Paris est une métropole appréciée pour sa culture, ses commerces et ses lieux de vie à n’en plus finir. Mais cela n’a pas toujours été le cas : même les villes les plus animées ont connu des premières fois ! Premier pont, première gare ou premier music-hall, voici un petit tour des différentes apparitions qui ont bouleversé durablement la capitale.
Première horloge publique
Vous l’avez peut-être déjà remarqué, tant son cadran est rayonnant. Construite en 1371, cette horloge commandée par le roi Charles V à Henri de Vic est la première horloge publique installée dans la capitale. Installée sur la tour nord-est de la Conciergerie, sur l’île de la Cité, elle est constituée d’un immense cadran doré avec deux figures allégoriques : à gauche est représentée la loi, tandis que la justice apparait à droite. On peut également y lire les initiales H pour Henri III et C pour Catherine de Médicis, et H et M pour Henri IV et Marguerite de Valois. Et cela fait maintenant plus de 650 ans qu’elle donne l’heure aux Parisiens !
Premier pont
Son nom est particulièrement trompeur, puisque le Pont-Neuf est en réalité le plus ancien pont de la capitale. Construit à la fin du XVIe siècle, il fut l’un des premiers à être édifié avec de la pierre et dépourvu d’habitations. C’est aussi sur ce pont qu’est installée la première machine élévatrice d’eau de Paris, la pompe de la Samaritaine, qui abreuvait le Louvre et ses jardins. Une innovation importante pour l’époque, qui a laissé son nom au célèbre magasin de la Rive droite. Le Pont-Neuf était également constitué d’alcôves, à l’intérieur desquelles se sont installés les touts premiers bouquinistes, avant qu’un décret leur interdise de vendre leurs livres au milieu du XVIIe siècle.
Premier trottoir
Nous ne quittons toujours pas le Pont-Neuf puisque c’est justement sur ses pierres qu’a été construit le premier trottoir de Paris ! C’est au début du XVIIe siècle que celui-ci a été aménagé de longs passages pavés permettant de le traverser sans être éclaboussé par la circulation maritime. De plus, l’aménagement du sol permet d’éviter l’accumulation de la saleté et les nombreuses traces laissées par les roues des calèches dans la terre. Finalement, rien d’étonnant à ce que ce pont soit dit « neuf » étant donné ses nombreuses modernités ! Il faudra tout de même attendre cent ans de plus pour voir apparaître un deuxième trottoir dans la capitale, cette fois-ci dans la rue de l’Odéon.
Premier chocolat chaud
Difficile à croire, mais avant 1615, les Français ne connaissaient pas le chocolat. En effet, c’est lors du mariage d’Anne d’Autriche avec Louis XIII que le cacao fait son apparition dans l’hexagone. Mais il s’agissait encore d’un aliment de luxe, réservé à la cour de Versailles. Il sortira du château à partir de 1659, lorsque le roi Louis XIV a donné son accord à David Chaillou de fabriquer et de vendre ce mets si rare. Le chocolatier du Roi a ainsi ouvert la première boutique dans la rue de l’Arbre-Sec, près du Louvre, où les Parisiens ont pu découvrir le chocolat chaud.
Première gare
C’est avec la gare Saint-Lazare que les chemins de fer apparaissent à Paris. Nommée à l’origine « gare de l’Ouest », celle-ci est construite en 1837 devant la place de l’Europe pour relier Paris à Saint-Germain-en-Laye. Puis, entre 1842 et 1853, l’édifice est réaménagé vers le sud, rue Saint-Lazare, selon les plans de l’architecte Alfred Armand et de l’ingénieur Eugène Flachat. Mais la façade ne fera pas long feu puisqu’elle sera entièrement démolie en préparation de l’Exposition universelle de 1889 : c’est à l’architecte Juste Lisch que ce chantier est confié. Inscrite aux monuments historiques depuis 1984, elle est également remarquée pour son parvis orné de deux étranges sculptures d’Arman rendant hommage aux voyageurs.
