Avocat de formation, Louis Lépine devient préfet de police de la Ville de Paris à partir de 1893. Il est à l’origine de la brigade criminelle, la « BC » mais aussi du concours Lépine d’inventions et du musée de la préfecture de police du 5e arrondissement. Portrait de cet homme innovant et original.
« Le préfet de la rue »
Né à Lyon en 1846, Louis Lépine entame des études de droit dans le Quartier latin. Il s’engage immédiatement dans la guerre franco-allemande de 1870 au terme de laquelle il reçoit la médaille militaire. Avocat, sous-préfet puis préfet notamment de la Loire et de la Seine-et-Oise, il débarque dans le paysage administratif et policier français dans un contexte tumultueux : la France se déchire autour de l’Affaire Dreyfus et la IIIe République, fraîchement mise en place, fait face à une police héritée du  Second Empire plus du tout adaptée aux besoins sociétaux. La société est fragilisée par les ligues nationalistes et anarchistes et l’urgence est avant tout de rassurer la population.
De nombreux événements tragiques surgissent dans ce contexte ; en 1892, une bombe explose dans le commissariat de la rue des Bons Enfants. Un peu plus tard, Ravachol commet deux attentats terroristes, rue de Clichy et boulevard Saint Germain. La France a besoin d’une nouvelle police qui rétablisse le lien rompu avec les citoyens. Au lendemain des émeutes du Quartier latin de juillet 1893 qui voient s’affronter violemment la police parisienne et les étudiants, Louis Lépine est nommé préfet de police de la capitale.
Visionnaire, il compte rétablir l’ordre et commence par équiper les gardiens de la paix d’un bâton blanc et d’un sifflet à roulette. Afin de rapprocher la police de la population, il lance deux nouvelles brigades : une fluviale et une cycliste à partir de 1901. Surnommée les « Hirondelles » en référence à la marque de vélo utilisée, la brigade patrouille la nuit dans les rues sombres de Paris. C’est également à Louis Lépine que l’on doit la réorganisation de la circulation. La mise en place des passages piétons, les sens uniques et giratoires… Mais aussi les « agents Berlitz » chargés de renseigner les touristes dans leur propre langue.
Fustigé dans les journaux, notamment en raison d’une insécurité croissante provoquée par les bandes criminelles parisiennes à l’instar des Apaches, il crée en 1912 la « Brigade du Chef » qui deviendra progressivement la « Crim’ », la Brigade criminelle, dont la devise « qui s’y frotte s’y pique » est symbolisée par le chardon brodé sur leur insigne. Le nouveau préfet a suivi également la naissance de la police scientifique en promouvant le rayonnage des pièces à conviction et les photos de face et de profil des criminels.
« Le préfet inventif »
Au-delà de ces inventions au sein de la police pour tenter de rassurer et d’encadrer les citoyens, Louis Lépine crée le fameux concours « Lépine », d’abord connu sous le nom d’ « exposition de jouets et articles de Paris ». Ce concours-exposition a pour objectif d’aider le secteur des petits fabricants parisiens de jouets qui peinent à lutter seuls contre la concurrence étrangère. C’est ce concours qui sera à l’origine de l’entreprise Moulinex après la démonstration du moulin à légumes en 1931, ou encore du stylo à bille et du fer à repasser ! Lors de la première édition en 1901, plus de 700 inventions sont enregistrées et présentées devant le tribunal de commerce de Paris.
Notons aussi que Louis Lépine est le fondateur du musée de la préfecture de police dans le 5e arrondissement, qui s’attache à faire connaître au grand public l’histoire de la police du 17e siècle à nos jours. Mort en 1933 à Paris et enterré dans le même cimetière versaillais qu’un célèbre tueur en série, Henri Désiré Landru qui sévissait durant son mandat de préfet, Louis Lépine est le personnage principal de la série « Paris Police 1900 ». On y suit les innovations et les progrès multiples de la société de la Belle Époque.
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