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La tumultueuse histoire du Louxor, cinéma tout juste centenaire

Cinéma le Louxor
Par Lisa B

Édifice incontournable du Xème arrondissement, le cinéma Le Louxor détonne dans le paysage parisien par son décor égyptisant et son histoire pleine de rebondissements. Avec Le Grand Rex, il est le dernier cinéma survivant d’avant-guerre.  

100 ans d’histoire au cinéma Louxor

Temple en l’honneur de Cléopâtre ou de Ramsès II ? Restaurant spécialisé dans la gastronomie égyptienne ? Sa façade peut laisser quelques promeneurs perplexes. Nous ne sommes pas arrivés à Alexandrie mais au Louxor, cinéma mythique du boulevard Magenta dans le Xème arrondissement de Paris ! S’il se distingue des autres par ses façades aux mosaïques multicolores et aux motifs de scarabées ou de cobras, il s’illustre également par une histoire unique, qui prend naissance il y a tout juste 100 ans. 

Le cinéma le plus original de Paris est en effet bâti à cet endroit en 1920-1921 par l’architecte Henri Zipcy pour un certain Henri Silberberg, promoteur et premier directeur de l’établissement. À l’époque, les lieux dédiés au septième art émergent avec leurs propres codes et spécificités. Jusque là, les films étaient diffusés majoritairement dans les théâtres ou d’autres salles qui n’étaient pas prévues à cet effet. Un vent de nouveauté souffle donc sur la capitale avec l’ouverture de ce drôle d’endroit célébrant le pays des pharaons, soit le comble de l’exotisme de l’époque !

Le cinéma le Louxor en 1931 présentant le film “Monsieur le duc”. Crédit : Wikipédia Creative Commons

Dès son inauguration en octobre 1921, le cinéma Louxor est acclamé pour son cadre luxueux et confortable ainsi que pour la modernité de la salle Youssef Chahine aux 1 195 places. L’histoire de l’établissement avait bien commencé… jusqu’à la faillite et le décès de Silberberg seulement un mois plus tard. Par le jeu des achats et des reventes, le Louxor arrive aux mains de la société de gérance des Cinémas Pathé qui en fait l’acquisition. Dans les années 30, le Louxor s’adapte au cinéma parlant et commence une longue période de succès. Lieu de sortie par excellence, on y vient voir l’actualité, discuter, assister aux “attractions de l’entracte”… et accessoirement, regarder un film. 

Fin de l’âge d’or et rachat par la Ville de Paris 

Les années 50 viennent sonner le glas de cet âge d’or et dissiper la magie des premiers temps. La télévision détourne l’attention des Parisiens qui peuvent désormais regarder un programme depuis leur canapé. L’établissement est transformé pour répondre à de nouvelles exigences de sécurité et de confort entre 1954 et 1964. Pour attirer de nouveau les amateurs de cinéma, l’entrée passe de 6,30 francs à 2 francs seulement et la programmation se spécialise dans les films de guerre, de kung-fu, les westerns et les péplums.
Malgré les nombreux efforts pour maintenir le navire à flot, le nombre de visiteurs est
divisé par deux en 10 ans. Finalement, la société Pathé se sépare du Louxor dans les années 80. Destiné à une démolition certaine, habitants du quartier et personnalités du milieu de la culture se mobilisent pour la conservation de ce cinéma. En 1981, Jack Lang, ministre de la Culture, classe les façades et les toitures du cinéma aux Monuments Historiques. C’est ainsi que le Louxor fut sauvé !

La “Pharaonique” salle, refaite comme en 1921, est un chef-d’œuvre d’égyptomanie. Crédit : Anthony Rauchen/Wikipédia Creative Commons

Bien que de nombreux projets aient été envisagés, aucun n’a pu voir le jour grâce à ce classement, les transformations extérieures devenant impossibles. La société Textile Diffusion (Tati) rachète finalement l’établissement et le Louxor devient une boîte de nuit de 1986 à 1988. À l’issue de cette courte période d’activité, le cinéma tombe en décrépitude et mobilise, une nouvelle fois, les habitants. Les péripéties de l’établissement se terminent lorsque la Ville de Paris l’acquiert en juillet 2003. Après plusieurs années de travaux, le public retrouve enfin les mythiques sièges rouges du Louxor entièrement restauré en 2013. 

Et le cinéma le plus atypique de Paris n’a pas dit son dernier mot ! De nombreux films sont à retrouver chaque jour dans les trois salles de l’établissement… pour encore très longtemps, on l’espère ! 

L.B

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