Avec près de 1000 pharmacies au sein de ses arrondissements, la ville de Paris est sans aucun doute parée contre toute forme de maladies. Parmi tous ces établissements, la plupart ont de riches histoires à raconter. C’est le cas notamment de la pharmacie située au 115 rue Saint-Honoré. Et pour cause, il s’agit de la plus vieille pharmacie de la capitale.
Une vitrine du 18e siècle
Parmi les rues historiques de Paris, celle de Saint Honoré, dans le 1e arrondissement, est incontestablement l’une des plus anciennes. Bâtie aux alentours du 12e siècle, cette artère a la chance de se trouver dans l’un des quartiers phares de la capitale, à deux pas de la place de la Concorde et du Louvre. Avec un tel potentiel historique, rien d’étonnant donc à ce que l’on trouve des vestiges du passé parisien. Bien qu’on ne connaisse pas la date précise de sa création, la pharmacie 115 rue Saint Honoré était déjà présente en 1715. En 300 ans, l’établissement a donc vu défiler un nombre important de pharmaciens… mais pas que. Parmi les propriétaires, on retient la présence de Louis Claude Cadet de Gassicourt (1731-1789), chimiste réputé et membre de l’Académie des Sciences.
Quant aux clients, ils furent évidemment bien plus nombreux mais l’un des plus éminents fut le comte de Fersen. Issu de la noblesse suédoise, Axel de Fersen est célèbre pour avoir été l’un des favoris de Marie-Antoinette et l’un de ses plus proches correspondants. Pour s’entretenir avec la reine de France, le comte se rendait donc dans cette pharmacie pour y acheter de l’encre sympathique, aussi connue comme encre invisible. Inutile de préciser que cette relation ne manquera pas de susciter de nombreuses rumeurs et polémiques. L’histoire retiendra aussi que, dans la pharmacie, on pouvait se procurer de l’eau minérale de Passy, réputée pour ses bienfaits laxatifs…
Malgré le temps qui passe et l’arrivée de nouvelles boutiques et restaurants, la pharmacie tient bon. Elle fait partie d’un immeuble datant lui aussi du 18e siècle, voire du 17e siècle. Au premier étage, on peut d’ailleurs y lire une inscription gravée dans la pierre « Fabrique d’extraits évaporés dans la vapeur et dans le vide ». Quant à la devanture de la pharmacie, elle témoigne, elle aussi, de la portée historique du lieu. La façade faite de bois sculpté et de dorures renvoient inévitablement au siècle des Lumières. Une inscription est d’ailleurs placée à l’entrée pour rappeler l’histoire de l’établissement. La preuve qu’on peut toujours se cultiver… Même en allant à la pharmacie.
Photo : @myjolishop