Créé au XVIIe siècle à l’instigation des médecins Jean Héroard et Guy de la Brosse, le Jardin des Plantes est un imposant poumon vert en plein cÅ“ur de Paris. Considéré comme le cÅ“ur historique du Muséum, il abrite avant tout des espèces aux vertus thérapeutiques. C’est au XVIIIe siècle, sous l’impulsion de Buffon, qu’il devient centre d’enseignement des sciences naturelles et d’enrichissement des collections du Cabinet du Roy. Puis le décret du 10 juin 1793 signe l’acte de naissance du Muséum national d’Histoire naturelle, à la fois musée et centre de recherches. Les nombreux bâtiments du Jardin, tous classés monuments historiques, sont les témoins de cette épopée, notamment, la Galerie de Minéralogie et de Géologie, la Grande Galerie de l’Évolution ou encore les Grandes Serres… Une impression de voyage dans le temps renforcée par la présence d’arbres historiques, comme un cèdre du Liban planté en 1734 ou les statues des grands hommes qui ont façonné le Jardin (Buffon, Lamarck…). Et l’occasion d’en apprendre parfois beaucoup sur l’Histoire avec un grand H…Â
L’émouvante histoire d’amitié entre un lion et un chienÂ
Car lorsque ce ne sont pas les arbres, les plantes ou le cadavre parfaitement conservé d’un lointain terrien qui nous fascinent, ce sont des créations bien spécifiques. Comme cette étonnante sculpture située près de l’entrée, rue Geoffroy Saint Hilaire, et datant de 1863 : la Fontaine aux Lions. Un nom tout trouvé, puisque notre regard ne peut être qu’attiré par les deux lions en bronze qui surplombent la fontaine. Tandis que l’un est majestueusement posé comme le roi de la savane qu’il est, son compère est dans une position bien différente, en train d’humer… un pied ! Mais qui sont ces lions, et que font-ils là ?
Pour en savoir plus, il faut se replonger dans l’histoire du Jardin des Plantes. En 1857, un bronze représentant l’histoire de Woira, le lion de la ménagerie de Versailles, fut commandé à Henri-Alfred Jacquemart, célèbre sculpteur français spécialisé dans la représentation animale. Woira était encore lionceau lorsqu’il fut capturé au Sénégal en 1787. Envoyé au sein d’une communauté animale, Woira est adopté par une femelle Braque qui vient d’avoir des petits. Woira commence à jouer avec un des jeunes chiots et les deux compères deviennent vite inséparables et grandissent ensemble. Un jour, Woira, qui court librement dans la maison, bouscule un enfant sur son passage. À cause de cet incident, le lion et le chien sont envoyés à la Ménagerie du Roi, via la Compagnie des Indes. Les deux compagnons débarquent au Havre l’année suivante et rejoignent Versailles à pattes, conduits par une simple laisse. Mais Woira, qui n’apprécie pas la captivité, commence à montrer des signes d’agressivité. Les deux inséparables rejoignent alors la Ménagerie du Muséum en 1794. Un attachement qui durera jusqu’à la mort du chien, nourri de pain dur par économie. Quant au vieux lion, il meurt en 1796, épuisé lui aussi par le rationnement imposé à la Ménagerie en ces temps difficiles. Initialement destinée aux parterres du Louvre, la seconde statue de lion est finalement attribuée au Muséum en 1860.
L’eau, l’un des principaux enjeux parisiens du XIXe siècle
Ce qui est également intéressant concernant cette fontaine, c’est bien sa composition. Derrière l’imposant mur où trônent fièrement les deux lions, il existe un bassin retenant l’eau, qui s’écoule ensuite vers la fontaine située en contrebas, nichée parmi les rochers. Conçu par Charles Rohault de Fleury en 1834, le réservoir du labyrinthe était autrefois alimenté par le canal de l’Ourcq, mais n’est plus en fonction aujourd’hui. Il fournissait ainsi de l’eau aux différentes fontaines du Jardin grâce à une pompe placée sous le bassin. ​​Ce fameux bassin était donc un réservoir d’eau crucial pour l’irrigation horticole estivale. En plus des lions, la structure était également le terrain de jeu préféré des grenouilles jusque dans les années 1950. Une construction riche en histoire et qui démontre également l’enjeu de l’eau pouvait être crucial. En plus de la Fontaine aux Lions, d’autres structures aquatiques sont dispersées à travers le Jardin des Plantes, comme les puits situés à l’entrée sud et dans le Jardin alpin, les différentes fontaines Wallace et, surtout, l’une des deux dernières fontaines murales Wallace de Paris, encastrée dans le mur du Jardin des Plantes, rue Geoffroy-Saint-Hilaire.
Fontaine aux Lions
Jardin des Plantes
75005 Paris
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