Cette belle église qui trône en plein cœur du 4e arrondissement est bien connue des Parisiens. Mais son nom à rallonge nous questionne : pourquoi est-elle nommée l’église Saint-Paul-Saint-Louis ?
Le quartier Saint-Paul
Habité dès le haut Moyen Âge, le quartier Saint-Paul doit son nom à une ancienne chapelle dénommée Saint-Paul-des-Champs. Situé dans l’actuel 4e arrondissement de Paris, ce lieu est connu pour ses rues pavées et ses petites boutiques, bien loin des grands boulevards haussmanniens. Depuis sa rénovation dans les années 1970 visant à assainir les ilots insalubres, Saint-Paul est devenu l’un des quartiers les plus dynamiques de la capitale, connu pour ses adresses nocturnes. Mais parmi ces commerces, les Parisiens côtoient toujours de beaux édifices des siècles passés.
Une architecture hétéroclite
Parmi ces édifices, on compte notamment cette belle église qui avec sa coupole haute de 55 mètres, ne passe pas inaperçue en plein cœur du quartier Saint-Paul. Conçu par les architectes jésuites Étienne Martellange et François Derand, cet édifice aux proportions étirées à la verticale rappelle l’art gothique français. Celui-ci est d’ailleurs à rapprocher de l’église Saint-Gervais-Saint-Protais de Paris, située sur la place Saint-Gervais, qui a été réalisée par Salomon de Brosse en 1618. Toutefois, celle qui nous intéresse dispose aussi d’une nef unique bordée de chapelles d’inspiration italienne, et d’une croix latine de tradition française qui en font un monument de style baroque.
Deux saints, deux églises
Si cette église détient une double titulature, c’est parce qu’elle remplace la fameuse chapelle Saint-Paul-des-Champs, qui a été édifiée vers 632-642 à l’angle des rues Saint-Paul et Neuve-Saint-Pierre. Située en plein cœur de champs cultivés, celle-ci longeait le cimetière du monastère Saint-Eloi fondé par saint Éloi et Dagobert Ier. En 1627, le cardinal Richelieu ordonne de construite une autre église à proximité, l’église Saint-Louis de la Maison des Jésuites. Il s’agit de celle que nous connaissons aujourd’hui, l’une des premières églises à s’émanciper de l’architecture gothique pour tendre vers le baroque.
Mais la Révolution française va, comme on s’en doute, reconfigurer ces plans. En effet, en 1797, la première église est finalement détruite, laissant pour seul vestige la façade de l’ancien escalier qui s’appuyait sur la tour. C’est donc en 1802, après le rétablissement du culte catholique, que l’on décide de rendre hommage à ce monument disparu en rebaptisant la deuxième église « Saint-Paul-Saint-Louis ».
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