Eiffel, six lettres qui suffisent à évoquer à la plupart des gens dans le monde entier l’un des monuments les plus connus au monde. Symbole de Paris et de la France, la tour Eiffel trône fièrement sur le Champ-de-Mars depuis l’Exposition Universelle de 1889 et sa longue histoire, de monument temporaire à terrain de tous les exploits en passant par son rôle décisif pendant la Première Guerre mondiale, n’en est que plus marquante. Derrière ce monument qui accueille près de 7 millions de visiteurs par an se cache l’accomplissement d’un homme : Gustave Eiffel. Considéré comme l’un des grands génies français, l’ingénieur né à Dijon a marqué de son empreinte le XIXe et le début du XXe siècle… et pas seulement pour cette mythique tour de fer de plus de 300m. À l’approche du centenaire de sa disparition (le 27 décembre), retour sur ces autres monuments qui ont pu compter sur l’expertise Eiffel.
La passerelle suspendue du Parc des Buttes-Chaumont
Le Viaduc de Garabit, la Statue de la Liberté à New York ou l’Observatoire de Nice, nombreux sont les projets à travers la France et le monde sur lesquels Gustave Eiffel apporta son expertise. Mais d’autres traces de son œuvre subsistent encore aujourd’hui dans la capitale. On commence ce tour de Paris sur les pas de l’ingénieur avec un poumon vert très apprécié des Parisiens et des touristes : le parc des Buttes-Chaumont. Imaginé dans le cadre des travaux parisiens décidés par l’empereur Napoléon III sous le Second Empire, le parc du XIXe siècle est célèbre pour son lac et le point de vue impressionnant qu’il offre sur la capitale. Mais un autre élément fait la renommée du lieu : la passerelle suspendue qui s’élève à 8 mètres au-dessus des eaux, sur une longueur de 65 mètres. Construite en 1867, elle compte parmi les œuvres de Gustave Eiffel, qui s’appuie alors sur la technique des ponts suspendus. Toutefois, ce n’est plus l’œuvre originale que l’on peut admirer et arpenter aujourd’hui. Après une fermeture en 1956, la passerelle a été totalement reconstruite en reprenant les plans d’origine.
Le Musée des Arts et Métiers
C’est après la mort d‘Eugène Viollet-le-Duc en 1879 que Gustave Eiffel est engagé à la demande d’Auguste Bartholdi pour concevoir l’ossature en fer de la Statue de la Liberté, offerte par le peuple français aux Américains, en signe d’amitié et pour le centenaire de la Déclaration d’indépendance américaine. Premier monument en “kit” de l’Histoire, la structure métallique est légère et souple et l’on y fixe 80 tonnes de plaques de cuivre formant l’enveloppe de la statue. Elle est assemblée une première fois à Paris avant d’être envoyée démontée aux Etats-Unis. Le musée des Arts et Métiers conservait une réplique de la statue désormais offerte aux Etats-Unis depuis l’été 2021, ainsi qu’un modèle au 1/16e de la statue, en bois, plâtre et fer. Pour les plus curieux, le musée accueille également un ensemble photographique et d’objets autour de la Statue de la Liberté, offerts par la veuve de Bartholdi au début du XXe siècle.
Le Paradis Latin
Étroitement lié à l’histoire de Paris et désormais classé au patrimoine historique de la capitale, le Paradis Latin fait partie de ces grands cabarets, véritables lieux de fêtes et de spectacles, incontournables de Paris. Détruit par un incendie durant la guerre franco-prussienne de 1870, le cabaret est reconstruit en 1889 par Gustave Eiffel, en même temps que sa célèbre tour. C’est parce que la France se prépare à accueillir l’Exposition universelle programmée pour 1889 que, dans les couloirs de l’Hôtel de ville, on se demande si l’on peut “donner rendez-vous au monde entier en laissant des pierres et des poutres brûlées à cinq cents mètres de Notre-Dame ?”. La réponse étant évidemment non, et l’on fait appel au désormais célèbre Gustave Eiffel. Les ruines souterraines de l’enceinte de Philippe-Auguste sont notamment utilisées pour planter les colonnes métalliques sur lesquelles repose le bâtiment. La salle historique, aux airs de cathédrale, est surplombée d’une coupole aussi élégante que majestueuse, soit le cadre parfait pour assister à des spectacles hauts en couleurs.
Le Palais Galliera
Consacré à l’art et l’histoire du vêtement et de la haute couture et aussi connu sous le nom de Musée de la mode de la ville de Paris, le Palais Galliera fait également partie des plus beaux projets de Gustave Eiffel. Le musée est situé dans l’ancien palais muséal de la duchesse de Galliera, qui fut édifié entre 1878 et 1894 par l’architecte Léon Ginain. Ce dernier imagine l’endroit en s’inspirant du palais que la duchesse possède à Gênes. Si l’enveloppe en pierre rappelle indubitablement la Renaissance italienne, l’ossature est toutefois métallique et est réalisée par la Compagnie des établissements Eiffel. Ainsi, le Palais Galliera est un parfait exemple du bâti de la fin du XIXe siècle alliant traditions architecturales et innovations techniques : sous les pierres de tailles, une structure métallique soutient l’édifice. Les rampes d’escalier, les baies vitrées et les grilles du square Brignole-Galliera sont d’ailleurs issues des mêmes ateliers que la Tour Eiffel.
Le Shack
Cela ne saute pas forcément aux yeux en déambulant dans ce majestueux restaurant-bar aux cocktails créatifs, qui est aussi espace de coworking et adresse dédiée au bien-être, mais Le Shack porte aussi la signature de Gustave Eiffel. Car avant d’être une adresse tendance dans le quartier Opéra, l’endroit accueillait les anciennes imprimeries de la maison d’édition Calmann-Levy. On doit à Eiffel la réalisation en 1872 de la structure métallique de cet édifice baigné de lumière qui a su conserver tout son charme et son authenticité. Un véritable témoignage du Paris d’antan, d’une beauté à couper le souffle grâce aux poutres métalliques d’époque, vestiges de Gustave Eiffel, et ses imposantes étagères boisées d’origine qui courent le long des murs.
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Image à la une : Tour Eiffel © Adobe Stock