Il est l’une des principales salles de spectacles de la capitale : le Casino de Paris, situé dans la rue de Clichy, accueille toute l’année des concerts, stand-ups et comédies musicales. Et cela ne date pas d’hier, puisque le lieu est ouvert depuis 1730 pour divertir les Parisiens selon les succès du moment. Mistinguett, Maurice Chevalier ou Line Renaud restent des noms indissociables de cette salle historique, qui continue de rythmer la ville.
Une salle historique
On ne s’en doute pas à première vue, mais le Casino de Paris existe en tant que salle de spectacle depuis 1730. À une époque où l’actuelle rue de Clichy n’est encore qu’une vaste plaine restée au dehors de Paris, le duc de Richelieu décide d’y faire construire une salle de spectacle. Ce courtisan du roi Louis XV est connu pour être un bon vivant menant une vie libertine. Mais en 1779, alors que le duc vieillit, la salle est rachetée par le baron d’Ogny, qui la baptise Folie-Richelieu. Celle-ci est reprise durant un temps par Fortunée Hamelin, une célèbre femme d’esprit qui y tient son salon sous le Directoire.
Puis, le lieu va connaître de nombreux chamboulements au cours du XIXe siècle. La Folie-Richelieu est transformée par le maître-artificier Ruggeri en parc d’attractions, dénommé le Tivoli. Celui-ci est finalement démoli en 1851 pour la construction de l’église de la Sainte-Trinité, qui est à son tour détruite par le baron Haussmann. Celui-ci la fait finalement reconstruire à son emplacement actuel pour fonder un lieu de loisirs le long de la rue de Clichy, avec une grande patinoire à roulettes, particulièrement en vogue à la Belle Époque.
La naissance du CasinoÂ
Heureusement, la salle de spectacle renaît en 1880, lorsque les architectes Aimé Sauffroy et Ferdinand Grémailly décident de construire le Palace-Théâtre sur une partie de la patinoire. Restauré en 1891 par Édouard Niermans, celui-ci est alors richement décoré, avec un vestibule de style rococo, composé de grandes verrières, de colonnes sculptées, de lustres et d’un ensemble de plantes exotiques. Il prend alors le nom de Casino de Paris : loin d’évoquer les clubs de jeux d’argent et de hasard, « casino » signifie alors « petite maison » en italien, et prend tout d’abord le sens de salle de spectacles.
Le lieu devient alors une adresse incontournable pour se divertir. Les Parisiens viennent voir des représentations de la toute jeune Mistinguett, peuvent profiter d’une patinoire dénommée Le Pôle Nord, ou encore participer à un bal costumé durant le Carnaval de Paris – c’est d’ailleurs l’administrateur du Casino, M. Lué, qui y lance la mode du confetti en papier. Mais une attraction inédite attire plus particulièrement l’attention du public : le théâtre-baleine, un petit musée et théâtre installé à l’intérieur d’une véritable baleine naturalisée, où les spectateurs assistent à du théâtre d’ombres, des tableaux vivants ou des spectacles de Guignol. Toutefois, un important incendie met fin à la fête durant la nuit du 25 au 26 février 1895, endommageant une partie du Casino, et causant la disparition de la fameuse baleine.
Le temps des revues
La salle est finalement rachetée en 1914 par le compositeur Raphaël Beretta pour en faire une salle de cinéma et un music-hall, qui sont alors les nouveaux lieux de divertissement recherchés par les Parisiens. Ceux-ci sont particulièrement friands des revues, ce nouveau genre théâtral associant musique, danse et burlesque, en faisant souvent une satire de l’époque contemporaine. La première revue débute ainsi en 1917, avec la vedette Gaby Deslys accompagnée par le premier orchestre de jazz en France.
Fermé durant la guerre, l’établissement rouvre avec deux célébrités : Maurice Chevalier et la fameuse Mistinguett, devenue indissociable du lieu. Mais un incendie en 1922 conduit à une nouvelle métamorphose du lieu, qui s’équipe d’une immense piscine vitrée apparaissant sur la scène. Les revues reprennent rapidement, en comptant désormais Joséphine Baker, qui y interprète son célèbre J’ai deux amours, avant de s’interrompre de nouveau sous l’Occupation.
Dès 1959, c’est au tour de la vedette Line Renaud de mener sa revue Plaisir de Paris durant quatre années, avant de se produire aux États-Unis. Zizi Jeanmaire prend le relais dès 1970 en interprétant Zizi, je t’aime avec des costumes et des décors de nombreux artistes dont Martial Raysse, Erté, Yves Saint Laurent, César. Les chansons sont quant à elles écrites par de grands noms, tels que Guy Béart, Jean Ferrat, Michel Legrand ou Serge Gainsbourg. Néanmoins, face au succès du rock’n’roll et du yéyé, les revues perdent peu à peu leur public. Une dernière représentation est alors faite en 1982, avant le Casino renouvelle sa programmation.
Du spectacle à gogo
Grâce à une importante donation de l’actrice Annie Girardot, le Casino de Paris survit et se réinvente. Celui-ci se transforme alors en salle de spectacles en tous genres : on peut assister à des concerts de jazz, de rock’n’roll et de musique classique, voir des ballets, des opéras, des comédies musicales et des one man shows.
Dès les années 1980, plusieurs têtes d’affiche s’y produisent, comme Jacques Higelin, Serge Gainsbourg, Jacques Dutronc, Alain Souchon, Sylvie Vartan, Eddy Mitchell, Michel Jonasz, Maxime Le Forestier, Muriel Robin, ou Gad Elmaleh. Un restaurant, d’abord nommé Le Perroquet, puis Mistinguett, est aussi aménagé sous la grande verrière afin de rendre hommage au Paris des Années folles.
Casino de Paris
16 rue de Clichy, 75009 Paris
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Image : Le Casino de Paris – © Adobe Stock