Saviez-vous que l’éclairage public des rues de Paris remonte au règne de Louis XIV ?

Déambuler dans les rues de Paris le soir, lorsque l’éclairage public est notre seul guide pour voir au loin, est une activité simple mais ô combien satisfaisante. Découvrir sous un autre “jour” les quartiers et monuments de la capitale a quelque chose de magique, que l’on n’imagine pas les virées nocturnes parisiennes autrement. Mais s’il y a bien quelque chose qu’il ne faut pas oublier, c’est que cet éclairage public n’a pas toujours été aussi présent.

Paris, ville sujette au banditisme dès la nuit tombée

La question de l’éclairage public arrive sur la table au milieu du XVIIe siècle, en plein règne de Louis XIV. Bien que le grand projet du monarque demeurera Versailles, ce dernier n’oublie pas pour autant Paris, qui a un rôle de capitale à assumer fièrement. Et l’image que renvoie celle-ci, notamment la nuit, n’est pas forcément brillante. Au Moyen Âge, on se servait alors de torches, mais cela avait deux points négatifs bien distincts : il s’agissait d’une solution limitée dans le temps et cela pouvait causer par mégarde des incendies. Peu de succès également pour le service des porte lanternes, composées d’une chandelle entourée par du papier pour la protéger du vent, instauré au XVIIe siècle. Pour cinq sous le quart d’heure en carrosse et trois sous à pied, on pouvait se faire éclairer par un porte lanterne dans la nuit parisienne, mais le système ne dura pas. Malgré un arrêté du Parlement de 1524 ordonne aux bourgeois de la capitale d’installer des lanternes à leur fenêtre pour éclairer tant bien que mal la voie publique et “déjouer les entreprises des malfaiteurs”, il faut en réalité attendre 1667 pour que soit créé le premier établissement de lanternes à Paris. Sous la direction de M. de La Reynie, Lieutenant général de police de Louis XIV, 3 000 lanternes voient le jour et chaque Parisien est sommé de s’acquitter d’une taxe des Boues et des Lanternes, pour entretenir ces dernières, et garder les rues propres. D’une ville aux conditions d’hygiène douteuse, Paris devient alors la ville la plus propre d’Europe.

Le XIXe siècle, période de grandes inventions et d’évolution

Allumées dès le passage du veilleur, les bougies des lanternes étaient si importantes qu’elles pouvaient éclairer encore après minuit. Placées tous les vingt pas, ces lanternes se trouvaient à une hauteur de deux mètres, nécessitant l’utilisation d’une corde et d’un système à poulie. Un système ingénieux qui fit très vite la gloire de Paris, l’éclairage de nuit étant très apprécié pour les nuits d’hiver bien sombres. D’autant plus qu’à Londres, les rues n’étaient même pas éclairées lors des nuits de belles lunes. Côté règlement, une lourde amende attendait ceux qui ne le respectait pas. Au fil du temps, le système d’éclairage va bien entendu se perfectionner, à l‘image de l’éclairage public au gaz qui fait son apparition. L’ingénieur et chimiste français Philippe Lebon mit au point un appareil, baptisé thermo-lampe, destiné à éclairer et chauffer une maison entière. Si le projet fut jugé trop ambitieux, il fut repris pour les premiers grands éclairages publics qui apparurent dès 1816. Très vite, des lieux emblématiques tels que le Passage des Panoramas, les galeries du Palais-Royal, du Luxembourg, d’Odéon ou de l’Opéra se voient doter de ces installations révolutionnaires… La fin du XIXe siècle est celle des grandes inventions et, dans le domaine, la plus marquante reste évidemment l’invention de l’ampoule électrique par Thomas Edison. D’ailleurs, c’est en 1881 qu’a lieu à Paris la première exposition internationale d’électricité, un événement fortement soutenu par des ingénieurs et des financiers. Avant cela, la première expérience d’éclairage électrique eut lieu en 1843, sur les genoux de la Statue de Lille, place de la Concorde.

Comment Paris est devenu “la Ville Lumière”

L’électricité et la lumière subjuguent à nouveau en 1889, en pleine Exposition Universelle. Reines des soirées, elles font scintiller de mille feux la nouvelle vedette de Paris : la Tour Eiffel. Une illumination au gaz parvient à faire briller dans son intégralité la tour imaginée par Gustave Eiffel, sous le regard émerveillé de milliers de curieux, et Paris gagne définitivement le surnom qu’on lui connaît aujourd’hui : la “Ville Lumière”. Pour les habitants, c’est à partir de 1905-1910 qu’apparaît dans les foyers urbains “la lampe populaire“. Les sociétés distributrices installent une lampe par logement qui éclaire la pièce principale et, bien que le compteur n’existe pas encore, l’usage de la lumière est strict : le soir jusqu’à 23 heures et de bon matin. Côté éclairage public, la technologie des lampes évolue à partir de 1957, en passant successivement des lampes à incandescence, aux lampes à arc, aux lampes à décharge, aux lampes à vapeur de sodium, aux lampes à induction, puis au LED dans les années 1980. Aujourd’hui, malgré le charme toujours aussi efficace des rues parisiennes éclairées, la question de l’éclairage public passée une certaine heure est sujette à débats. “Pollution nocturne”, extinction de certains monuments ou encore animations autour de la biodiversité nocturne…Paris retrouve à nouveau la noirceur de la nuit, mais cette fois pour son bien et celui de ses habitants ! 

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Image à la une : Éclairage nocturne Paris © Adobe Stock