Saviez-vous qu’une querelle entre voisins a donné naissance à la plus petite maison de Paris ?

Plus petite maison de Paris © Paris Zigzag

Par Alexandre M

Depuis les grands travaux du XIXe siècle pour moderniser Paris, on associe souvent Paris à ses fameux immeubles haussmanniens. Reconnaissable au loin, ce style est encore aujourd’hui très présent dans la capitale. Mais l’avantage dans une ville aussi grande que Paris, c’est qu’il y a des constructions de tous les styles, pour tous les goûts, sans oublier d’autres édifices plus étonnants. Si certains nous renvoient au passé moyenâgeux de la capitale, d’autres mettent en avant des ambiances plus colorées comme l’Art Nouveau. Et puis il y a ces bâtiments qui ont tenté de se fondre dans le décor général, mais que l’on ne peut s’empêcher de remarquer et de scruter…

Des dimensions à faire frémir les locataires…

Si la curiosité et les monuments insolites sont votre passion, rendez-vous pour cela dans le 10ème arrondissement. C’est dans la rue du Château-d’Eau, au numéro 36 plus précisément, que se trouve une demeure insolite et historique : la plus petite maison de Paris. Coincée entre deux immeubles, les dimensions de cette habitation ont de quoi donner le tournis aux amoureux des grands espaces : un peu moins d’un mètre cinquante de large sur cinq mètres de haut et trois mètres de profondeur. Et oui, malgré ces chiffres minimes, il s’agit bien d’une habitation indépendante qui possède son propre numéro. Au rez-de-chaussée, on trouve aujourd’hui un magasin de prêt-à-porter, après que plusieurs commerces s’y soient établis, dont un cordonnier pendant toute la seconde moitié du XIXe siècle. L’espace commercial surmonté d’un étage, une pièce de même volume, dont la modeste fenêtre ouvre sur la rue. Aujourd’hui inhabitée en raison de son extrême exiguïté, cette chambrette est accessible par les appartements situés au 41 rue du Château-d’Eau. Coïncidence ou non, à près d’un kilomètre de là, se trouve également la plus petite rue de Paris : la rue des Degrés.

La solution trouvée pour régler un différend

Si l’on ne peut qu’être amusés devant un édifice qui diffère grandement de ceux autour de lui, une question vient tout de suite à l’esprit : comment une telle construction a-t-elle pu voir le jour ? Si sa fondation remonte au début du XIXe siècle, la plus petite maison de Paris serait en fait le résultat d’une querelle de succession autour d’une vaste parcelle située entre la rue du Château-d’Eau et la rue du Faubourg Saint-Martin. Il existait avant sa construction un passage qui menait jusqu’à la rue du Faubourg Saint-Martin. Un étroit passage percé à travers le bâtiment et reliant les deux voies qui devient très vite source de tensions. Les descendants du propriétaire ne parviennent pas à s’entendre sur la répartition et la gestion des biens, et la discorde est telle qu’une solution radicale est trouvée pour régler l’histoire : le passage sera colmaté par une construction élevée entre les deux murs mitoyens des immeubles donnant sur l’actuelle rue du Château-d’Eau. La maison de poche est édifiée, suffisamment grande pour combler l’entrée de cet objet de dissension mais de dimension modeste afin de limiter le budget. À l’étage unique, la petite pièce existante sert d’annexe à l’appartement contigu du 41 rue du Château-d’Eau et, bien qu’inhabitable, aurait toutefois servi comme chambre de bébé, comme le suggère un article paru le 6 janvier 1897 dans Le Gaulois.