Pour celui qui traverse le pont Mirabeau, la vue du quai de Javel, bordé par les hautes tour de Beaugrenelle, donne à voir un espace particulièrement aéré, avec la tour Eiffel et la statue de la liberté en ligne de mire. Ce quai, aux fortes potentialités et en pleine restructuration, fut pourtant, pendant longtemps, un quartier industrieux de Paris, marqué successivement par des manufactures chimiques et des usines automobiles… Une origine qui contraste avec sa physionomie contemporaine !
Du hameau bucolique à l’industrie chimique
Situé en périphérie sud-ouest de la capitale, le hameau de Javel fut pendant longtemps un hameau paisible, à proximité du village de Grenelle, arrosé par la seine et bénéficiant de la relative proximité avec le centre parisien. Toutefois, c’est sur cet espace, très peu peuplé, et sous l’effet d’une extension urbaine, que le Comte d’Artois (frère de Louis XVI et futur Charles X) décida d’y installer, en 1777, une manufacture spécialisée dans la fabrication des acides et des sels minéraux. Se déversa dans la Seine, à partir de cette date, des produits chimiques, notamment du plomb et du sodium. C’est d’ailleurs au sein de cette manufacture que fut découvert pour la première fois l’eau de javel… La qualité de l’eau de la Seine en prit un vilain coup…
Intégré à Paris, en 1860, le quai de Javel vit l’installation d’un port de marchandise : les premiers quais de Javel étaient nés. Du fait de sa position stratégique pour le commerce, l’usine automobile, Citroën, s’établit sur les quais, à partir de 1915. Le quai fut alors rythmé par le quotidien laborieux et sans charme de l’usine, ce qui eut pour conséquence une faible urbanisation du quartier, si ce n’est dans ses quartiers sud et de l’autre côté, vers la porte de Saint-Cloud, où s’installèrent une population composée d’ouvriers de l’usine Citroën.
A la fermeture de l’usine en 1974, le quartier tomba dans un relatif oubli, jusqu’à ce que d’ambitieux projets d’urbanisme et de réaménagement viennent donner un éclat inédit au quartier. Emblématiques de ces projets d’un genre nouveau, de hautes tours, sur le modèle des gratte-ciel new yorkais furent construites, à partir des années 70. A vocation principalement résidentielle, l’arrivée de ces tours bouleversèrent la sociologie du quartier.
Depuis le Pont Mirabeau, un horizon dessiné par les gratte-ciel et la réplique de la statue de la liberté, installée au bout de l’île aux cygnes, donnerait presque l’illusion au promeneur de se trouver en face de Liberty Island !
Infos pratiques :
Métro : Mirabeau, Javel (ligne 10)
RER : Javel (ligne C)
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Crédit photo de une : Flickr @jeremy marchal