Paris n’a jamais cessé de se construire, s’agrandir, se transformer : au fil des siècles, toutes les voies parisiennes ont été remaniées, certaines supprimées, d’autres encore déplacées. Aujourd’hui, l’ancienne Lutèce possède plus de 6500 rues, avenues, places, impasses ou autres promenades, toutes dotées d’un nom unique. Mais comment attribue-t-on un nom à une rue ? De quand datent les premières dénominations officielles ? On vous explique tout.
Un peu d’histoire…
Pendant des siècles, la dénomination des rues a été laissée aux habitants, sans qu’aucune loi ne vienne réguler ces toponymies d’usages. Tout au long du Moyen-Âge et jusqu’à la Révolution, la majorité des noms de rues étaient donc associés à l’environnement social et géographique de la voie : on nommait les rues en fonction de la végétation alentour (rue des Rosiers), des monuments (rue Saint-Paul où se trouvait l’ancienne église Saint-Paul, rue du Marché des Blancs-Manteaux, Place de l’École), du type de population (rue des Mauvais-Garçons, rue des Lombards, rue des Boulangers), ou des enseignes présentes sur la voie (Rue du Chat-qui-Pêche). Pas étonnant, donc, que la plupart des noms de rues les plus insolites de la capitale trouvent leur origine à cette période. C’est le cas, par exemple, de la rue de la Grande-Truanderie, baptisée ainsi au XIIIe siècle en référence à sa population peu recommandable.
C’est au tout début du XVIIe siècle, sous le règne d’Henri IV, que les premiers noms de voies officiels sont donnés : ces derniers ne servent plus seulement à se repérer, mais aussi à célébrer un individu ou un événement. La place Dauphine, aménagée à partir de 1607 à la demande d’Henri IV, est l’une des premières voies baptisées en l’honneur d’une personnalité, à savoir le jeune Louis, Dauphin de France et futur Louis XIII.
Petit à petit, les hommages à des personnalités, des événements (avenue et place de Wagram, Rue du 8-Mai-1945) ou des lieux géographiques (rue de Nancy, boulevard de Strasbourg) sans rapport avec l’environnement immédiat du lieu s’imposent dans les choix des noms.
Et aujourd’hui ?
Depuis la loi du 2 mars 1982 relative à la liberté des communes, départements et régions, le choix des noms donnés aux rues relève des compétences de la commune, et donc des conseils municipaux. La dénomination des voies parisiennes n’est, normalement, autorisée qu’en hommage à une personnalité décédée depuis au moins cinq ans, mais de plus en plus de dérogations sont constatées.
Parmi les attributions de voies officialisées en 2016, on trouve par exemple la Place Georges-Moustaki, d’après l’auteur-compositeur décédé en 2013, ou encore la Promenade Florence-Arthaud, en hommage à la navigatrice française décédée accidentellement en mars 2015. Bon à savoir, chaque citoyen peut proposer un nouveau nom de rue en faisant parvenir sa suggestion au maire de sa commune ou de son arrondissement !
Cyrielle Didier