C’est un sujet aussi vaste que source de débats : la circulation à Paris. Se déplacer en voiture dans la capitale est devenu source de tensions, entre l’obligation de vignettes pour la qualité de l’air, la transformation de certains axes en pistes cyclables ou le vote de taxes pour certains véhicules. Néanmoins, Paris reste un pôle attractif où les déplacements sont inévitables, ne serait-ce que pour aller au travail ou à des réunions. Face à une longue distance et l’envie de ne pas opter pour les transports en commun, on peut être tentés d’opter pour un taxi, ce bon vieux service de déplacement qui n’en est pas à sa première course…
Et l’ancêtre du taxi se nommait alors…
Indissociables du paysage parisien comme les bouches de métro ou les immeubles haussmanniens, les taxis sont toujours autant présents dans les rues de la capitale, malgré l’essor ces dernières années de concurrents. Mais s’attaquer au taxi, c’est s’attaquer à une invention qui compte déjà plusieurs siècles de développement derrière elle. Il faut en effet remonter en plein règne de Louis XIII pour retrouver la trace de l’ancêtre du taxi. Un certain Nicolas Sauvage, facteur des maîtres de cochers d’Amiens, s’établit à Paris et ouvre vers 1637 un dépôt de voitures de louage avec cocher dans la rue Saint-Martin. Son parc de 20 carrosses se trouve en face d’un hôtel à l’enseigne de Saint Fiacre et offre le premier service de voitures à disposition du public. Ces fiacres, aujourd’hui reconnus comme les ancêtres des taxis parisiens, remplacent progressivement les chaises à porteurs. Toutefois, ces méthodes de transport demeurent réservées aux privilégiés, avec d’un côté peu d’exploitants qui se partagent le monopole et, de l’autre, une clientèle issue de la bourgeoisie. Les choses prennent une autre tournure dès 1657, lorsque Louis XIV délivre la première réglementation de cette profession à travers une ordonnance royale. Désormais, chaque véhicule se voit apposer un numéro, l’exploitant doit maintenir son fiacre en bon état de marche et le conducteur doit respecter la réglementation et avoir une bonne ligne de conduite et de savoir-vivre. Une règlementation qui, si elle a certes évolué, demeure la base du taxi encore aujourd’hui.
Un moyen de déplacement qui n’a cessé d’évoluer
Sujet sensible encore aujourd’hui : qu’en est-il du tarif ? Différents systèmes ont été mis en place pour définir le tarif des fiacres. En 1800, on tente par exemple de réglementer 1 franc 50 centimes la course et 2 francs l’heure. Mais les deux sommes se négociant, cela provoque irrémédiablement des conflits. Le salaire hebdomadaire d’un ouvrier étant alors de 5 francs, ce n’est pas un moyen de transport populaire. Au cours de la première moitié du XIXe siècle, de nouveaux modèles de fiacres apparaissent : la citadine, l’urbaine, le delta, le cabriolet compteur, la lutécienne, le cabriolet-mylord, la thérèse ou le cab. Au début du Second Empire, la ville de Paris prélève à l’année une taxe de 150 francs par cocher et enregistre 1 390 voitures de place, sur un total de 4 487 véhicules en service toutes catégories confondues. Sans compter le nombre de chevaux qu’il faut entretenir et suivre… le crottin étant un excellent engrais. Il faudra attendre 1898 pour que les chevaux soient remplacés par des voitures à essence, alors connues sous le nom de “taxis sans permis” ou “taxis illégaux” car non approuvés par le gouvernement. L’association la plus célèbre des taxis voit le jour un an après l’arrivée des voitures à essence : la Société des Taxis Nationaux. Cette même association qui créera en 1921 la RATP… alors destinés aux bus et métros.
Une institution qui n’a pas fini de circuler dans Paris
Entre-temps, la “Compagnie française des automobiles de place”, appelés taxis G7 en référence à leur garage se situant à Saint-Ouen, a vu le jour en 1905. Ces mêmes taxis qui s’illustreront durant la Première Guerre mondiale, en étant réquisitionnés par l’armée pour transporter des soldats français de Paris vers le front. L’activité de taxis ne cesse de se développer, à tel point que l’on en recense près de 14 000 rien qu’à Paris en 1937. Si la Seconde Guerre mondiale est un nouveau coup d’arrêt, l’essor du taxi reprend de plus belle après le conflit. En 1953, le célèbre lumineux avec la mention “TAXI” est désormais obligatoire sur chaque véhicule. Depuis, de nouvelles fédérations de taxis, de nouvelles réglementations ou encore de lois spécifiques au marché du taxi n’ont cessé d’apparaître. Pas de quoi mettre à mal la présence encore aujourd’hui des taxis dans la capitale, même s’il faut désormais composer avec la concurrence des VTC. Il y a quelques jours, les chauffeurs de taxi, tout comme les agriculteurs, se sont mobilisés pour réclamer une renégociation des conditions de rémunération du transport de patients. Pour se faire entendre, plusieurs grandes manœuvres ont été entreprises, notamment à Paris avec une opération escargot des taxis lancée sur l’A13 en direction de la Porte d’Auteuil sur le boulevard périphérique.
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Image à la une : Taxi © Adobe Stock