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Savez-vous ce qui a donné naissance au 1er marché de l’art et antiquité au monde près de Paris en 1885 ?

Puces de Saint-Ouen © SIPA

En plus d’être une activité professionnelle, la décoration d’intérieur fait partie de ces petits plaisirs que l’on peut s’accorder de temps en temps. Lorsque l’envie nous prend de redécorer une chambre ou réaménager un salon, on se prend très vite au jeu d’imaginer quels objets iront là ou là. Fort heureusement, il existe aujourd’hui de grands magasins spécialisés dans la décoration et l’aménagement intérieur, où l’on peut normalement trouver son bonheur. Mais que faut-il faire lorsque l’on cherche quelque chose de bien précis ? Où faut-il aller pour trouver des meubles ou des miroirs anciens ? La réponse se trouve… aux portes de Paris !

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Une activité prolifique née aux portes de Paris il y a près de 140 ans

Il faut en effet se rendre au nord de la capitale et traverser le périphérique parisien pour découvrir un endroit incroyable où les objets de collection se comptent par milliers : les Puces de Saint-Ouen. Quartier mais aussi ensemble de marchés, cet endroit s’étend tout de même sur 7 hectares. Bien qu’elles proposent principalement des articles d’antiquité, les Puces de Saint-Ouen sont aussi l’occasion de dénicher quelques merveilles comme des vêtements et des articles de vide-grenier. Un lieu à l’atmosphère unique dont les débuts remontent officiellement à 1885. Toutefois, le marché existait déjà dans les années 1870, lorsque les chiffonniers, chassés hors de Paris, bâtissent les premiers villages de marchands à Saint-Ouen. On les surnomme les “crocheteurs”, “chiftires”, “biffins” ou encore “pêcheurs de lune”, puisqu’ils parcouraient la ville la nuit à la recherche de vieux objets jetés aux ordures qu’ils revendaient par la suite sur les marchés. Mais en 1885 est promulgué l’arrêté du préfet Eugène Poubelle interdisant le dépôt d’ordures aux portes des immeubles de Paris. Les chiffonniers s’installent alors dans la plaine des Malassis, un terrain contigu aux fortifications de Paris. Un droit de stationnement est désormais requis auprès des Puciers par la ville de Saint-Ouen afin de pouvoir exercer leur activité. Issus des biffins et des fripiers, certains deviendront brocanteurs ou d’autres antiquaires.

L’essor du marché aux puces au début du XXe siècle © P. Sudan
L’essor du marché aux puces au début du XXe siècle © P. Sudan

Quand les bistrots et la musique font vivre le quartier

Mises en lumières grâce à plusieurs reportages entre 1905 et 1914, les Puces attirent très vite de plus en plus de parisiens, qui s’y rendent le dimanche, conformément à la tradition de la promenade hors-les-murs. De plus, la zone est désormais plus facilement accessible grâce à l’arrivée du métropolitain. Le quartier connaît un essor considérable après la Première Guerre mondiale, lorsque des hommes d’affaires achètent des terrains, autour de la rue des Rosiers. Ils y aménagent des rues et font venir eau et électricité dans des stands qu’ils louent très chers. Les quatre premiers marchés sont ainsi créés entre 1920 et 1938 : Vernaison, Malik, Biron et Jules Vallès. Le quartier devient alors “tendance” et des établissements comme les cafés, bistrots et restaurants poussent comme des champignons, contribuant ainsi à attirer toujours plus de monde, notamment la classe ouvrière. Un quartier dynamique qui attire très vite une autre communauté, les “gens du voyage” séjournent aussi sur la zone avec leurs roulottes et animent le quartier par leur musique. Saint-Ouen devient alors le temple du “Jazz-Manouche”, dont le plus fidèle ambassadeur sera Django Reinhardt, qui joue dans la zone mais également dans de nombreuses guinguettes des environs jusqu’à Montmartre. Accueillant toujours plus de marchés dans la seconde moitié du XXe siècle, le marché aux Puces, ou Puces de Clignancourt, devient également une destination touristique à ne pas louper lors d’un séjour à Paris.

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Un monde étonnant qui ne cesse d’attirer les curieux

Mais au fait, d’où vient ce nom de “Puces” ? La légende veut qu’un chineur inconnu s’écria un jour, alors qu’il contemplait  les étalages de ferrailles et de vieux haillons du haut des fortifs, “Ma parole, c’est le marché aux puces”. Une expression signifiant que la marchandise vendue ici était pour le moins douteuse, et que ces vieux vêtements revendus par les chiffonniers étaient probablement vendus “puces comprises”. Mais la popularité de ce nom vient surtout des marchands de cartes postales, qui vendent des souvenirs avec le nom de “marché aux Puces” inscrit en légende. Aujourd’hui, les Puces sont tout simplement la plus grande concentration de marchands d’Art au Monde, avec pas moins de 1100 antiquaires, brocanteurs et galeries d’art. Une concentration fabuleuse qui vaut au quartier son surnom de “Grenier du Monde”. Surtout, il s’agit de l’un des lieux touristiques majeurs de France : avec plus de 5 millions de visiteurs par an, et une fréquentation culminant à 150 000 personnes certains week-end, il s’agit de la quatrième ou cinquième destination touristique Française, après les cadors que sont Disneyland, Notre-Dame de Paris, le Louvre ou la Tour Eiffel. Avant tout, les Puces de Saint-Ouen demeurent une formidable capsule temporelle, où sont préservées des savoirs-faires et des métiers d’antan comme ébénistes, bronziers, marbriers, verriers, restaurateurs de céramique ou restaurateurs de tableaux. Un lieu important de l’histoire de Paris qui, de tous temps, inspira également de grands noms tels qu’André Breton, Jacques Prévert, Raymond Queneau, Robert Doisneau, Pablo Picasso ou encore, Woody Allen.

Une véritable chasse au trésor pour dénicher les plus belles merveilles © OTI Plaine Commune Grand Paris/Stéphanie Fontenoy
Une véritable chasse au trésor pour dénicher les plus belles merveilles © OTI Plaine Commune Grand Paris/Stéphanie Fontenoy

 

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Image à la une : Puces de Saint-Ouen © SIPA

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