Connaissez-vous l’histoire de la plus ancienne gare de Paris qui accueille près de 100 millions de voyageurs par an ?

Comme dans un célèbre jeu de société, les gares font partie du paysage parisien. Dans une capitale où les transports en commun sont essentiels, ces gares voient passer chaque jour des millions de personnes, que ce soit pour aller au travail, à l’école ou simplement visiter les nombreux charmes de Paris. Des édifices qui, comme tout monument, ont leur histoire. On connaît la Gare de Lyon et sa célèbre tour de l’Horloge ou encore la Gare de l’Est, qui faillit être touché par un obus lancé par “la Grosse Bertha” pendant la Première Guerre mondiale. Et parmi toutes ces gares, connaît-on vraiment celle qui les précède toutes ?

Mais d’où vient le nom de cette gare emblématique ?

Le XIXe siècle est un siècle majeur dans l’histoire de l’Humanité, souvent reconnu comme celui des grandes révolutions, notamment techniques et industrielles. Les différentes Expositions Universelles organisées ce siècle-là témoignent de cette volonté de moderniser nos connaissances et nos techniques de fabrication, comme le prouvent le Crystal Palace de 1851 ou, bien entendu, la Tour Eiffel en 1889. Mais le XIXe siècle a aussi débuté par une grande révolution : la naissance du chemin de fer le 21 février 1804. Une activité qui va bouleverser le monde entier, révolutionnant ainsi les modes de déplacement, mais aussi de transport. Un changement auquel Paris, pas encore la capitale modernisée que l’on connaît, n’échappe pas. Il faut attendre 1837 pour que soit inauguré le chemin de fer de Paris à Saint-Germain-en-Laye, soit la toute première ligne ferroviaire en Ile-de-France. Qui dit chemin de fer dit gare, et c’est ainsi qu’une structure en bois, appelée “embarcadère de l’ouest” voit le jour au niveau de l’actuelle place de l’Europe. D’abord reportée plus au sud par l’architecte Alfred Armand, une nouvelle gare est finalement construite de 1842 à 1853 par ce même architecte et l’ingénieur Eugène Flachat. Pour l’emplacement, on choisit la rue Saint Lazare, une grande route dont le nom fait référence au saint patron des lépreux dans la religion catholique, Lazare de Béthanie. Jadis rue Saint-Lazare, il y avait en effet une vieille léproserie, un hôpital de lépreux nommé “clos Saint-Lazare”. Ni une, ni deux, cette nouvelle gare prend le nom de la rue.

L’un des meilleurs emblèmes de la Révolution Industrielle en France

Destinée essentiellement aux voyageurs, la ligne ferroviaire de l’Embarcadère de l’Ouest fut la première à exclure les chevaux et à mettre en fonction des wagons entièrement tractés par des locomotives. Dans un premier temps, elle relia Paris au port du Pecq, avant d’être prolongée jusqu’au plateau de Saint-Germain en 1847. L’inauguration de la ligne Paris en 1837 se fit sans le roi Louis-Philippe Ier, car on craignait que le train ne le rende fou, mais en présence de la reine Marie-Amélie. En 1867, la gare Saint-Lazare est devenue la plus importante de Paris, avec vingt-cinq millions de voyageurs par an. Un succès tel qu’il lui faut recevoir des extensions. Un nouveau visage pour la gare qui sera d’ailleurs dévoilé à l’occasion de l’exposition universelle qui se tient à Paris, en présence de l’empereur Napoléon III, de l’empereur François-Joseph Ier d’Autriche et de l’empereur Alexandre II de Russie. Quant à la façade que l’on peut encore admirer aujourd’hui, elle date de 1889. Le résultat d’un important agrandissement mené depuis 1885, par l’architecte Juste Lisch à l’occasion, une fois de plus, de l’exposition universelle. De vastes travaux qui ont donné à la gare Saint-Lazare sa physionomie actuelle. Pour l’occasion, le peintre Claude Monet réalisa une douzaine de tableaux reflétant à merveille cette ambiance si particulière, notamment grâce à son architecture en verre et en métal, parfait emblème de la société industrielle alors en plein essor.

Un monument historique qui est aujourd’hui bien plus qu’une gare

Parmi les plus belles pièces de cette gare historique, la passerelle dite “de l’impératrice Eugénie”, véritable bijou architectural. Celle-ci permettait autrefois à la clientèle des trains-paquebots vers l’Amérique de passer directement de l’ancien hôtel Terminus, devenu depuis le somptueux Hilton Paris Opéra, à la gare. L’histoire raconte même que certains voyageurs y transitaient parfois en pyjama. Fermée de nombreuses années, elle fut restaurée en 2013 et accueille désormais le restaurant Dalloyau, maison gastronomique française depuis 1682. Situé dans l’ancienne salle des pas-perdus, le centre commercial est baigné de lumière grâce aux somptueuses verrières, idéal pour arpenter les 80 boutiques et restaurants qui s’y trouvent. Aujourd’hui, la gare Saint-Lazare, classée au titre des monuments historiques depuis 1984, qui a longtemps conservé son titre de première gare de Paris par sa fréquentation avant d’être détrônée par la gare du Nord, dispose de 27 voies à quai et est en correspondance avec plusieurs lignes de transport urbain, qu’il s’agisse du métro, du bus et du RER. Un piano est également présent pour que les voyageurs puissent l’utiliser à tout moment, comme pour replonger le temps de quelques notes en plein XIXe siècle…

Gare Saint-Lazare
13 rue d’Amsterdam
75008 Paris

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Image à la une : Gare Saint-Lazare © Adobe Stock