Premier grand magasin
Vous connaissez la Samaritaine ou les Galeries Lafayette, mais c’est du côté de la Rive gauche qu’est né le premier grand magasin parisien ! L’histoire commence en 1838, lorsque les frères Paul et Justin Videau ont décidé d’ouvrir leur mercerie à l’angle de la rue de Sèvres et de la rue du Bac. Celle-ci regroupait plusieurs comptoirs où l’on trouvait des tissus, des parapluies, de la literie ou des accessoires de couture. Mais en 1852, alors que les deux hommes s’associent à Aristide et Marguerite Boucicaut, le magasin prend de l’ampleur et établit différentes stratégies commerciales, comme les prix fixes indiqués sur une étiquette, le remboursement d’un produit non satisfaisant, ou l’organisation de soldes annuelles. Face au succès, le couple Boucicaut prend seul les rênes de l’établissement, qui devient rapidement une adresse incontournable de Paris, caractéristique d’une société de consommation en train de se faire.
Premier music-hall
S’ils sont désormais peu fréquentés, les music-halls étaient particulièrement populaires au cours du XIXe siècle. Et la toute première adresse parisienne est aujourd’hui une véritable institution qui garde ses portes ouvertes ! Il s’agit du théâtre des Folies Bergères, une salle de spectacle aux splendides décors qui a été inaugurée le 2 mai 1869. Parmi ses têtes d’affiche, on compte Mistinguett, Maurice Chevalier, Joséphine Baker ou encore Charlie Chaplin ! Si cette scène n’est plus aussi fréquentée, elle garde tout de même une architecture Art déco qui témoigne de la splendeur des Années folles. Bien qu’une première façade est construite en 1872 avec des chapiteaux sculptés, des verrières et des colonnes, c’est une quarantaine d’années plus tard qu’elle est remplacée par le relief qu’on lui connaît, celui du sculpteur Pico.
Premier striptease
Emblématique de la société du divertissement qui émerge au XIXe siècle, la capitale accueille le premier striptease français en 1894. C’est le 3 mars que l’artiste lyrique Blanche Cavelli se déshabille sur scène lors d’une pantomime jouée au Concert Lisbonne, l’actuel Divan du Monde. Dans cette pièce nommée Le coucher d’Yvette, elle joue une jeune mariée qui retire entièrement ses habits avant de se coucher, le tout sur une musique langoureuse. Mais bien sûr, pour que cette scène ne soit pas censurée, Cavelli devait porter un collant de couleur chair des pieds jusqu’au cou. L’illusion laissait tout de même croire qu’elle révélait sa peau nue, ce qui a provoqué de nombreux scandales et l’a fait passer à la postérité.
Premier feu rouge
Saviez-vous que le tout premier feu rouge français a été créé au croisement des boulevards Saint-Denis et Sébastopol à Paris ? Apparu en 1923, le feu rouge n’est toutefois pas composé des trois couleurs actuelles, mais se contente que d’une seule : le rouge, comme son nom l’indique. À l’époque, une petite sonnerie alerte également l’automobiliste lorsqu’il faut s’arrêter. C’est finalement en 1933 que celle-ci disparaîtra pour laisser place aux feux vert et orange que nous connaissons.
Premier gratte-ciel
Le tout premier gratte-ciel de logements parisien se trouve dans le 13e arrondissement, au 33 rue Croulebarde. C’est à cette adresse que les habitants stupéfaits ont vu s’ériger entre 1958 et 1960 un immeuble de 67 mètres de haut, comptant 23 étages. Surnommée la « tour Albert » en référence à son architecte Édouard Albert, elle est structurée d’un ensemble de tubes métalliques remplis de béton, et ne repose sur aucun mur porteur. Autre modernité : ses pièces sont chauffées par le sol et ses ascenseurs montent à une vive allure.
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