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L’histoire épique de l’obélisque, depuis Louxor jusqu’à Paris

François Dubois, Érection de l'obélisque de Louxor sur la place de la Concorde, le 25 octobre 1836 - © CC0 Paris Musées / Musée Carnavalet

Il a été l’un des acteurs principaux de la cérémonie d’ouverture des Jeux Paralympiques de Paris, et demeure son plus ancien monument. L’obélisque de la place de la Concorde provient en réalité du temple de Louxor construit sous la XIXe dynastie (XIIIe et XIIe siècles avant notre ère) en hommage au dieu du soleil Amon. Offert par le vice-président d’Égypte Méhémet Ali à la France en 1830, celui-ci a fait un long voyage avant d’être enfin érigé dans la capitale.

Pour l’amitié franco-égyptienne

Après le retrait des troupes de Bonaparte en Égypte, Méhémet Ali prend le pouvoir du pays en devenant vice-roi. Afin d’assurer une entente durable avec la France, celui-ci décide alors en 1830 d’offrir un monument égyptien au roi Charles X. Avec l’accord du baron Taylor et de Jean-François Champollion, il choisit les deux obélisques érigés devant le temple de Louxor.

Le temple de Louxor
Le temple de Louxor

L’obélisque placé à droite du temple est alors abattu pour être transporté vers la France. Il sera finalement le seul à traverser la Méditerranée : face à la difficulté de son transport, le président François Mitterrand décide au siècle suivant de laisser le deuxième obélisque devant le temple. En échange de ce cadeau, la France a également offert une horloge en cuivre qui trône aujourd’hui sur la citadelle du Caire – toutefois, ayant été endommagée durant le transport, celle-ci n’a pas fonctionné jusqu’à sa restauration… en 2021.

Un monument de la XIXe dynastie

Le monument offert par Méhémet Ali n’est pas anecdotique : il est un témoin de l’antiquité égyptienne, construit au XIIIe siècle av. J.-C. pour l’entrée du temple de Louxor célébrant Amon. Mesurant 33,37 mètres de haut et pesant 222 tonnes, cet obélisque symbolise ainsi un rayon pétrifié en hommage au dieu du soleil. Sur son sommet, on peut d’ailleurs identifier une représentation de Ramsès II agenouillé, faisant une offrande à Amon, tandis que tout le long est orné de hiéroglyphes.

L'obélisque de Louxor - © Adobe Stock
L’obélisque de Louxor – © Adobe Stock

L’ensemble du monument est constitué de syénite, une roche rose provenant des carrières de Syène, l’actuel Assouan. Celui-ci reposait à l’origine sur un socle carré décoré de seize babouins dont le sexe est visible, ce qui a particulièrement déplu au roi français lors de sa découverte à Paris. Pour ne pas choquer le public, la base a alors été retirée de l’obélisque et conservée au musée du Louvre, avant d’être exposée au musée du Louvre-Lens.

Babouins de Louxor, vers 1279 ou 1213 av. J.-C.
Babouins de Louxor, vers 1279 ou 1213 av. J.-C.

Un nouveau piédestal a alors été réalisé par Jacques Hittorff pour la place de la Concorde : celui-ci présente plusieurs événements français, comme le transport et le remontage de l’obélisque, mais aussi le patronage du projet par Louis Philippe et l’histoire franco-égyptienne depuis Napoléon Bonaparte.

Le voyage de l’obélisque

Le voyage de l’obélisque entre Louxor et Paris n’a pas été de tout repos. Malgré la révolution de 1830 en France, Méhémet Ali soutient vouloir offrir le monument au pays. C’est alors Jean-François Champollion qui choisit lequel des deux obélisques du temple partira le premier. Celui-ci indique alors avoir désigné : « le plus occidental, celui de droite en entrant dans le palais. Le pyramidion a un peu souffert, il est vrai, mais le corps entier de cet obélisque est intact, et d’une admirable conservation, tandis que l’obélisque de gauche, comme je m’en suis convaincu par des fouilles, a éprouvé une grande fracture vers la base ».

Vue de l'abattage de l'obélisque dans Campagne du Luxor (1835). Estampe, 1831, Léon de Joannis © A. Fux Musée national de la Marine
Léon de Joannis, Vue de l’abattage de l’obélisque dans Campagne du Louxor, 1835 – © A. Fux / Musée national de la Marine

Le navire, baptisé Louxor, est alors spécialement construit pour transporter le monument et pouvoir ensuite traverser sous les ponts de la Seine. Celui-ci quitte alors Toulon en avril 1831, traverse la Méditerranée, remonte le Nil et se rapproche de l’obélisque grâce au creusement d’un canal. Face à la crue du Nil, le navire est coincé à de nombreuses reprises à cause du manque d’eau, de bancs de sable ou des tempêtes d’hiver : avec beaucoup de peine, il arrive finalement à Toulon dans la nuit du 10 au 11 mai 1833, et rejoint Paris le 23 décembre. Il aura donc fallu plus de deux ans pour transporter le monument.

Un cadran solaire

L’aménagement de l’obélisque au centre de la place de la Concorde a aussi pris un certain temps. Louis-Philippe Ier a décidé de le placer à cet endroit afin de remplacer un monument en honneur au roi Louis XVI, décapité à cet endroit lors de la Révolution française, par un autre sans connotation politique. Mais là aussi, il a fallu attendre le 25 octobre 1836 pour pouvoir assister à l’élévation de l’obélisque sur la place parisienne.

Érection de l'Obélisque de Louxor,25 octobre 1836, détails, aquarelle. Cayrac, 1837
Érection de l’Obélisque de Louxor,25 octobre 1836, détails, aquarelle. Cayrac, 1837

C’est l’ingénieur Apollinaire Lebas qui s’occupe de l’ériger grâce à plusieurs machines élévatrices et des cabestans. L’obélisque, qui est désormais utilisé comme cadran solaire, n’est toutefois pas orienté comme cela était originellement prévu : la face située à l’est est finalement dirigée vers le nord. Si l’on souhaite lire l’heure solaire, il faut donc se fier par l’ombre portée du sommet du monument et aux marquages sur le sol, en prenant en compte un écart pouvant aller jusqu’à 15 minutes.


par Paris ZigZag & l’EXPRESS. Présentation d’Axelle Carlier
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Image à la une : François Dubois, Érection de l’obélisque de Louxor sur la place de la Concorde, le 25 octobre 1836 – © CC0 Paris Musées / Musée Carnavalet

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