Les lieux de culte occupent une place prépondérante au sein du patrimoine parisien. Qu’ils soient depuis toujours témoins de l’histoire et l’évolution de la capitale, ils figurent parmi les monuments les plus visités, à l’instar de la cathédrale Notre-Dame ou la basilique du Sacré-Cœur. Outre les églises catholiques, Paris est également reconnue pour abriter des temples protestants, des synagogues ou encore des mosquées. Des lieux qui, pour certains, attirent l’œil par leur architecture si particulière ou leur histoire riche en rebondissements.
Une église où se cachent les plus belles merveilles
Si l’on connaît déjà l’église Saint-Eustache pour sa beauté aussi impressionnante que ses normes architecturales ou l’étonnante église de la Madeleine sans clocher, une autre curiosité se cache dans la capitale. C’est dans le 1er arrondissement de la capitale que se trouve celle que l’on surnomme souvent “la paroisse des artistes” : l’église Saint-Roch. Pourquoi un nom aussi prestigieux ? Tout simplement parce que c’est dans cette église que reposent les sépultures de Diderot, André Le Nôtre, Corneille, la princesse de Conti (fille de Louis XIV et de Louise de la Vallière) ou encore Fragonard. En raison du saccage de l’ossuaire au moment de la Révolution, peu de tombes ont subsisté. La raison de ce surnom vient aussi du fait que l’on peut y admirer une importante collection de sculptures et peintures du XVIIe et XVIIIe siècle. Si le chœur possède une magnifique voûte repeinte par Adolphe Roger au XIXe siècle, l’élément décoratif le plus remarquable de cette église est assurément la chapelle de la Vierge de style baroque, réalisée par Jules Hardouin-Mansart. Au-delà du mobilier et des sculptures, on pénètre aussi dans l’église pour y admirer les remarquable peintures de Saint-Roch : “Le Christ au jardin des oliviers” d’Étienne-Maurice Falconet, “Résurrection du fils de la veuve de Naïm” par Eustache Le Sueur, “Godefroy de Bouillon” par Claude Vignon, “Présentation du Christ au Temple” par Jean Restout ou encore “Saint François Xavier baptisant un indien” par Théodore Chassériau. À moins que l’on soit envoûtés par l’orgue et ses 2832 tuyaux !
Un chantier interminable pour un édifice particulier
Bâtie sur les plans de Jacques Le Mercier entre 1653 et 1690 à l’emplacement d’une chapelle dédiée à sainte Suzanne et bâtie en 1521 par un commerçant, l’église a vu sa première pierre être posée par le futur Louis XIV, en 1653 au début du chantier. Malgré plusieurs soucis de financement et des interruptions de travaux, l’édifice a pu voir le jour et, comme un clin d’œil au passé, abrite également une chapelle dédiée à sainte Suzanne en souvenir de la chapelle d’origine. Au-dessus de l’autel, se trouve une peinture murale de sainte Suzanne poursuivie par ses persécuteurs. Levant les yeux au ciel, elle implore l’aide de Dieu. Faute de financement, la construction est interrompue en 1660, seuls le transept et la dernière travée de la nef étant achevés. Comme si le chantier n’avait pas été assez long, puisque celui-ci a tout de même pris fin en 1722 soit 69 ans après le démarrage, cet étalement a également eu un impact majeur sur l’aspect de cette église. Non content d’être l’une des plus vastes de la capitale, l’église Saint-Roch brille en effet par son harmonieux mélange du style baroque et du style classique. Mais l’église du premier arrondissement semble décidément aimer les particularités, puisqu’elle est aussi réputée pour son alignement orienté Sud-Nord, l’absence de clocher ainsi que ses grands orgues et ses chapelles alignées à la suite du chœur.
Le théâtre de combats sanglants
Si les lieux de culte évoquent souvent en premier lieu le calme et la quiétude, on ne peut pas dire que ce soit les premiers mots qui viennent à l’esprit en retraçant le parcours de l’église Saint-Roch. Au temps de la Révolution française, cette église se trouvait au centre des combats, comme en témoigne la façade criblée d’impacts. Les groupes révolutionnaires, comme le Club des Jacobins ou celui des Feuillants, se rassemblaient à l’époque dans les cloîtres de la rue Saint-Honoré et c’est le long de cette rue que circulaient les véhicules qui menaient les condamnés de la Conciergerie à la place de la Concorde où ils étaient exécutés. C’est également sur les marches de l’église que, le 13 vendémiaire an IV (5 octobre 1795), le général Bonaparte fit mitrailler les insurgés impliqués dans l’un des complots royalistes qui ont marqué la vie du Directoire. Des impacts des boulets de canon tirés par Bonaparte qui sont d’ailleurs visibles sur la façade de l’église. Mais le plus grave fut assurément les dégâts commis à l’intérieur. Un pillage systématique mena à la disparition de nombreux objets et œuvres d’art, comme le portrait de Dinocheau, l’un des fondateurs de l’église, qui se trouve aujourd’hui dans le Piémont. L’église Saint-Roch sera à nouveau le temple de combats le 7 janvier 1815, lorsqu’elle est saccagée, aux cris de “mort aux prêtres”, par 5 000 manifestants protestant. La raison ? Le refus par l’Église d’enterrer chrétiennement la comédienne Françoise Raucourt. Fort heureusement pour l’église, il s’agit du dernier incident en date, l’édifice ayant depuis retrouvé son calme, idéal pour prendre le temps d’admirer les moindres œuvres qui s’y cachent.
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Image à la une : Église Saint-Roch © Joe de Sousa