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Le jour où... un "clan des révoltés" a lancé la première exposition impressionniste de l'Histoire en 1874 !

© Claude Monet, Impression, soleil levant (1872)
Par Julien Mazzerbo

Au printemps 1874 se tient la première exposition d’envergure pour les peintres impressionnistes : retour sur ce moment marquant de l’histoire de la peinture avant la rétrospective du musée d’Orsay, “1874. Inventer l’impressionnisme”, prévue fin mars 2024.

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Un collectif atypique

“Ce qu’ils semblent rechercher avant tout, c’est l’impression” : le 15 avril 1874, une exposition peu conventionnelle débute au 35 boulevard des Capucines dans le neuvième arrondissement de Paris. Elle est organisée par un groupe de peintres contemporains qui souhaite exposer librement sans devoir rendre de compte à la Ville de Paris : c’est la société anonyme coopérative des artistes, peintres, sculpteurs et graveurs. Cela ne vous dit rien ? Elle abrite des artistes comme Monet, Renoir, Degas, Morisot, Pissarro, Sisley ou encore Cézanne… Vous voyez mieux, maintenant ? Ce sont les figures de proue de l’impressionnisme ! Au printemps 1874, aucun peintre n’appartient à un tel courant : la volonté de ce “clan des révoltés” est plutôt de s’éloigner des sentiers académiques et imagine pour ce faire une exposition composée d’une trentaine d’artistes, certains plus connus que d’autres. Pas moins de 165 toiles sont proposées dans l’atelier du photographe Félix Tournachon dit Nadar, pour la modique somme de 2000 anciens francs ! (soit environ 9000 €, selon le convertisseur franc-euro de l’Insee).

© Claude Monet, Les Coquelicots (1873)
© Claude Monet, Les Coquelicots (1873)
© Edgard Degas, Classe de danse (1870)
© Edgard Degas, Classe de danse (1870)

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Mauvaise presse et réception

Cette “exposition particulière” répartie sur sept ou huit salles dans un bâtiment de deux étages, faite de “murs tendus de laine-brun rouge” est le meilleur moyen trouvé par les futurs impressionnistes pour promouvoir leur art. Les œuvres sont accrochées par Renoir en personne et disséminées aléatoirement dans l’exposition selon leurs dimensions : pas moins de neuf tableaux de Monet sont exhibés, entre autres. Mais c’est sans compter l’arrivée impromptue d’un critique du journal Le Charivari, Louis Le Roy, qui étrille le collectif : dès lors les artistes ont mauvaise presse, cela va sans dire. Dans son article, l’implacable journaliste se réfère au célèbre Impression, soleil levant (1872) de Monet pour ironiser sur cet art jugé grotesque et “impressionniste” . “L’indépendance d’esprit et la liberté de l’esthétique” soulevées par Théodore Duret en 1919 émeuvent peu le public lors de l’exposition : de nombreux visiteurs sont d’ailleurs scandalisés par Une moderne Olympia de Cézanne (1873-1874).

© Paul Cézanne, Une moderne Olympia (1873-1874)
© Paul Cézanne, Une moderne Olympia (1873-1874)

De la dissolution au renouveau médiatique

A l’issue de l’exposition, les dépenses s’amoncellent : 938 anciens francs de frais d’éclairage, 3341 anciens francs de frais de tapisserie… Les maigres recettes obtenues par la vente du catalogue imprimé de l’exposition et des affiches de promotion ne permettent pas de combler les fonds de la société qui est contrainte à la liquidation, grandement déficitaire. Malgré ça, l’expression sarcastique du journaliste Louis Le Roy perdure dans le temps et finit par être adoptée par le mouvement impressionniste qui se retrouve quelques années plus tard au sommet de sa gloire.

© Berthe Morisot, Vue du petit port de Lorient (1869)
© Berthe Morisot, Vue du petit port de Lorient (1869)

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Image à la une : © Claude Monet, Impression, soleil levant (1872)

Sources : Europe 1, herodote.net, ministère de la Culture, musée d’Orsay

Julien Mazzerbo

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