Avoir un animal de compagnie c’est bien, mais quand celui-ci est un homard vivant c’est encore mieux ! C’est du moins ce qu’a dû considérer le poète Gérard de Nerval un jour de printemps 1841…
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Un poète d’une grande sensibilité…
Au début du XIXe siècle, le romantisme littéraire et artistique marque de son empreinte la société et la culture européenne à travers notamment les œuvres de Chateaubriand, Lamartine, Musset ou encore Victor Hugo. Parmi les Hérauts de ce mouvement romantique, Gérard de Nerval est l’un des talents les plus prometteurs. Né en 1808 à Paris, Nerval se distingue dès ses 16 ans par l’écriture de recueils de poésie. Celui-ci est même repéré par Victor Hugo qui le prend sous son aile.
D’une personnalité hypersensible, Gérard de Nerval est aussi malheureusement un homme torturé, à la recherche perpétuelle d’un langage qui puisse permettre l’expression de ses souffrances. Peu à peu, le poète s’éloigne du monde des vivants et ses premiers coups de folie se manifestent à la fin des années 1830. A la suite d’une déception amoureuse avec la comédienne Jenny Colon, le poète sombre définitivement dans la déraison…
Touché par une folie dévastatrice
Un jour de printemps 1841, Gérard de Nerval est surpris en train de promener un homard, tenu en laisse, dans les très animés jardins du Palais royal. Nous pouvons imaginer l’étonnement et les sarcasmes des promeneurs à la vue de cette scène. Pour s’en expliquer, notre ami des crustacés dira :
« En quoi un homard est-il plus ridicule qu’un chien, qu’un chat, qu’une gazelle, qu’un lion ou toute autre bête dont on se fait suivre ? J’ai le goût des homards, qui sont tranquilles, sérieux, savent les secrets de la mer, n’aboient pas et n’avalent pas la monade des gens comme les chiens, si antipathiques à Goethe, lequel pourtant n’était pas fou. ».
Si cet épisode prête à l’amusement, le destin de Gerard de Nerval sera néanmoins particulièrement tragique. Malgré la parution réussie de son recueil intitulé les Filles du feu – qui lui ouvrit les portes du succès en 1854 – Nerval poursuivi sa descente dans les affres de la folie. Après une deuxième puis une troisième crise de folie, marquée notamment par une tentative d’homicide sur son ami le poète Théophile Gauthier, Nerval fut hospitalisé à l’hôpital psychiatrique de la Folie Sandrin à Montmartre.
Point d’aboutissement d’une vie de souffrance psychique, Gérard de Nerval se pendra à un lampadaire, aux environs de l’Hôtel de Ville en 1855. On peut voir aujourd’hui sa tombe au cimetière du Père Lachaise.
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