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Saviez-vous qu’une résidence royale très appréciée des rois de France se tenait dans l’actuel bois de Boulogne ?

Bois de Boulogne © Adobe Stock
Par Alexandre M

Situé à l’Ouest de Paris, le Bois de Boulogne est depuis longtemps un lieu privilégié de détente des Parisiens avec ses espaces verts et plans d’eau, où de nombreuses activités peuvent être pratiquées par les sportifs ou amateurs d’une pause au grand air. Côté activités, entre pêche, canotage en barque et balade en poney, tout le monde peut y trouver son bonheur, y compris ceux qui veulent se lancer dans l’expérience de turfiste et suivre une course à l’hippodrome d’Auteuil ou de Longchamp. Véritable poumon vert pour l’ouest de la capitale, cet espace vert est tout simplement plus grand que Central Park ou Hyde Park. Et ce que l’on oublie souvent, c’est que, avant d’être un lieu de détente, il faisait office de terrain de chasse pour les rois de France.

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Délaisser les châteaux de la Loire pour se rapprocher de Paris

Il faut dire que, pour s’adonner à telles parties, certains souverains de l’histoire de France ont pu profiter d’un château ici-même, en plein cœur du bois de Boulogne. Projet porté par le roi François 1er, qui abandonne le Val de Loire pour installer sa cour à Paris, la construction du château du bois de Boulogne, appelé “château de Madrid”, est confiée aux maîtres-maçons Pierre Gadier et Gatien François, ainsi qu’au fameux faïencier florentin Girolamo Della Robbia. En revanche, on ignore le nom de l’architecte qui en dessine les plans. Commencés en 1527, les travaux ne seront achevés qu’entre 1568 et 1570, plusieurs architectes ayant repris la direction des travaux entre-temps. Plus grand bâtisseur de châteaux dans l’histoire des rois de France, François Ier est souvent reconnu comme “le souverain de la Renaissance”. Un souverain que l’on associe par réflexe aux châteaux de la Loire. Et pourtant, le roi ne passe par exemple que 400 et quelques nuits à Amboise contre plus de mille à Saint Germain en Laye. Avec le château de Madrid, il démontre, qu’après la défaite de Pavie en 1525 et sa capture à Madrid précisément, il peut également poursuivre ses activités de chasse depuis Paris et, surtout, renouer avec son peuple grâce à un château proche de la capitale.

Gravure représentant le château de Madrid © Bibliothèque Historique de la Ville de Paris
Gravure représentant le château de Madrid © Bibliothèque Historique de la Ville de Paris

Un château bien différent des autres à plus d’un titre

Si le roi désire s’éloigner un peu des châteaux de la Loire, le château de Madrid partage pourtant de grandes similitudes avec Chambord, puisqu’il s’agit avant tout d’un château de chasse occupé par des logis tous semblables. Mais le château de Madrid n’en reste pas moins une curieuse exception. Seul château inspiré d’une villa italienne, ses pièces étaient disposées de manière symétrique et les escaliers droits, tandis qu’en France, les escaliers en colimaçon de la période gothique étaient de rigueur. Le décor du château sort aussi des codes de l’époque : des panneaux de terre cuite émaillée en relief fleurissent jusqu’aux cheminées et donnent à l’édifice un aspect multicolore et brillant fort inattendu, d’inspiration italienne et antiquisante, et un petit côté féerique. Une question demeure : pourquoi un domaine royal à l’entrée de Paris se nommait “château de Madrid” ? On dit que le château aurait été inspiré par l’Alcazar royal de Madrid. Mais si les deux édifices avaient en commun d’être édifiés en lisière d’une forêt à proximité d’une grande ville et de partager quelques particularités architecturales, la reconstruction postérieure du palais madrilène par Charles Quint rend l’hypothèse peu plausible. Le choix du nom de Madrid pourrait cependant avoir une autre origine. Le roi François Ier avait l’habitude de s’éclipser discrètement au château de Boulogne, construit après son retour de captivité à Madrid à la suite de la défaite de Pavie. Dans un moment de dérision, les courtisans prennent alors l’habitude de dire, en constatant que le souverain s’était volatilisé, qu’il était à Madrid. Autre explication possible, l’utilisation de carreaux émaillés, à la façon de certaines bâtisses espagnoles.

Hôtel-restaurant dans un style pastiche Renaissance construit à l’emplacement du château disparu © Agence photographique Rol
Hôtel-restaurant dans un style pastiche Renaissance construit à l’emplacement du château disparu © Agence photographique Rol

Un pan de l’histoire de France dont il ne reste (presque) plus de traces

Après François Ier, le château de Madrid sera l’une des résidences parisiennes privilégiées de Charles IX et Catherine de Médicis. Le château sera notamment au cœur des événements politiques qui précèdent le massacre de la Saint-Barthélemy durant l’été 1572. Délaissé par Henri III, l’édifice sera encore un peu fréquenté par Louis XIII, tandis que Louis XIV n’y viendra pas du tout. D’ailleurs, dès l’achèvement du palais de Versailles, le château de Madrid n’a plus d’histoire politique. Une déchéance qui ne fera que s’accentuer, puisque le château est quasiment en ruines à la veille de la Révolution Française, faute d’entretien et de travaux pendant un siècle et demi. Tandis que Louis XVI cherche à s’en débarrasser en vain, le bâtiment est finalement vendu à des démolisseurs en 1792. Résidence jadis prisée par les rois de France, le château de Madrid disparaît progressivement sous la Restauration. À sa place, s’élèvent alors une clinique, qui fait faillite, puis un haras et un hôtel-restaurant, construit sur les communs de l’ancien château pour le divertissement des promeneurs du bois. L’hôtel poursuivra ses activités jusqu’à la fin des années 1930, avant d’être réquisitionné pendant la Seconde Guerre mondiale puis, en 1950, d’être converti en logements. Quant au château de Madrid, les deux seuls vestiges qui perdurent réellement aujourd’hui sont un chapiteau de pierre exposé au château d’Ecouen, aussi connu comme le musée de la Renaissance, et des fragments de décor en céramique émaillée conservés au musée Carnavalet.

L’hôtel-restaurant converti en logement diffuse toujours un parfum de Renaissance © Ville de Neuilly-sur-Seine
L’hôtel-restaurant converti en logement diffuse toujours un parfum de Renaissance © Ville de Neuilly-sur-Seine

 

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Image à la une : Bois de Boulogne © Adobe Stock

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