Située du côté de Noisy-le-Grand, cette architecture a servi de décor à de nombreux films dystopiques, tels que Brazil ou Hunger Games. Un ensemble architectural atypique, qui avait pour projet d’être un lieu de brassage entre les différentes classes sociales.
Une enfant des Trente Glorieuses
La fin de la Seconde Guerre mondiale marque une période de grande urbanisation en France. Avec la forte croissance économique des Trente Glorieuses, de nombreux logements se créent sur tout le territoire, notamment en Île-de-France. Pour mener à bien ce projet, un schéma directeur d’aménagement et d’urbanisme est lancé par le gouvernement en 1965 : celui-ci vise notamment à construire des villes nouvelles dans l’agglomération parisienne. La commune Noisy-le-Grand est alors pensée comme la porte d’entrée de nouveau quartier où fleurissent les logements et les emplois. Une gare est également créée pour accueillir la ligne A du RER.
Un palais du peuple
C’est dans le quartier du Mont-d’Est de Noisy-le-Grand que l’Espagnol Ricardo Bofill doit concevoir un ensemble de 600 logements. L’architecte postmoderniste, également connu pour avoir réalisé la place de la Catalogne à Paris et le quartier d’Antigone à Montpellier, a recours à des procédés innovants, comme le béton préfabriqué. L’ensemble, composé à deux tiers de logements sociaux, est pensé comme un “palais du peuple“. En réalisant ses plans, Bofill s’est inspiré de l’architecture néo-classique, habituellement réservée à une élite, pour le rendre accessible aux classes populaires.
Une cité utopique
Inauguré en 1983, l’ensemble architectural est nommé “abraxas“, un terme qui provient sûrement du grec biblique, en accord avec le style néo-classique voulu par Ricardo Bofill. Les 600 logements sont répartis en trois bâtiments : le Théâtre, situé à l’ouest, prend la forme des théâtres antiques ; l’Arche, au centre, est composée de deux cages d’escalier qui se rejoignent au septième étage. Enfin, on trouve l’immense Palacio à l’est, qui est tout de même composé de 250 appartements sur chaque cage d’escalier !
Dans une démarche opposée à celle du Corbusier, Bofill pensait la ville comme un processus où les catégories sociales pouvaient se mélanger. Mais dans une interview réalisée dans Le Monde en 2014, celui-ci reconnaît que ce projet est resté utopique en raison d’un “manque d’esprit communautaire propre à la France”. Les différentes populations ne s’y sont pas retrouvées, et la qualité de vie s’y est rapidement dégradée. Devant ce constat, une démolition a d’ailleurs été envisagée dans les années 2010 par la municipalité de Noisy-le-Grand, avant qu’un projet de rénovation soit finalement dévoilé en 2018, sous la supervision de l’architecte espagnol, pour transformer l’ensemble dans les années à venir.
Les espaces d’Abraxas
6 place des Fédérés, 93160 Noisy-le-Grand
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