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Le faux buste du musée du Louvre

Par Axelle

“Messieurs vous êtes des ânes, et je viens de le prouver !”… C’est ce que l’écrivain Roland Dorgelès assène aux gardiens du Louvre lorsqu’il réalise son canular en 1908 : faire entrer une fausse statue au musée. Un cambriolage à l’envers !

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La statue sauvée des déchets

Roland Dorgelès est un journaliste et écrivain dont l’audace n’a pas de limite. Sa passion ? L’art de la plaisanterie. Un jour, alors qu’il arrive chez son ami le sculpteur Marius de Buzon, il remarque une statue au milieu d’un tas de gravas… C’est un buste, une ébauche que l’artiste trouve ratée et dont il est sur le point de se débarrasser. Pour Roland Dorgelès c’est, au contraire, un travail si magnifique qu’il mériterait sa place au Louvre, parmi les antiquités grecques des Cyclades ! Comme très souvent dans l’esprit de l’écrivain, cette pensée se transforme vite en idée de farce.

Le seul artiste vivant au Louvre

Quelques jours plus tard, Roland Dorgelès entre au Louvre, muni de la statue abandonnée par son ami qu’il cache sous ses vêtements. Il la dépose dans une vitrine de la salle de Magnésie du Méandre avec une étiquette : “N°402, tête de divinité (entre 2700 et 2300 av. JC), fouilles de Délos (1902)”. Et c’est ainsi que le buste est exposé parmi les plus grands chefs d’œuvres, et par la même occasion que Marius de Buzon devient le seul artiste vivant à être exposé au Louvre… Une fête a même été donnée en son honneur sur les hauteurs de Montmartre !

Un acte engagé

Mais un mois plus tard, personne n’a remarqué la supercherie et la statue est encore à la même place. Roland Dorgelès décide donc de convoquer la presse et d’orchestrer un scandale en criant à la tromperie (sur l’authenticité des œuvres du musée) et au manque de sécurité : “Cette tête ici présente n’est en rien une antiquité : c’est moi-même qui l’ai posée là il a plusieurs semaines ! Aucun des incapables qui travaillent dans ce musée ô combien prestigieux n’a été capable de s’en rendre compte !”. Il souhaite ainsi dénoncer les failles de l’institution.

Le farceur de Paris

Le conservateur préfère alors étouffer l’affaire, et l’on raconte encore aujourd’hui que cette statuette est toujours au Louvre. Saurez-vous la trouver ? Quant à Roland Dorgelès, mort en 1973, il continue ses blagues dans les rues de Paris, en disposant des écriteaux “route barrée” où bon lui semble ou encore en créant de faux tableaux impressionnistes pour pointer du doigt les dérives de l’art moderne.

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