
Paris, ses monuments, leur histoire… Leur histoire ? Pas sûr que nous la connaissions toujours très bien. Exception faite de la Tour Eiffel, bien sûr, et de sa fameuse construction à l’occasion de l’Exposition universelle de 1889. Un minimum tout de même. Pourtant, l’histoire de certains d’entre eux est véritablement surprenante, et l’on découvre que La Ville Lumière aurait pu avoir un tout autre visage… Car c’est un éléphant géant en bronze qui a bien failli se retrouver à la place de l’un des plus célèbres monuments de la capitale ! Savez-vous lequel ?
Un impressionnant projet…
Ce n’est pas d’une légende qu’il s’agit mais bien d’un réel projet, d’ailleurs évoqué dans le célèbre roman de Victor Hugo, Les Misérables, puisque le personnage de Gavroche trouve refuge dans sa maquette en ruine. Un gigantesque éléphant en plein Paris, ou plutôt, une immense fontaine en forme d’éléphant avec son harnachement et ses ornements dorés ! Voilà ce que nous avons failli pu admirer au cœur du 11ème arrondissement parisien. C’est en 1808, pour rendre hommage à Napoléon Ier que l’architecte Cellerier imagina ce pachyderme de 24m de hauteur, si l’on compte la tour, ou howdah, qui s’élève de 9m au-dessus de l’animal, et de 16m de long !

La fontaine, qui devait être alimentée en eau par voie souterraine depuis le canal de l’Ourcq, aurait nécessité pas moins de 177 tonnes de bronze récupéré des canons ennemis pour sa construction, selon les architectes. Un escalier, construit dans l’une des pattes de l’animal, devait permettre de veiller au bon fonctionnement de l’appareil alimentant la fontaine en eau. Le chantier démarra par la construction d’une maquette grandeur nature en plâtre et en bois, hébergée dans un hangar, ce qui suscita évidemment la curiosité des parisiens !

… qui ne verra finalement jamais le jour
C’est dans un lieu resté longtemps désert que la construction de cette fontaine colossale était prévue. En effet, rien n’était encore venu remplacer la prison de la Bastille depuis sa destruction en 1789. La place de la Bastille est donc apparue comme le lieu idéal pour cet étonnant projet. L’éléphant y trônerait, tourné vers la rue Saint-Antoine.
Mais, en 1814, tandis que Napoléon abdique et cède sa place sur le trône à Louis XVIII, le projet perd soudain tout son sens. Il ne sera pas totalement abandonné pour autant puisque d’autres emplacements seront envisagés parmi lesquels le rond-point des Champs-Élysées et l’esplanade des Invalides. La maquette en plâtre, infestée par les rats, sera ainsi conservée jusqu’en 1846, avant d’être détruite sans que l’éléphant ne soit parvenu à trouver sa place dans le paysage parisien.
De ce projet extravagant ne reste que la base circulaire de la fontaine. S’y dresse aujourd’hui, sur 51m de haut, l’emblématique colonne de Juillet, surmontée du célèbre Génie de la Liberté, inaugurée en 1840. Le monument rend hommage aux victimes de la révolution de Juillet de 1830, aussi appelée les Trois Glorieuses en référence aux trois jours pendant lesquels a duré cette insurrection parisienne qui a abouti à la Monarchie de Juillet. De quoi poser un regard différent sur ce lieu symbolique de Révolution française, et l’un des plus célèbres monuments parisiens.
À lire également : Paris abrite un lac souterrain mystérieux sous un célèbre monument … Savez-vous où il se trouve ?
Photo en Une : Éléphant de la Bastille – Wikimedia Commons ©Robert Dimov
Mélina Hoffmann