort secret ».
Des voleurs de cadavresÂ
Autrefois, on trouvait des cagnards sous l’Hôtel-Dieu : reliés à l’hôpital, ces quais sombres du bord de Seine servaient de lavoirs, de débarcadère ou de déversoir des eaux usées. Mais à la nuit tombée, ce lieu devenait malfamé et rares étaient ceux qui se risquaient à y mettre les pieds… Et aussi surprenant que cela puisse paraître, parmi une population peu fréquentable, ces souterrains étaient aussi empruntés par des étudiants ! En effet, ceux-ci dérobaient discrètement les cadavres anonymes pour les analyser ensuite durant leurs cours d’anatomie. Une bien drôle d’idée, qui n’est finalement pas si étonnante lorsque l’on sait que les contemporains aimaient se rendre à la morgue comme source de distraction. Ces cagnards sont finalement détruits en 1877, lors de la destruction de l’hôpital.
Aujourd’hui, l’Hôtel-Dieu est l’un des plus importants ensembles hospitaliers de la capitale, et souhaite repenser sa configuration dans un bâtiment du XIXe siècle qui n’est plus adapté à l’accueil des patients. Un projet de rénovation est alors lancé, en parallèle avec la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris.
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Image à la une : La cour de l’HoÌ‚tel-Dieu © antoine2k / Adobe Stock