C’est aujourd’hui une expression tombée dans le langage courant, tellement commune qu’on ne sait aujourd’hui plus réellement son origine : d’où vient l’expression délicieusement désuète de “titi parisien” ? Quelles en sont ses principales caractéristiques ? Son phrasé mythique ? Découvrez les racines populaires et littéraires du titi parisien.
Le titi, un enfant de Paris
On esquisse les origines de la dénomination du titi parisien au XIXème siècle, et plus précisément dans les années 1830. En pleine période de Révolution industrielle, beaucoup d’enfants et adolescents sans le sou travaillent comme ouvriers dans les faubourgs de Paris. Dépenaillés, évoluant en bandes, ils se font rapidement repérer dans les rues de la capitale où ils traînent leurs guêtres de jour comme de nuit. Ils se moquent de tout, n’hésitent pas à voler, et sont adeptes de la vulgarité.
Le titi parisien s’incarne plus franchement sous les traits de Gavroche, enfant des rues plein de gouaille, malice et débrouillardise. Hugo l’appelle d’ailleurs avec tendresse “cette petite grande âme” quand celui-ci s’écroule sous les balles, durant les barricades de 1830. Le titi parisien a du phrasé, mais aussi du courage. Il risque tout, parfois au péril de sa vie.
C’est cette figure littéraire si mémorable qui va profondément contribuer à fixer l’imagerie entourant le titi parisien. En peinture, l’enfant brandissant un pistolet dans La Liberté guidant le peuple (1830) d’Eugène Delacroix est souvent cité comme la principale source d’inspiration de Victor Hugo pour son Gavroche.
Un symbole de la culture populaire
Terme d’abord argotique, puis magnifié dans la littérature d’Hugo ou d’Alexandre Dumas, avant d’entrer officiellement dans le Bescherelle de 1871, le titi parisien trace sa route dans la culture populaire française. Yves Montant y fait référence en 1951 dans son titre “Le gamin de Paris”. En 1964, Léo Ferré chante le titi parisien dans “le titi de Paris”. Ses paroles évoquent le phrasé coloré des titis :
“Titi d’Paris, jsuis d’par ici, quand j’taurai dit
Que j’suis d’Paris, t’auras compris
Dans mon hameau, la porte Maillot passe le métro
Qui parle argot aux Parigots
Dans mes faubourgs, y’a tant d’amour qu’en faire le tour
Ça prend des jours et des jours ”
Pour beaucoup de français, le titi parisien se révèle aussi à l’écran dans les films de Michel Audiard, dont les dialogues savoureux demeurent aujourd’hui cultes. Pourtant, le réalisateur et dialoguiste ne considérait pas ses personnages comme des titis parisiens ! Plus récemment, Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain (2001) de Jean-Pierre Jeunet rend hommage à l’esprit enfantin du titi. Les artistes Georges Brassens ou Renaud, avec leur écriture si inventive et leur goût de la provocation, sont souvent perçus comme des incarnations du titi parisien.
Aujourd’hui, l’expression est certes tombée en désuétude, mais elle conserve encore une riche histoire qui mérite d’être racontée aux petits parisiens d’aujourd’hui !
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Crédit photo de Une : Robert Doisneau, le bouquet de Lilas, Ménilmontant, 1956