Vous passez tous les jours devant des centaines d’immeubles dits « Haussmanniens », mais ces derniers font tellement partie de notre paysage que vous ne les regardez même plus… Et pourtant, leur architecture vaut bien qu’on s’y attarde un peu ! Voici quelques clés qui vous permettront de décrypter ce style si représentatif de Paris.
Les grands travaux de modernisation du milieu du XIXe siècle
D’abord, saviez-vous que c’est à Londres que l’on doit le visage du Paris d’aujourd’hui ? Lors d’un voyage outre-Manche au milieu des années 1840, l’Empereur Napoléon III observe avec jalousie la modernité de la capitale anglaise. À son retour, il décide de lancer un vaste programme de transformation de la Ville de Paris afin de rendre la ville plus moderne et aérée. Ce projet pharaonique est confié au Préfet de la Seine de l’époque, le Baron Eugène Haussmann. Percement des Grands Boulevards, création de grands parcs tels que les Buttes Chaumont ou Montsouris, égouts, transports, assainissement… Entre 1852 et 1870, la ville changera radicalement de visage… et les immeubles parisiens également !
L’homogénéité des immeubles haussmanniens
Dans l’idée d’Haussmann, les immeubles sont là pour dessiner le plan urbain qu’il a imaginé et doivent donc parfaitement s’intégrer aux axes pré-définis. Même s’il n’a jamais conçu aucun immeuble, c’est bel et bien le baron Haussmann qui a forgé (aidé par de vrais architectes et urbanistes évidemment !) les règles architecturales de ces immeubles qui ont donné à Paris ce visage très homogène. On vous explique les principaux.
Les façades, obligatoirement en pierre de taille, doivent être de même hauteur tout le long de la rue ou de l’îlot sur lesquelles elles sont construites. La hauteur de l’immeuble doit également être proportionnelle à la largeur de la rue : par exemple, pour une rue d’une largeur comprise entre 9,75 m et 20 m, la hauteur maximale de la façade est de 18 mètres. La limite de six étages est une autre caractéristique des immeubles haussmanniens.
Des balcons aux 2e et 5e étages habillent l’ensemble et sont le plus souvent « filants » (sans interruption de part et d’autre de la façade). Réservé aux plus riches, le 2e étage est l’étage noble d’un immeuble haussmannien : il offre un large balcon et permet d’éviter d’avoir trop de marches à grimper (rappelons que l’ascenseur ne date que de 1870 !). Balcon systématique, hauteur sous plafond plus importante, riches ornements au niveau de la façade : c’était clairement le plus cosy.
Si le rez-de-chaussée était fait pour accueillir des boutiques et le 1er étage pour loger leurs gérants, les 3e, 4e et 5e étages étaient réservés aux bourgeois plus modestes. Pourquoi alors avoir installé un balcon au 5e étage ? Par simple souci d’esthétisme, afin de créer une symétrie avec le balcon du 2e étage ! Enfin, le 6e et dernier étage était réservé aux domestiques, d’où le nom de « chambres de bonne ». L’étage sous les toits était compartimenté en petites chambres avec des pièces d’eau partagées sur le palier. Cet étage était accessible par un escalier de service sur lequel donnent en général les cuisines des autres appartements de l’immeuble.
Pour en savoir plus sur les immeubles haussmanniens et les grands travaux qui ont transformé Paris, suivez notre prochaine visite guidée insolite sur le Paris d’Haussmann !
À lire également : Les 17 années qui ont profondément transformé la capitale
CD
MAJ 08/23 AC