Installé au cÅ“ur de la capitale depuis le début du XVIIe siècle, l’hôpital Saint-Louis est désormais l’un des plus réputés de France. Pourtant, il n’a longtemps été qu’une dépendance de l’Hôtel-Dieu, seule “maison de santé” de Paris pendant près de dix siècles. On vous raconte les premiers pas de ce bel hôpital dont une grande partie est classées ou inscrites aux monuments historiques.
Les “empestés”, aux origines de l’hôpital Saint-Louis
C’est en 1606 que l’idée de construire un hospice est introduite par les médecins et administrateurs de l’Hôtel-Dieu. Quelques années plus tôt, le retour de la peste avait été à l’origine de presque 68 000 décès à Paris. Le roi Henri IV prenait alors conscience qu’il ne pouvait, dans un contexte d’épidémies répétitives, s’occuper de tous les malades et endiguer la propagation de la “peste” (à l’époque, toute maladie épidémique était considérée comme telle) dans un seul hôpital situé au beau milieu des habitations.
Comment gérer, isoler et traiter ces malades – les “empestés” comme on les appelle alors – qui sont bien souvent extrêmement contagieux ? En créant un lieu spécialement dédié à les accueillir, en dehors de la ville, mais suffisamment proche pour que les médecins puissent y accéder facilement. C’est ainsi qu’une vaste “maison de santé” est construite entre la porte du Temple et les hauteurs de Belleville. Le lieu est nommé en l’honneur du roi Louis IX, lui-même mort d’une maladie épidémique à Tunis en 1270.
Une immense forteresse aux portes de Paris
L’établissement, dédié à n’être ouvert que pendant les périodes de grande épidémie, est façonné à l’image d’une grande forteresse, pourvu d’une enceinte de protection et d’une vaste place centrale de forme carré. Le grand bâtiment destiné à accueillir les malades est construit autour de cette place : les quatre côtés mesurent chacun 120 mètres de long et possèdent une seule salle par étage d’une longueur impressionnante de 118 mètres. Le personnel et les gardes sont logés dans quatre bâtisses en équerre séparées des autres bâtiments par un chemin de ronde. Le tout est protégé par une double muraille qui permet de préserver les habitants et les champs alentours.
En 1773, l’incendie de l’Hôtel-Dieu conduit à l’ouverture permanente de Saint-Louis, mais ce n’est qu’en 1801 qu’il obtiendra son indépendance et deviendra un établissement à part entière, doté de ses propres médecins et de son propre personnel. Dès lors, l’hôpital prendra réellement son essor en se modernisant et se diversifiant, tout en conservant de manière assez incroyable son architecture initiale. En effet, jusqu’à la création du nouvel hôpital dans les années 1980, l’ensemble de bâtiments n’avait connu aucune modification majeure. Quatre siècles plus tard, nous pouvons donc toujours découvrir les bâtiments (presque) tels qu’ils existaient sous Henri IV.
Bon à savoir :
– L’avenue Claude Vellefaux, où se trouve l’entrée principale de l’hôpital Saint-Louis, porte le nom de l’architecte présumé de l’hôpital initial.
– En 1948, l’hôpital comptait plus de 1 500 lits. Modernisation et évolution des offres de prise en charge hospitalière obligent, le nouvel hôpital n’en compte aujourd’hui plus que 600.
– L’hôpital Saint-Louis abrite une chapelle, qui n’était à l’origine pas destinée aux malades ou à leurs familles, mais aux habitants voisins et aux personnel de la “maison de santé”. L’hôpital abrite également un étonnant musée des moulages, consacré notamment aux maladies de la peau et à la syphilis.
Informations pratiques :
Hôpital Saint-Louis – 1 avenue Claude Vellefaux, 75010
Métro : Goncourt (ligne 11), Belleville (lignes 2 et 11)
Cyrielle Didier